29 FÉVRIER À GAZA : LE MASSACRE IMPUNI

29 février 2024 : Plus de 112 Palestiniens sont tués à Gaza, par des soldats israéliens qui ouvrent le feu pendant une distribution d’aide alimentaire. Leur faute : s’être un peu trop approché, en se précipitant, affamés, sur les colis de nourriture, des chars israéliens.

Que viennent faire les chars israéliens à Gaza ? Combattre le Hamas, selon eux. Mais alors, pourquoi tirer sur des civils ?
C’est toute la question de la politique d’Israël à l’égard de la Palestine. Pour l’extrême-droite, in n’existe pas de Palestine arabe. C’est une terre israélienne « promise par Dieu ». Une thèse que Netanyahou a fait visiblement sienne.

Pourtant, depuis le 7 octobre 2023, l’ensemble des pays occidentaux et leurs alliés ont apporté leur soutien sans faille à la politique israélienne. Aujourd’hui, c’est sur un ton gêné que ces mêmes soutiens condamnent le massacre des civils du 29 février, dans une magnifique chorégraphie de lâchetés et d’hypocrisies.

Ils se sentent ainsi obligés d’octroyer un semblant de crédit à l’explication vaseuse d’Israël qui cherche à minimiser sa responsabilité en évoquant une « bousculade durant laquelle des dizaines d’habitants ont été tués et blessés, certains renversés par les camions d’aide ». Qu’est-ce qui fait la puissance d’Israël au point que les gouvernements et les medias occidentaux n’osent pas se risquer à le critiquer de front ? S’ils ont tous unanimement condamné « l’acte terroriste du Hamas », bien peu ont rappelé les assassinats, jamais qualifiés de « massacres terroristes » quasi quotidiens, depuis des années, de Palestiniens en Cisjordanie où le Hamas est absent. Jamais les destructions de maisons, d’écoles, d’hopitaux gazaouis, les 30 000 Palestiniens tuée par Tsahal n’ont suscité autant d’émoi que les 400 tués israéliens du 7 octobre. Le magazine Le Point, reprenant les déclarations des autorités et des élus français, s’exclame : « les terroristes du Hamas ont fait basculer Israël dans l’effroi en massacrant femmes, enfants, vieillards… 1 400 personnes ont été assassinées, 240 autres prises en otages, parce que juives.». On n’a jamais entendu les uns ni les autres dire : « les terroristes de Tsahal ont fait basculer Gaza dans l’effroi en massacrant femmes, enfants, vieillards… 30 000 personnes ont été assassinées, des milliers autres prises en otages, parce qu’arabes.»

A l’ONU, même le secrétaire général Antonio Guterres ne peut s’empêcher de reprendre les invraisemblables justifications de l’armée israélienne, et déclare mollement : « Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé. Mais que ces gens aient été tués par des tirs israéliens, qu’ils aient été écrasés par la foule, ou renversés par des camions, ce sont des actes de violence, d’une certaine manière, liés à ce conflit », appelant ensuite à une trêve des combats, mais nullement, bien entendu, à la condamnation de Netanyahou.

Macron se contente sur X, d’exprimer sa « plus ferme réprobation envers ces tirs » contre des civils  « pris pour cible par des soldats israéliens » et de demander « la vérité, la justice et le respect du droit international » à travers « une enquête internationale indépendante ». La belle affaire…

N’importe quel autre pays, qui aurait fait tirer son armée sur des civils affamés, aurait été mis au ban de la société internationale. Pas Israël, qui pourra tranquillement défiler sous son drapeau aux prochains Jeux Olympiques de Paris. Le sang n’a pas partout le même prix.

Seuls la Chine, l’Arabie Saoudite, les Emirats, le Qatar, le Koweit, la Jordanie ont dénoncé le massacre, ainsi que la Turquie qui estime que ce carnage « est la preuve qu'[Israël] vise à détruire consciemment et collectivement le peuple palestinien ».

Ainsi que le rappelle Le Monde dans son éditorial du 1er mars :« Après le broyage méthodique de l’étroite bande de terre, transformée par une armée en roue libre en champ de ruines au prix d’un terrible bilan humain, ce projet passe désormais par la destruction de la moindre forme d’administration. Il ne s’agit pas seulement de celle du Hamas. La tentative de mise à mort de l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens dont le travail est crucial à Gaza, s’inscrit dans cette perspective. »

Jusqu’à quand le gouvernement criminel de Netanyahou restera-t-il impuni, jusqu’à quand resterons-nous ses esclaves soumis ?

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