VIOLENCES POLICIÈRES DÉCOMPLEXÉES : UN JOURNALISTE PASSÉ À TABAC DANS UN COMMISSARIAT À PARIS

Depuis le score obtenu par le Rassemblement National aux européennes et au premier tour des législatives, les éléments les plus radicaux parmi les fonctionnaires de police se déchaînent, estimant sans doute que les violences à l’égard des personnes ayant une « appartenance ethnique » seront légitimisées par le nouveau pouvoir qu’ils appellent de leurs voeux.

D’autant que les chaînes d’information continue liées à l’extrême-droite ciblent, à longueur d’antenne, les « immigrés », les « islamistes », les « racailles de banlieues » et justifient les « bavures » policières commises à leur égard.

De fait, depuis quelques semaines, les contrôles au faciès se multiplient. La rue et les commissariats deviennent de véritables terrains de jeux pour les éléments les plus déterminés de ces forces qui n’ont plus d’ordre que le nom.

Rouer de coups de poings, de pieds un homme menotté est naturellement interdit par la loi française. Et lorsque la victime est un journaliste dont le seul crime est de faire son métier, il s’agit d’un acte digne des régimes les plus totalitaires.

C’est pourtant ce qui vient d’arriver l’un des journalistes français les plus emblématiques.
Le 7 juillet, Leo Nicolian se rend sur la place Stalingrad, à Paris, pour couvrir le rassemblement organisé par La France Insoumise à la suite des élections législatives. A la fin de la manifestation, alors qu’il regagne son domicile à pied, il remarque un nombre inhabituel de contrôles de véhicules, dont certains lui semblent ne pas respecter les règles de déontologie qui s’imposent aux fonctionnaires de police.

Rappelons qu’en France, contrairement à d’autres démocraties, comme les États-Unis, la Police est autorisée à procéder à des contrôles d’identité, même si la personne concernée n’a commis aucune infraction. Mais ce qui pose problème, c’est lorsque ce sont uniquement des personnes « racisées » qui sont l’objet de ces contrôles. D’autre part, certains attitudes, comme le tutoiement, sont prohibées, et pourtant couramment observées.

Leo Nicolian suit donc une voiture de police qui semble multiplier les contrôles de véhicules conduits par des personnes maghrébines, et décide de filmer un contrôle avec son téléphone portable. Un des policiers, une femme lui demande pourquoi il filme. Leo Nicolian décline sa qualité de journaliste, ce qui pousse les policiers à interrompre le contrôle et à déborder d’amabilités envers les passagers du véhicule. Une violence policière a peut-être été évitée.

Rentré chez lui, Leo Nicolian décide de diffuser le film sur les réseaux sociaux, et la video bénéficie immédiatement d’un nombre de vues impressionnant. Deux jours plus tard, le journaliste sort d’un restaurant du 19e arrondissement. Une voiture de police s’arrête à sa hauteur, et un fonctionnaire l’interpelle : « Monsieur Nicolian ? veuillez nous suivre ». Le journaliste est alors menotté, emmené au commissariat de la Goutte d’Or, connu pour être l’un des plus sordides de la capitale. Là, il est dépossédé de ses effets personnels, mis presque à nu, puis insulté, jeté au sol, et littéralement « passé à tabac » par plusieurs policiers.

Leo Nicolian souffre de problèmes respiratoires et cardiaques et son état devient vite alarmant, ce qui affole les policiers qui décident de le transférer à l’Unité Médico-Judiciaire de l’Hôtel-Dieu afin de pouvoir se dédouaner au cas où le journaliste décèderait des sévices subis. A l’UMJ, le médecin qui l’examine décide de l’hospitaliser en raison de son état de santé et les coups constates. Une fois sorti, on lui remet ses téléphones portables (il en a plusieurs en raison de son métier) : ils ont été grillés au micro-onde afin d’effacer les preuves qu’il aurait pu y enregistrer.

Il faut dire que Leo Nicolian n’est pas un journaliste comme les autres. C’est un journaliste « à l’ancienne » : il enquête, se rend sur le terrain, et ne cherche par à manipuler les faits pour démontrer la justesse de ses a-priori, comme le font la plupart des « journalistes » d’aujourd’hui. Du coup, il ne s’est pas fait que des amis. C’est lui qui a réussi à faire avouer à Emmanuel Macron la responsabilité de la France dans le chaos libanais, ce qui lui a valu d’être détesté par la presse de droite. Il est l’un des premiers à avoir relevé la gestion catastrophique de la ville de Paris par Anne Hidalgo, ce qui a agacé la presse de gauche, Mediapart y compris. Franco-Arménien, patriote, ami du premier ministre Pachinyan, il a dénoncé l’esprit va-t-en guerre de la diaspora arménienne en France, et le caractère terroriste du parti Dashnak, dont le responsable pour la France, Mourad Papazian, grand ami du premier ministre Gabriel Attal, est propriétaire de nombreuses écoles de journalisme en France. Il fut même refoulé à l’entrée de l’Arménie le mois dernier, sur demande expresse du gouvernement français. Il faut dire qu’il avait accusé de pédophilie l’actuel ambassadeur de France en Arménie, Olivier Decottignies, preuves à l’appui, car Leo Nicolian ne publie jamais rien sans preuve. S’en est suivi, dans la zone de transit de l’aéroport d’Erevan, une grève de la faim qui a ému jusque dans les principaux organes de presse arméniens.
Comme le chantait Guy Béart « Le journaliste a dit la vérité, il doit être exécuté ».

Leo Nicolian a déposé plainte auprès de l’IGPN pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » (le vocable administratif pour désigner les « bavures policières »), qui propose une expertise médicale dans 15 jours… quand les traces de coups auront disparu !

Mais les ennuis de Nicolian ne sont pas terminées : il vient d’être mis en détention pour « antisémitisme ». En réalité pour avoir filmé et interpellé un individu qui se gaussait en regardant sur son téléphone les images du massacre des Palestiniens à Gaza.

Ainsi va la France, sa liberté de la presse, sa police et sa justice, tellement « irréprochables ».

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