LA LDNA DISSOUTE ? QUE S’EST-IL RÉELLEMENT PASSÉ À VAL DE REUIL ?

Egountchi Behanzin, leader de la Ligue de Défense Noire Africaine

Que s’est-il passé à Val de Reuil ?

Val de Reuil est une petite commune de l’Eure, de 13 000 habitants, située pas très loin d’Evreux. C’est la plus jeune commune de France, l’une des 9 villes nouvelles imaginées dans les années soixante. Elle fut crée ex-nihilo en 1981.

En regroupant les populations semblables au lieu de favoriser la mixité sociale, ces projets ont abouti à une forme de communautarisme. Le communautarisme, souvent brandi par les caciques d’extrême droite, n’est pas une mauvaise chose en soi, dans la mesure où la conservation de traditions apportées par les migrants serait plutôt de nature à enrichir notre culture sociale. Il devient un problème lorsqu’il aboutit à un repli sur soi, à une sorte de nationalisme local.

C’est probablement l’un des explications aux invraisemblables événements qui ont secoué la ville normande.

Entre le 5 et le 7 septembre 2021, de violents affrontements ont eu lieu dans la ville entre des membres de la communauté kurde et des membres de la communauté sénégalaise. Plusieurs personnes ont été blessées dont un est dans un état grave. Ces rixes ont abouti à une procédure de dissolution de l’association « Ligue de Défense des Noirs Africains » qui a pris part à la bagarre.

Mais que s’est-il passé exactement ?

Le 5 septembre, deux gamins se bagarrent, pour des motifs dont la gravité n’apparaît comme telle qu’aux yeux des enfants de cet âge. L’un est kurde, l’autre sénégalais. Une mère sénégalaise les sépare et les corrige tous les deux, jugeant que l’équité exigeait de ne faire aucune distinction entre les « belligérants ».

L’affaire était close et aurait dû s’arrêter là.
Mais voilà. Dans ces villes où on entasse les gens venus d’aiileurs, la protection du groupe se traduit souvent par la haine des autres. Et deux mère kurdes prennent la décision d’organiser une expédition punitive pour « venger » l’enfant de leur communauté. La mère sénégalaise est copieusement rossées par leurs voisines.

Fatalement, le mari s’en mêle et cherche à s’expliquer avec les époux kurdes, lesquels appellent d’autres membres de la communauté à le rescousse. Sauf que le sénégalais est un boxeur. Les kurdes vont au tapis. le père de l’enfant kurde doit être évacué à l’hopital.

A ce moment, chacun aurait dû comprendre que la raison devait l’emporter et qu’un dialogue devait s’instaurer pour résoudre le conflit dans le calme. Malheureusement, il arrive que les grands ne soient pas plus adultes que les petits, et la confrontation prend une toute autre tournure.

La communauté kurde décide de manifester, drapeau du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en tête, près de la Mairie, aux cris de « Où sont les noirs ? » Une simple bagarre de « bac à sa sable » se transforme en manifestation à caractère raciste.
Le cortège rassemble environ 1 500 personnes. Certaines sont armées de bâtons, de couteaux, de machettes, scandent des insultes racistes, et s’en prennent aux policiers.

La Ligue de Défenses des Noirs Africains est appelée en renfort et s’oppose aux manifestants.
Le samedi 11 septembre, elle profite de l’ouverture de la Mairie qui célèbre un mariage, pour manifester à son tour et demander une explication au Maire. Lequel se fait enfariner par un manifestant.

N’est pas Salomon qui veut

Des échauffourées dans sa propre ville est naturellement inacceptable pour un édile.
Le Rassemblement National, qui ne manque jamais une occasion pour racler les fosses sceptiques et tenter de récupérer à son profit les dépôts malodorants, monte au créneau contre les affres du cosmopolitisme.

Marc-Antoine Jamet, maire PS, décide alors de prendre l’affaire en main.
Affaire délicate, puisque l’affrontement oppose deux communautés musulmanes avec lesquelles la maire a tout intérêt à entretenir de bonnes relations.
La raison eût encore une fois dicté que les responsables de chaque communauté soient invités à dialoguer et se réconcilier.

