ATTENTATS : ARRÊTONS LE MASSACRE !

Il est temps d’arrêter tout ça !
Abjection, barbarie, horreur, cauchemar, tout a déjà été employé pour qualifier l’acte inqualifiable. Celui qui vient de coûter la vie à un enseignant.
Nous sommes entrés dans une bien triste époque. Celle de cet âge sombre que René Guénon comparait au « Kali Yuga » (1) de la cosmogonie hindoue.
L’enfermement, physique et moral, l’escalade des haines fomentés par des déments écervelés et attisées par des pompiers pyromanes qui n’arrêteront leurs appels insensés à la détestation de l’autre que lorsqu’il n’y aura plus de terre à brûler, tout cela nous promet de terribles lendemains.
Ces analphabètes, déguisés en cheikhs de 20 ans qui, le doigt levé, racontent, sur internet, à d’autres analphabètes, qu’il ne faut pas chercher à penser, parce que des savants ont réfléchi pour eux.
Celles et ceux qui, pour un passage sur les écrans, un honneur, une médaille, une couverture de magazine, se livrent au commerce lucratif de la haine.
Ceux qui profitent du désespoir d’une jeunesse déracinée et sans horizon pour en faire des meurtriers
Ceux qui ont le pouvoir de rassembler, réconcilier, éduquer, et choisissent de séparer, opposer et tromper.
Les commentaires nauséabonds à la magnifique lettre encyclique du Pape François (2)
Les tweets abjects des décérébrés anonymes qui sèment, en toute impunité, leur poison sur le net
Les politiques « va-t-en guerre » qui désignent une partie de nos compatriotes à la vindicte populaire.
Tous ceux-là alimentent le monstre de la haine, et arment les bras des assassins.
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J’ai une proposition à faire. Peut être un prêche dans le désert. Mais dans le désert, rappelait Théodore Monod, « Il faut continuer de marcher » :
Changeons de paradigme.
Gouvernants, élus, politiciens, effacez de vos discours les mots négatifs : lutte, combat, guerre, séparatisme, radicalisme, intégrisme, islamisme, tant il est plus efficace de dire « Apprenons à vivre ensemble » que de crier « Luttons contre le séparatisme ». Cessez de croire, et de faire croire, que la sacrifice d’un bouc émissaire (3) serait la solution à nos maux. La France a besoin de tous ses citoyens, tels qu’ils sont, dans la richesse de leur diversité.
Rendez au savoir ses lettres de noblesse, aux maîtres l’autorité.
Medias, ne donnez plus la parole à celles et ceux qui trempent leur plume dans le venin. Il y a dans le monde tant d’humanistes que toutes les émissions de télévision n’y suffiraient pas.
Ayez le courage de ne plus invoquer la peur, la haine, mais au contraire parler de ce qui rassemble les hommes et, dans ce qui les sépare, faire l’apologie de la différence, universelle source de richesses. Car il faut beaucoup, beaucoup de courage pour parler de fraternité, d’amour de paix, quand il est si aisé de naviguer sur les craintes, de hurler au lynchage, de sonner l’hallali.
Responsables d’éducation, apprenez à nos jeunes la tolérance, le respect de l’autre, de ses convictions, le respect de l’autorité, du savoir. Apprenez aux parents à vous respecter, et montrez l’exemple, soyez irréprochables.
Citoyens, ne laissez pas les mots « République », « Liberté », « Égalité », « Fraternité », « Laïcité », servir à armer les uns contre le autres.
Citoyens musulmans, ne laissez pas les fous trahir les messages de paix et d’amour de notre religion
« Si tu peux entendre tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots… »

Rudyard Kipling (« Tu seras un homme mon fils »)

