« Si vous voulez travaillez avec des juifs, faites-donc un cimetière juif, au moins, on aura la paix ». Propos tenus par le major de gendarmerie de la commune de Galluis, près de Montfort l’Amaury.
Des croix gammées sur le portail, des insultes à caractères racistes proférées par des représentants de l’autorité publique (« Soyez plus discrets avec vos Rabbi-jacobs qui se baladent dans le village, les gens ici aspirent à la tranquillité, vous vous faites trop remarquer »)… Nordine-David Chahour n’en revient pas.
Président des commerçants marocains résidant en France, nommé par le Ministre Aziz Akhannouch président du parti politique RNI, il est également directeur d’une société d’événementiel qui organise des mariages juifs, chrétiens, et musulmans dans l’enceinte du Château du Lieutel, dit Château de Majorelle, un vaste domaine clos situé sur la commune, un peu à l’écart du village. Il est surtout le président-fondateur de l’association des juifs marocains berbères de France. Cette association cultuelle et culturelle vise à promouvoir, notamment à destination des jeunes de toutes confessions, l’histoire de la cohabitation harmonieuse et du respect mutuel des cultes que symbolise le Maroc, à travers l’histoire des juifs du Maghreb. Un projet de musée, destiné à exposer l’artisanat, l’art et la musique juive andalouse, et à mettre en valeur le soutien historique du Royaume du Maroc à l’égard de sa communauté juive, est par ailleurs à l’étude.
Et c’est là que le bât blesse. Car ce sont, semble-t-il, les mariages juifs qui dérangent la mairesse du village, Madame Annie Gonthier. Laquelle, nous explique Monsieur Chahour, a refusé de s’associer à la plainte déposée à la suite des attaques antisémites de 2019 où des croix gammées ont été peintes sur le portail du château.
« Je ne porterai pas plainte pour des graffitis » avait-elle lancé, alors que la gendarmerie refusait d’entendre Monsieur Chahour et lui enjoignait à repeindre le portail sans délai afin d’effacer les traces du forfait.
Pour la Mairie et la gendarmerie de Queue les Yvelines dont dépend la commune, la présence de religieux, loubavitch, notamment, fait tache dans le paysage. D’ailleurs, les différentes demandes de permis de construire de structures temporaires à l’intérieur de l’enceinte du château ont été refusées car «la clientèle ne correspond pas au public du village».
Quant à la gendarmerie, censée assurer, après les agressions racistes dont a été victime le château, la protection des personnes présentes à l’intérieur de celui-ci, elle multiplie, comme en ont témoigné plusieurs personnes présentes lors de ses interventions, les invectives à caractère discriminatoire : « Où allez-vous habillés dans cette tenue ? », « Il y en a marre, depuis que vous êtes là, nous sommes sur un territoire occupé, Palestine – Israël », « ce n’est pas parce que vous avez une kippa sur la tête que vous êtes au-dessus des lois », « votre association et votre Maroc, je n’en ai rien à foutre »
Malgré cet acharnement, Nordine-David Chahour ne veut « pas se résoudre à renoncer à son projet de lieu de paix et de communion, ce qui serait une victoire des antisémites. »
Des plaintes ont été déposées devant la justice, le Préfet des Yvelines et l’Inspection Générale de la Police Nationale ont été saisis pour les propos racistes et antisémites des représentants des forces de l’ordre.
S’il y a des leçons à tirer de tout cela, c’est d’une part qu’il n’y a pas plusieurs sortes de racismes. les racistes ont la haine en eux et la déversent tantôt sur une communauté, tantôt sur une autre. D’autre part, nous espérons que les pouvoirs publics et les medias ne resteront pas silencieux, car cela voudrait dire que si une agression ne permet pas d’impliquer un musulman, alors, cela n’intéresse personne. Rappelons-nous la phrase de Pierre Mendès-France : « Le racisme, ça ne se discute pas. Ça se combat ».