DALI ET CONFUCIUS

« L’Enfant géopolitique observant la naissance de l’homme nouveau » est une peinture de Salvador Dali de 1943. Elle symbolise la naissance future d’un monde nouveau qu’un personnage désigne sur une carte en pointant du doigt la ville de Bakou.

Je ne sais si Dali était un visionnaire, mais en tout cas il semble que nous, Français, hormis après avoir abusé du Gevrey-Chambertin, ayons perdu le don de double vue. Car nous ne réalisons pas que c’est dans cette région qui s’étend de l’Asie Mineure à l’Extrême-Orient, ainsi qu’en Afrique, qu’est en train d’émerger le monde demain.

Nous préférons nous recroqueviller sur nous-mêmes, cherchant à nous agripper à des racines imaginaires, à un passé de légende. En regardant le tableau de Dali, nous sommes comme le fou de Confucius qui préfère à la lune, regarder le doigt qui la montre.

La France préfère donc entretenir des relations détestables avec la Turquie ou l’Azerbaïdjan, critiquer le Qatar, multiplier les attitudes condescendantes à l’égard de l’Afrique et s’en faire expulser. Elle réussit même l’exploit de se fâcher en même temps avec les deux frères ennemis traditionnels que sont l’Algérie et le Maroc !

Comment à la fois condamner un envahisseur en Ukraine, et en soutenir un autre en Azerbaïdjan ? Comme espérer construire un pays moderne en discriminant une partie de son propre peuple ? Comment croire au rayonnement de la culture française en entrant en conflit avec les pays francophones.

Il est grand temps que notre pays se réveille, car pendant que nous hibernons, le monde avance, sans nous.

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