LE FONDATEUR DE LA LIGUE DE DÉFENSE NOIRE AFRICAINE (LDNA) VICTIMES DEMESURES D’INTIMIDATION DE LA PART DE LA POLICE

C’est sans doute une manifestation supplémentaire de la politique du ministre de l’intérieur français qui cherche à intimider les partisans d’une France multiculturelle où les droits de tous, quelle que soit leur origine, leur couleur de peau ou leur religion seraient respectés et qui encouragerait la diversité, richesse de notre pays.  

Invité en Azerbaïdjan par la Fondation internationale de la presse eurasienne, Egountchi Behanzin  s’est entretenu avec le président de la fondation, Umud Mirzayev, qui a regretté que la France n’ait pas totalement fait le deuil de son passé colonialiste et continue de soutenir les envahisseurs. Aujourd’hui, perdant pied en Afrique, elle trouve, dans le conflit du Caucase, une nouvelle opportunité irrédentiste, et cherche à s’installer dans la région, via l’Arménie, sous des prétextes de maintien de la paix. 

Pour Egountchi Behanzin,  la lutte contre le colonialisme et le néo-colonialisme est un combat universel, et dans ce domaine, l’Afrique et l’Azerbaïdjan ne peuvent être que solidaires.
«  C’est pour ces raisons que nous devrions ensemble essayer de transmettre notre vraie voix au monde. Nous sommes prêts à coopérer plus étroitement avec vous dans cette direction » a affirmé Umud Mirzayev au cours de l’entretien. 

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Mais la présence en Azerbaïdjan du leader de la LDNA ne semble guère être du goût du gouvernement français qui n’apprécie guère, comme la droite qui le soutient, que l’on remette en question « la mission civilisatrice de la France », selon les propres termes de Jules Ferry devant l’assemblée nationale ou, plus tard d’Antoine Pinay à l’ONU. La France conservatrice s’étrangle également lorsqu’on suggère que l’esprit « Françafrique » n’a pas disparu et que sa politique au Moyen-Orient et au Caucase n’en est que le prolongement. C’est pourtant ce qu’a tenu à rappeler Egountchi lors de sa participation à l’émission « La question principale » de la chaîne AZTV, présentée par Elnar Mamadli. 

C’est pourquoi la ministre française des affaires étrangère, Catherine Colonna, s’est empressée de protester,  lors de sa visite en Azerbaïdjan, contre la venue prochaine à Bakou de Egountchi. La France qui soutient le séparatisme arménien n’aime pas qu’on lui rappelle son passé africain ou ses atteintes aux libertés fondamentales. Les déclarations du ministre de l’intérieur à propos de la Ligue des droits de l’homme en sont l’illustration.  

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A son retour à Paris, le 19 mai, Egountchi Behanzin se voit confisquer son passeport par la police des frontières de l’aéroport d’Orly et interdit de pénétrer sur le territoire. Cette arrestation n’ayant pas de fondement légal, Egountchi est finalement libéré une heure plus tard. Il a décidé de porter l’affaire devant les tribunaux. 

Erreur de la police, zèle excessif des fonctionnaires ou manœuvre d’intimidation ? Pour le militant des droits de l’homme, la réponse ne faisait guère de doute.  Elle a été confirmée par suite des événements.


Harcelé par la police politique

C’est à une dérive vers une véritable police politique à laquelle nous assistons aujourd’hui. Le lendemain, le militant, qui se rendait chez ses parents, a reçu la visite de la police qui l’a immédiatement conduit en garde à vue, comme aux heures les plus sombres de notre histoire. Toutefois bien traités par les policiers un peu dépassés par cet ordre venu du sommet de l’Etat, et grâce aux magistrats qui ont fait valoir le droit, Egountchi a été libéré au bout de 24 heures sans aucune poursuite.

Il est particulièrement troublant de constater que la France, qui se veut le pays des droits de l’homme, mette en place un délit d’opinion et ce qui ressemble beaucoup à une police politique. Les policiers eux-mêmes, qui ne peuvent faire autrement qu’obéir aux ordres de leur hiérarchie, sont aussi les otages de cette inquiétante dérive. Tout cela, semble-t-il, à l’initative d’un seul homme. Quels motifs l’animent ? De quelle société rêve-t-il ? Pourquoi le Président de la République lui laisse-t-il les mains libres, ainsi que celles de ses amis, qui semblent frappés d’immunité ? Des questions qui méritent d’être posées.

Quant aux apologues de l’identité nationale qui polluent la Nation, rappelons-leur le cri d’Alphonse de Lamartine : « Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute ».  

Jean-Michel Brun

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