DES DÉPUTÉS DEMANDENT LA CRÉATION DE CARRÉS MUSULMANS DANS LES CIMETIÈRES

Il s’agit d’un problème que nous connaissons depuis longtemps, mais qui a été particulièrement mis en lumière à l’occasion de la crise sanitaire, en raison de la surmortalité et de la suspension du rapatriement des défunts dans leurs pays d’origine :  le manque flagrant de carrés confessionnels, et en particulier musulmans, dans les cimetières français.

Il n’existe en effet que 600 carrés musulmans sur l’ensemble des 35 000 cimetières communaux que compte le pays.

Ainsi que vient de le rapporter le journal Ouest-France sur la base d’un dépêche AFP, 8 députés de toutes tendances ont alerté les pouvoirs publics sur cette carence dans une lettre adressée le 11 mai au Ministre de l’Intérieur.

Déjà, au mois d’Avril, Monsieur Bassem Hamza, président de l’association des musulmans de Quimper, s’était ému qu’il n’existait, dans tout le Finistère qu’une vingtaine de places, concentrées sur le seul cimetière de Saint-Conogan.

Mais c’est en Île-de-France, où les morts s’entassent dans la morgue de Rungis, et dans les Hauts-de-France, les régions les plus touchées par la pandémie, que la situation semble la plus critique, Dans l’Oise, département qui fut l’un des premiers foyers de l’épidémie en France, seules 11 communes sur 679 possèdent un carré musulman.

Une minorité de maires a pris la décision d’agrandir les carrés musulmans de leurs cimetières communaux.

A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le maire PCF Patrice Leclerc a lancé des travaux d’agrandissement du carré musulman de son cimetière. Et à écrit au préfet pour obliger les maires à aménager des carrés musulmans. Suite au décès de deux de ses administrés qui n’ont pu être inhumés dans le cimetière de la ville, Frédéric Laturque, maire centriste d’Arras a fait construire un espace de 300 m2.

Ces maires, soucieux de respecter la fois de leurs concitoyens représentent toutefois un infime minorité. Ailleurs, les familles ont tenté, en vain, de faire appel à la justice. En avril, le tribunal administratif de Montreuil avait rejeté le recours de l’association Tahara qui demandait au maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis) d’agrandir en urgence le carré musulman du cimetière communal, aux motif que le caractère d’urgence n’était pas réellement établi. L’avocat de l’association a fait appel devant le Conseil d’État.

En effet, les communes ne sont pas légalement obligées d’aménager un carré confessionnel. C’est aux maires d’en prendre – ou non – la décision.

Une circulaire du Ministère de l’Intérieur datant de 2008 les encourageait pourtant à la faire, sans que ce souhait soit réellement suivi d’effet.

C’est pourquoi les députés signataires de la lettre ont demandé à Christophe Castaner s’il était « prêt à sensibiliser et à encourager via les préfectures l’installation de carrés confessionnels afin de permettre une inhumation avec un minimum de dignité dans cette crise sanitaire totalement inédite ». L’intéressé a répondu en demandant aux préfets de «trouver des solutions avec les élus locaux là où il y avait des problèmes d’inhumation ». « Il ne s’agit pas systématiquement d’élargissement de carrés musulmans, mais par exemple de trouver des places dans des communes à proximité. Chacun doit agir en fonction de la situation locale », a-t-il précisé.

Seule, finalement, l’Alsace-Moselle , n’a pas été confrontée au problème, puisque le droit concordataire en vigueur autorisant la subvention des cultes, Strasbourg, par exemple, l’Alsace possède, depuis 2012 l’unique cimetière public musulman du pays.

Les réactions des lecteurs de certains journaux, comme Valeurs Actuelles font froid dans le dos, et font penser qu’il serait, hélas, préférable de légiférer plutôt que de compter sur le civisme des administrés.

Heureusement, il existe de belles personnes qui ont joint leurs voix à celle des 8 parlementaires, comme le Père catholique de Vernon (Eure) Denis Chautard, qui plaide la cause des musulmans, face au maire qui refuse la création d’un carré musulman au nom de la laïcité.

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