LE DROIT DES FEMMES DANS LES SOCIÉTÉS MUSULMANES

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Deux visions

Dans la pensée musulmane et occidentale, la notion de « droit des femmes » est d’une nature sensiblement différente.

On comprend bien que la formulation même de cette phrase a de quoi heurter les sensibilités occidentales, pour lesquelles le « droit des femmes » constitue, à juste titre,  un véritable axiome sociétal.

Or, il se trouve que, dans la culture musulmane, il en est exactement de même.

La distinction porte sur une différence d’approche culturelle et juridique qu’il convient d’expliquer.

Alors qu’en occident, on parle de la femme en tant qu’individu, l’Islam considère le couple homme-femme dans sa globalité, au sein d’un univers familial. L’homme et la femme sont complémentaires de manière réciproque, dans leurs droits, leurs rôles, leurs devoirs (et non pas, d’ailleurs, comme cela est souvent interprété à tort par certains observateurs occidentaux, dans une relation univoque, où la femme serait, seule, une sorte de  «complément» de l’homme, et non l’inverse).

Dans cette perspective, les statuts des deux composantes initiatrices de la famille sont régis à travers l’intérêt public de la communauté.  Chacun d’eux ont des droits et des devoirs, mais ces derniers sont différents et se complètent.

En occident, le legislateur, du moins dans l’approche fixée dans la seconde moitié du XXème siècle, puis réaffirmée et précisée au début du XXIème siècle, attribue une pleine et entière égalité des droits entre l’homme et la femme. Dans la charia, cette égalité est plutôt relative. Les droits, et les devoirs, sont complémentaires et harmonisés, en fonction de la place naturelle et du rôle social qu’elle attribue à l’une et à l’autre. Cette divergence de vision est détaillée plus loin.

Nous conseillons de lire l’article de ce site consacré au mot « Charia », afin de comprendre, sans ambiguité le sens que l’Islam donne à ce mot.

Une unanimité

 Toutefois  la Charia et le droit occidental se rejoignent pleinement lorsqu’il s’agit de l’égalité de l’éducation, les soins médicaux, la sécurité, l’élimination de l’illétrisme et la pauvreté des femmes. Le savoir, notamment, occupe une place de essentielle parmi les principes de l’Islam. D’ailleurs, le coran le  souligne « Dieu élèvera de plusieurs rangs ceux d’entre vous qui ont la foi et qui ont reçu la science. »[1]  Cette science et ce savoir sont recommandés à tout les croyants, hommes et femmes, et, il est utile de le développer.

Message coranique et pratiques culturelles

Il existe encore, dans de nombreux pays musulmans, une survivance de pratiques patriarcales ante-islamiques. Les mariages forcés et l’excisions, par exemples, sont des pratiques culturelles et tribales combattues par la Révélation. La mutilation du corps et le mariage sans consentement sont strictement interdits en Islam. Selon un hadith authentique rapporté par Bukhari, le Prophète a fait annuler un mariage imposé par le père de la mariée, sans le consentement de celle-ci, alors même qu’elle avait reconnu être heureuse avec son époux.

L’égalité au regard des ressources financières

Dans les conventions internationales, il est proclamé d’une égalité absolue des droits financiers entre les deux sexes. La Charia rejoint ce principe en accordant à la femme un droit économique de disposer librement de son argent.

Cette disposition a été un apport décisif de la religion musulmane, dès la Révélation, et fut d’ailleurs l’une des raisons du rejet initial de la nouvelle religion par les tribus arabes polythéistes.

Toutefois, le contrat de mariage est en faveur des femmes avec l’exigence d’une dote. Concernant l’héritage, l’homme dispose du double de la femme puisqu’il est censé subvenir aux besoins de sa famille.

Un droit précurseur par rapport à l’Occident

L’Islam a, dès le commencement de la révélation, accordé des droits aux femmes, qui en étaient pratiquement privées dans les sociétés traditionnelles. Le droit de posséder des biens, de recevoir leur part d’héritage de travailler. Khadija, la première épouse du Prophète, était une femme d’affaire et participait activement à la vie sociale.

En occident, ces droits  n’ont été accordés que beaucoup plus tardivement.

Dès le début de la révolution industrielle, le travail des ouvrières rencontre une vive opposition de la part du mouvement ouvrier naissant.

La conception dominante, soutenue par les moralistes et les économistes, est celle du maintient de la femme au foyer. Lors du congrès de Genève de l’Association internationale des travailleurs en 1866, le refus du travail des femmes est voté à leur initiative, au motif qu’il constitue un « principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste ».

Aux États-Unis, le principal syndicat – la Fédération américaine du travail – est lui hostile au travail des femmes et empêche leur accès à de nombreux métiers.

C’est la mobilisation des femmes elles-mêmes, qui finira par lever une partie de ces barrières au début du XXe siècle.

De  nombreuses années seront toutefois nécessaires avant que les femmes n’obtiennent, progressivement, les mêmes droits que les hommes. En France, par exemple, il faudra attendre 1907 pour qu’une avocate ait le droit de plaider, 1945 pour que les femmes puissent voter en France, 1965 pour que la femme puisse faire des actes civils sans l’autorisation de son mari.


[1] Le verset 11 de la sourate de la Discussion, op.cit, p.543

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