LE LYCÉE AVERROÈS SAUVÉ (PROVISOIREMENT) GRÂCE À LA MOBILISATION DE LA COMMUNAUTÉ

En décembre, la préfecture du Nord avait résilié le contrat liant l’État au lycée Averroes de Lille, pourtant récemment élu « meilleur lycée de France ». Le préfet avait prétexté des enseignements jugés « contraires aux valeurs de la République » et avait donc décidé de cesser de le subventionner. Le président de la Région Xavier Bertrand a supprimé sa subvention annuelle de 300 000 € annuels prévus dans le cadre du contrat avec l’État, mettant ainsi en péril absolu l’établissement privé musulman créé il y a 20 ans, qui compte un collège avec 352 élèves et un lycée de 473 élèves. Le 12 novembre 2023, le tribunal administratif avait confirmé l’arrêt des subventions, alors que le lycée Stanislas, objet de graves accusations sur le manquement à la laïcité, n’était pas inquiété.
La presse de droite, comme le magazine Le Point, s’était également emparé de l’affaire, reprenant les arguments de la préfecture et du militant islamophobe lillois Mohammed Louizi, et contestant la spontanéité de la pétition en faveur de l’établissement, ainsi que l’appel aux dont il prédisait l’échec.

En réponse, des enseignants, élèves et parents, soutenus par des syndicats d’enseignants et la Ligue des droits de l’Homme, ont immédiatement manifesté brandissant des pancartes où on pouvait lire : « deux poids, deux mesures, ça y est c’est bon on sature », « républicain et excellence, Averroès a été meilleur lycée de France » et « le contrat on veut garder, non à la précarité ».

Rien en effet ne justifiait cette décision, ni la qualité de l’enseignement, ni le financement de l’établissement, dont les comptes étaient parfaitement clairs, sinon l’acharnement du préfet et du président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, et leur croisade contre les musulmans lillois. Xavier Bertrand, a d’ailleurs reconnu s’être appuyé sur le livre « Qatar Papers » de Christian Chesnot et Georges Malbrunot paru en 2019, qui évoque des chiffres farfelus de plusieurs millions d’euros qui auraient été versés par le Qatar, arguant que « forcément, en contrepartie il y aurait de l’endoctrinement», raille Éric Dufour, le directeur de l’établissement. En réalité, 900 000 euros ont été versés en 2014 a fondation Qatar Charity à titre de la zakat pour l’achat de locaux. Ce versement entre dans les comptes officiels de l’établissement dont un membre du conseil est un représentant de la région.

La direction du lycée a saisi le Conseil d’État qui devrait donner sa décision au cours du mois de mai.

La campagne ouvertement islamophobe menée contre le Lycée Averroes a ému la communauté musulmane de France, et les dons perçus, notamment à travers une cagnotte en ligne, a permis de collecter plus de 400 000 €.
Au cours d’un rassemblement de soutien à Lille, le directeur du groupe scolaire Averroès, Eric Dufour, a pu ainsi annoncer que la rentrée 2024 serait assurée, malgré la rupture du contrat d’association avec l’État en décembre dernier. « Averroès, est un lycée républicain », a rappelé Eric Dufour, qui a exprimé sa conviction que le contrat entre l’État et le lycée serait rétabli, soulignant qu’une absence de rétablissement conduirait à une discrimination flagrante par rapport à d’autres établissements privés sous contrat bénéficiant de moins de contrôle ou de sanctions.

Mais d’autres établissements musulmans sot en ce moment menacés par d’odieuses campagnes islamophobes, comme L’IESH (Institut Européen des Sciences Humaines) de Château Chinon. Avec ses 3 départements : Coran, langue arabe et théologie musulmane, l’institut forme des cadres religieux, imams aumôniers, enseignants,enseignantes, etc… Attaqué par une récente vidéo réalisée par Marion Maréchal-Le Pen à destination des réseaux sociaux, l’établissement est dans le collimateur du ministre de l’intérieur, autre « croisé » des temps modernes

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