Responsables musulmans, cessez une fois pour toutes vos querelles dérisoires. Enfermez vos ego dans un coffre bien fermé à clé, enterrez-le, et n’y touchez plus. Qu’est-ce qu’une place, un honneur, un pouvoir, au regard de l’attente désespérée de vos soeurs et de vos frères ? Ils souffrent, chaque jour, victimes silencieuses de violences, physiques et verbales, de discriminations, et ils vous veulent auprès d’eux. Non pas en ordre dispersé, adversaires les uns des autres, mais ensemble, unis. Nous possédons en France parmi les intellectuels musulmans les plus brillants, les plus savants. Tant d’intelligence, de savoir, de culture, d’éloquence gaspillés, perdus. Cela ne peut plus durer. Vous avez, à l’égard des musulmans français, la mission de contribuer à transmettre cette lumière divine, cette « lumière sur lumière », « Nour ala nour », dont parle la sourate 24 du Saint Coran.
Ecoutez les voix qui vous parlent de fraternité.
Ecoutez Mohammad Al-Issa, secrétaire général de la Ligue Islamique Mondiale, qui vous dit que « Nous ne formons qu’une seule humanité, et c’est ensemble que nous relèverons les défis qui nous attendent  »
Ecoutez le Pape François qui vous dit « Quiconque élève un mur finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits»
Ecoutez Haïm Korsia, grand rabbin de France, qui vous dit : « La fraternité reste mon espérance et mon credo. »
Vendredi prochain, dans toutes les mosquées de France, les imams prononceront leur Khoutba. Et si tous lisaient le même texte, co-écrit, par tous les responsables de la communauté musulmane, unis dans un même élan fraternel ?
Difficile ?
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »

Sénèque

Jean-Michel Brun
Directeur de la Rédaction

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  1. Selon les textes sanskrits Vishnu Purana et Linga Purana, écrits il y a plus de 6 000 ans, la cosmologie hindoue annonce un « âge sombre » (qui a déjà commencé) qui aura les caractéristiques suivantes :

Les voleurs deviendront des rois et les rois seront des voleurs.
Les dirigeants confisqueront la propriété et l’utiliseront malhonnêtement. Ils cesseront de protéger le peuple.
Des hommes de basse extraction ayant acquis une certaine somme de connaissances (sans avoir les vertus nécessaires pour les utiliser) seront estimés comme des sages.
Beaucoup de gens perdront leurs racines, vagabondant d’un pays à un autre.
Les animaux prédateurs seront plus violents.
Les fœtus seront tués dans le ventre de leur mère.
Les gens préféreront choisir de fausses idées.
Personne ne pourra faire confiance à quiconque.
Les gens seront envieux.
Il y aura de nombreux enfants qui naîtront avec une espérance de vie ne dépassant pas 16 ans.
Les gens souffrant de faim et de peur trouveront refuge dans des abris souterrains.
Les jeunes filles feront commerce de leur virginité.
Le dieu des nuages sera imprévisible dans la distribution de la pluie.
Les marchands feront des affaires malhonnêtes.
Il y aura beaucoup de mendiants et de gens sans emploi.
Les gens parleront un langage violent et vulgaire.
Les hommes se consacreront à gagner de l’argent, le plus riche détiendra le pouvoir.
Les chefs d’état ne protégeront plus le peuple, mais, à coup d’impôts, s’approprieront toute la richesse.
L’eau manquera
De la nourriture pré-cuisinée sera rapidement à disposition.

2. Voir notre article sur l’encyclique : https://musulmansenfrance.fr/encyclique-fratelli-tutti/

3. Selon le dictionnaire, un bouc émissaire est un individu, un groupe, une organisation, etc., choisi pour endosser une responsabilité ou expier une faute pour laquelle il est, totalement ou partiellement, innocent.
Dans la Bible, le Grand Prêtre chargeait un bouc de toutes les fautes commises par les croyants, puis était chassé, emportant ainsi avec lui les péchés de la communauté.
Voir aussi le livre de René Girard « Le bouc émissaire », 1986, en Livre de Poche.

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