APPEL DES FRANCO-AZERBAÏDJANAIS À LA RECONNAISSANCE DU MASSACRE DE KHODJALY

Il y a 30 ans jour pour jour, le massacre de Khodjaly endeuillait l’Azerbaïdjan. Au moment où la communauté international se mobilise pour dénoncer les atteintes à l’inviolabilité des frontières, au droit à l’intégrité territoriale en Ukraine, ce droit est toujours nié à l’Azerbaïdjan par une partie de la classe politique française.
Les Azerbaïdjanais ont décidé d’écrire une lettre ouverte à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République française, pour que soit reconnu le crime de Khodjaly et que ses victimes soient enfin, ici, honorées.

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Monsieur Emmanuel Macron
Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS 

Paris, le 26 février 2022


Objet : Appel des Azerbaïdjanais de France pour la reconnaissance du massacre de Khodjaly.  

Monsieur le Président de la République, 

Il y a exactement 30 ans, le 26 février 1992, la petite ville azerbaïdjanaise de Khodjaly, dans la région du Haut-Karabakh, vivait une tragédie, l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire de l’Azerbaïdjan. 

Dans la nuit du 25 au 26 février 1992, les forces armées entrent dans la ville en assassinent, égorgent les habitants.  Certains survivants, qui  tentent de s’échapper par les forêts en passant par les cols enneigés sont rattrapés, ou pris en embuscade, puis tués de sang-froid et avec une cruauté inimaginable par les groupes armés arméniens.  

Les journalistes étrangers rapportèrent des scènes épouvantables. Des cadavres scalpés, les oreilles, membres et organes internes arrachés, leurs yeux crevés. Des femmes enceintes avaient été éventrées. Et comme si les blessures au couteau et par balle ne suffisaient pas, des tanks avaient roulé sur des civils, plusieurs personnes avaient été brûlées vives.
613 civils furent ainsi massacrés, dont 106 femmes, 63 enfants et 70 vieillards. 1275 personnes furent prises en otage, et le sort de 150 d’entre eux reste encore inconnu aujourd’hui.

Le massacre de Khodjaly, surnommé par les journalistes présents « L’Ouradour-sur-Glane azerbaïdjanais» est l’un des rares cas dans l’histoire où l’auteur, par la bouche de son premier Ministre de l’époque, Serge Sarsyan, a lui-même a reconnu son implication directe et sa responsabilité dans ce crime.
La tragédie de Khodjaly est, sans doute, l’épisode le plus terrible de la politique d’agression menée par l’Arménie contre l’Azerbaïdjan. Et ce crime, comme d’autres commis contre le peuple azerbaïdjanais, est resté impuni.

C’est la raison pour laquelle Azerbaïdjanais ont demandé à ce que ces crimes soient condamnés par la communauté internationale, afin que de telles tragédies ne se reproduisent pas et que la mémoire des citoyens azerbaïdjanais assassinés et torturés soit enfin honorée.

Les parlements de la plupart des pays européens, ainsi que 24 Etats américains, ont condamné ces exactions en les qualifiant de « carnage massif» et de «crime contre l’humanité». Ces crimes furent également condamnés par l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui a adopté, le 26 janvier 2012, une déclaration en ce sens et a exhorté les autres organisations internationales à qualifier à leur tour juridiquement ces événements.

Monsieur le Président, les Azerbaïdjanais de France souffrent. Ils souffrent de ne pas voir leurs blessures reconnues. Ils souffrent de s’entendre qualifiés d’agresseurs, alors qu’ils ne demandent que le respect du droit international, celui des principes de souveraineté, d’inviolabilité des frontières. Ils souffrent de voir ce droit leur être refusé, alors même qu’il est, aujourd’hui même, invoqué, dans le conflit qui secoue  la planète.

Certes, les Azerbaïdjanais forment ici une petite diaspora qui a peu de poids en regard de la puissance d’autres communautés, mais la justice doit-elle s’effacer devant le nombre ?

Nous, Azerbaïdjanais de France, demandons que la France, pays de Droits de l’Homme, reconnaisse officiellement les crimes perpétrés dans la ville de Khodjaly et donne juste qualification politique et juridique des crimes.

Monsieur le Président, ne renversons pas le sens de l’Histoire en inversant les responsabilités d’un conflit qui nous fut imposé. On dit souvent que l’Histoire se répète. Nous croyons que ce n’est pas une fatalité.  La guerre est terminée. Si, ensemble nous réussissons à gagner la paix, alors nous pourrons dire que les victimes de Khodjaly ne sont pas mortes pour rien. 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre respectueuse considération.  

Association Dialogue France-Azerbaïdjan
Ulduz Association Culturelle
ALIM Association Scientifique 
Association Franco-Azerbaïdjanaise de la Jeunesse
Association Culturelle d’Azerbaïdjan en France  
Association des Etudiants azerbaïdjanais en France
Communauté des Azerbaïdjanais de Nantes
Communauté des Azerbaïdjanais de Toulouse
Communauté des Azerbaïdjanais de Strasbourg
La Communauté Franco-Azerbaïdjanaise de France  

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