POURQUOI ISRAËL TIENT-IL TANT À ÉLIMINER LES PALESTINIENS ?

Face aux tueries insensées perpétrées à Gaza contre les Palestinien, on se perd en conjectures. Pourquoi, pourquoi ?

Netanyahou nourrit-il une haine des arabes qui l’aveugle comme elle aveugle également ses alliés ? S’agit-il d’une vengeance paroxystique en réponse à une attaque terroriste antisémite du Hamas ? S’agit-il de l’accomplissement d’une promesse divine d’un « Grand Israël », mythe construit à partir d’extraits choisis de récits bibliques présentés comme des références historiques, puis des discours nationalistes de Hans Kohn ou Heinrich Graetz ? Tous ces arguments sont destinés à amuser la galerie, à nourrir les arguments frelatés de penseurs médiatiques comme BHL, Finkelkraut, Goldnaël ou Meyer Habib, ou encore pour mobiliser les groupuscules ultra-sionistes du Betar ou de la Ligue de Défense Juive, idiots utiles à qui on a fait croire au grand dessein de la « terre promise ».

La vérité, il faut bien sûr la chercher ailleurs, là où se trouve l’argent. Ecoutons Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ».

Du gaz dans l’eau

Au large de Gaza, un gisement de gaz estimé à 30 milliards de m3 a été découvert il y a une vingtaine d’années. Ce gisement aurait dû rapporter environ 800 millions de dollars par an aux Palestiniens. Sauf qu’Israël s’est naturellement opposé à son exploitation tant que les Palestiniens risqueraient d’en être les bénéficiaires.

Puis, Tel-Aviv a proposé à l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, un accord qui prévoyait un quart de revenus aux Palestiniens et les trois-quarts pour Israël ! Arrivé au pouvoir en 2006 grâce à l’appui des Israéliens, le Hamas a tout naturellement dénoncé cet accord qu’il a qualifié de hold-up. Ce fut le début de la rupture entre le Hamas et Israël, qui fit dire au ministre israélien de la Défense Moshe Ya’alon : «Le gaz ne peut pas être extrait sans une opération militaire qui éradique le contrôle du Hamas à Gaza ». Ainsi débuta la volonté d’éradiquer le Hamas de la carte de Palestine.

Le grand canal

Mais c’est un autre projet, beaucoup plus ambitieux, qui explique l’impatience de Netanyahou de s’emparer de la bande de Gaza : le canal Ben Gourion.

Il s’agit d’un grand projet consistant à construire un canal qui relierait Eilat, dans le golfe d’Aqaba, à la Méditerranée. L’idée est de concurrencer, et même de supplanter le canal de Suez, qui traverse l’Egypte. Il mesurerait près de 300 km, contre 200 pour le canal de Suez et coûterait entre 16 et 55 milliards de dollars. Un investissement d’autant plus juteux que, depuis la destruction du port de Beyrouth, le port de Haifa est devenu le port le pus important de la Méditerranée. Le malheur des uns…

Ce projet ne date pas d’hier. Un plan complètement fou avait même été élaboré en 1963 par les Américains qui avaient envisagé de faire exploser 520 petites bombes nucléaires dans le désert d’al-Naqab pour aider Israël à creuser son canal. La situation politique au Moyen-Orient a retardé le projet de canal Ben Gourion, mais il est réapparu dans les accords abrahamiques entre Israël et le Maroc, le Soudan, Bahreïn et les Émirats arabes unis. Le 2 avril 2021, Israël a déclaré qu’il lancerait ce projet en juin 2021. Celui-ci est désormais devenu un objectif prioritaire pour Netanyahou.

Sauf que pour parvenir à destination, le canal serait, pour l’instant, obligé de contourner la bande de Gaza. Or, en s’emparant de Gaza, les Israéliens pourraient traverser directement Gaza, permettant de gagner ainsi des kilomètres et des milliards de dollars. Si on ajoute les quelques 6 milliards annuels de revenus du canal, et l’économie faite des colossaux droits de passage versés chaque année à l’Egypte, c’est le jackpot, auquel il faut ajouter l’urbanisation des rives du Ben Gourion, ses villes nouvelles, ces centres touristiques.

Pour les Américains aussi, le projet est plus qu’alléchant. Outre le retour sur investissement, l’avantage stratégique serait conséquent. La canal de Suez, essentiel pour le commerce maritime, appartient en effet à l’Egypte. Or ce pays entretient d’étroites relations de coopération avec la Russie, qui se sont étendues après les sanctions américaines et européennes et avec la Chine. L’Egypte va rejoindre les BRICS au début de cette année, et pourrait être un acteur-clé du grand projet de la « Route de la soie ».
Ceci explique largement le soutien aveugle des occidentaux à Israël dans son conflit avec les Palestiniens. Sauf que les catastrophe humanitaires qui s’accumulent et le coût de cette guerre pour les contribuables des pays occidentaux qui apportent leur soutien à Israël risquent à terme de contrecarrer les rêves pharaoniques de Netanyahou.

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