RETRAITES : DANS LA RUE, RIEN NE VA PLUS

Alors que la réforme des retraites est en « discussion » au Sénat, dont la majorité de droite est favorable au texte, la rue s’est une nouvelle fois exprimée ce mardi 8 mars, par une journée de mobilisation. Des manifestations de grande ampleur se sont déroulées dans toute la France, qui ont enregistré la plus forte participation depuis de début du conflit, de l’aveu même des autorités, lesquelles ont dénombré 1,28 millions de participants, contre 3,5 millions selon des syndicats.

Cette querelle de chiffres est une solide tradition française qui fait le bonheur des commentateurs. Cette fois pourtant, le décalage atteint des proportions qui confinent au burlesque. Sur Paris, la CGT annonce 700 000 manifestants à Paris contre un petit 81 000 pour la Préfecture de Police. Presque 9 fois moins ! A Marseille, les syndicats annonçaient 245 000 manifestants, la police 30 000.

Toujours est-il que c’est une foule compacte qui s’étendait sur plus de 2 km, et qui défilait à Marseille dans une ambiance joyeuse et festive, même si le sujet est grave pour les travailleurs de ce pays qui voient les acquis gagnés au fil des ans s’évanouir à coup de 49.3.

Aujourd’hui, Mediapart attirait l’attention sur l’opacité totale du montant des retraites des sénateurs, que ceux-ci refusent de divulguer au mépris de toute éthique démocratique. Une situation inimaginable dans des pays comme la Suède ou la Finlande par exemple. La transparence n’est pas dans les mœurs politiques françaises, ce qui n’est pas de nature à apaiser la colère des Français qui voient ainsi des privilégiés décider du sort des plus fragiles. Selon Mediapart, deux ans de présence au Sénat génèrent une retraite équivalente à 30 ans de travail de la moyenne des Français. On imagine celle Larcher qui est au Sénat depuis 32 ans ! On comprend que les sénateurs préfèrent garder ces chiffres secrets. Quant à la « démocratie »… des lettres sur un morceau de papier.

Ceci explique sans doute que Macron fera passer sa réforme « quoi qu’il en coûte ». Tout le monde en a conscience, mais rien n’est encore joué. Les choses pourraient mal se passer pour ce gouvernement qui reste obstinément sourd à l’appel de la rue. La mobilisation se prolonge sous d’autres formes aujourd’hui, et une autre journée est prévue samedi. Mais c’est le 1er mai que les choses risquent de se gâter. Certains parlent déjà de marcher sur l’Elysée.

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