TROISIÈME TOUR

Les dés sont jetés.

Jean-Luc Mélenchon ayant failli de peu (environ 450 000 voix) accéder au premier tour, notamment en raison de la forte abstention à ce scrutin, on refait le match Macron – Le Pen.

Que retenir de ce premier tour ? D’abord que la descente aux enfers de Valérie Pécresse est la preuve que s’approprier le thèses discriminatoires de l’extrême droite est contre-productif.
La présence de Marine le Pen au second tour montre bien qu’une fois de plus, les Français préféreront toujours l’original aux sosies.

On comprend d’ailleurs assez mal pourquoi les politiques s’entêtent dans cette stratégie perdante. La radicalisation de Sarkozy, avec sa délirante « identité nationale » lui fit perdre les élections. Le mariage contre nature avec Manuel Valls a fait chuter François Hollande et le dérapage à droite de Macron avec Gérald Darmanin et son « séparatisme » remet Marine le Pen dans la course.

Certes pour ce dernier, on peut subodorer la quête tactique d’une possible élection par vote éliminatoire. Mais le jeu est dangereux. En tous cas, le constat est clair, le flirt avec l’extrême droite ne profite pas aux démocrates. Alors pourquoi ? Enseigne-t-on cette stratégie délétère sur les bancs de sciences-po et de l’ENA ? Mystère.

Quel que soit le résultat du 23 avril, c’est le troisième tour qui décidera de l’avenir de notre démocratie. C’est à dire les législatives. Car c’est le parlement qui fait les lois, pas l’exécutif sauf lorsque la majorité est celle du Président et que la première chausse avec soumission les godillots du second.

Nous avons besoin d’un contre pouvoir afin qu’un président, qui se croit un dieu de l’Olympe, n’aie plus la latitude de dériver à sa guise. La cohabitation permet ce retour à l’équilibre dont la France a tant besoin pour se pacifier.

Plus encore que pour la présidentielle, il conviendra que vote passe du droit au devoir. Les musulmans, comme la jeunesse de ce pays qui veulent y vivre en paix, sans que la religion ou la couleur de peau ne soit un obstacle à leurs espérances, devront se mobiliser pour sauver cette démocratie défigurée par le profit, l’ambition et les haines.

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