Mais voilà, n’est par Salomon qui veut.
Dans le contexte de l’hystérie anti-musulmane qui agite actuellement notre pays, il convient de sanctionner plutôt que de réconcilier. Mais laquelle de ces communautés choisir comme coupable ?
Les kurdes de la commune, originaires de Turquie, ont exporté ici la question nationaliste et leurs revendications d’indépendance. Ce sont donc des adversaires résolus de l’Etat turc, et du gouvernement Erdogan en particulier. Et cela est bien pratique pour résoudre le dilemme.
Schématiquement, les turcs sont nos ennemis, les kurdes sont les ennemis des turcs, donc les kurdes sont nos amis, donc les sénégalais sont coupables. Pierre Desproges n’aurait pas dit mieux.

Et puis il y a ces Africains de la LDNA, ces étrangers à la commune, qui viennent jusque dans nos bras s’en prendre à nos fils et nos compagnes…

Avec le soutien du Préfet et du Ministre de l’Intérieur, le Maire porte plainte, et Gérald Darmanin, exige, comme de coutume, la dissolution de la LDNA, déjà demandée un an plus tôt par le Rassemblement National.

Il n’est pas question d’excuser l’attitude infantile des adultes qui se bagarrent comme dans une cour de récréation, au lieu d’agir en parents responsables et montrer l’exemple à leurs enfants, en éduquant leurs jeunes esprits au civisme, à la tolérance, au vivre ensemble.

Une « croisade » contre les associations anti-racistes

Mais cela n’excuse pas plus l’attitude des autorités qui préfèrent sanctionner une action anti-raciste et accorder son indulgence à des actes et propos discriminatoires. Quels que soient les torts ou les raisons de chacun, ceux-ci remettent les compteurs à zéro. Pierre Mendès-France disait « Le racisme ne se discute pas, il se combat ».
Il est regrettable que l’Etat Français s’en prennent systématiquement aux défenseurs de l’égalité des droits. Après le CCIF, la LDNA. A quant SOS racisme et Amnesty International ?

Egountchi Behanzin, le responsable de la LDNA, s’insurge cette décision, guidée, selon lui par des motifs purement politiques. « Emmanuel Macron espère séduire les électeurs de l’extrême-droite en sacrifiant un mouvement qui défend et aide les citoyens noirs que l’état français a abandonné à leur propre sort quand ils sont victimes de négrophobie. La LDNA n’a rien d’une organisation suprémaciste. Elle s’oppose simplement à la négrophobie.
Si les noirs ont besoin de se défendre contre les agressions et le racisme au quotidien, c’est uniquement parce que l’Etat ne fait pas son travail, qui est de protéger tous ses concitoyens, sans distinction de race ni de couleur.
Jamais la LDNA n’a prôné de quelque manière que ce soit une supériorité de la peau noire, ni poussé ses militants à des actes de vengeance contre les visages roses ! Prétendre le contraire c’est accuser de la rage le chien qu’on veut noyer.

« Ne reculant devant aucune forfaiture, certains nous accusent même d’être antisemites », ajoute Egountchi, « C’est une honte. Evidemment, jamais la LDNA n’a été antisemite.

Au contraire, nous considérons que là où il y a un antisemite il y a un Négrophobe. Nos aînés se sont sacrifiés pour protéger les juifs de France face aux nazis en combattant au sein des tirailleurs, pendant que d’autres français collaboraient avec les nazis pour les exterminer.
Cette scandaleuse accusation est grotesque mais nous étonne pas venant de l’oligarchie médiatique.

L’accusation d’antisémitisme est en quelque sorte devenue la carte joker que l’État français utilise chaque fois pour discréditer, entacher, puis dissoudre les organisations qui le dérangent.« 


« Mais »,
ajoute le leader de la LDNA « quoi que fasse le gouvernement, rien ne pourra dissoudre l’esprit de solidarité des opprimés que défend la LDNA. »

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