Qu’est-ce que la Taqiya ?
La notion de « taqiya » est l’une des plus utilisées par les anti-musulmans pour prouver l’hypocrisie de l’Islam. D’ailleurs, lorsqu’on tape ce mot sur Google, on tombe sur les termes « dissimulation », « perfidie », « tromperie », et sur des articles consacrés au Djihad, à Daech.
Pourquoi ?
Définition
Le mot taqiya, de l’arabe تقيّة (taqīyya) signifie « prudence » et « crainte ». Alors que le reniement de sa foi est, en Islam, comme dans toute religion, considéré comme un péché grave, l’Islam autorise exceptionnellement de cacher ou nier sa foi en cas de menace de mort ou de persécution, physique ou sociale (par exemple lorsqu’on est victime de discrimination)
La Taqiya est très utilisée dans l’Islam chiite, dans une acception très spécifique. Dans le sunnisme, c’est à dire pour la majorité des musulmans, la Taqiya se pratique dans une seule situation : celle de danger absolu pour le croyant. Elle s’appuie notamment sur la sourate 16,106
مَن كَفَرَ بِاللّهِ مِن بَعْدِ إيمَانِهِ إِلاَّ مَنْ أُكْرِهَ وَقَلْبُهُ مُطْمَئِنٌّ بِالإِيمَانِ وَلَـكِن مَّن شَرَحَ بِالْكُفْرِ صَدْراً فَعَلَيْهِمْ غَضَبٌ مِّنَ اللّهِ وَلَهُمْ عَذَابٌ عَظِيمٌ
« Celui qui renie Dieu après avoir eu foi en Lui – excepté celui qui y a été contraint, mais qui reste intérieurement fidèle à sa foi –, ceux dont le coeur s’est ouvert délibérément à l’impiété, sur ceux-là tomberont le courroux de Dieu et un tourment terrible » (16, 106).
Ce verset, selon un hadith authentique, a été révélé à la suite d’un événement qui s’est déroulé lors des persécution des premiers musulmans par les notables de La Mecque. Ceux-ci profitaient en effet largement des deniers dépensés par les pèlerins qui venaient adorer leurs dieux devant la Kaaba. Celle-ci avait au fil des temps perdu son lien abrahamique et était devenu un temple païen. L’Islam monothéiste constituait évidemment une menace pour ce fructueux commerce.
Les mecquois entamèrent alors une grande campagne d’extermination et d’intimidation à l’encontre des fidèles du Prophète. Ceux qui étaient pris étaient torturés jusqu’à ce qu’ils abjurent leur foi, et exécutés dans le cas contraire.
L’un des pires tortionnaires était un dénommé Abou Jahl , un homme d’une cruauté extrême. Il captura Ammar ibn Yasir, l’un des musulmans de la première heure, ainsi que ses parents également fidèles à la nouvelle religion. Soumaya, la mère d’Ammar, refusa de renier sa foi et fut assassinée par Abou Jahl, qui tua ensuite le père et le frère d’Ammar. Quant à ce dernier, il subit des tortures d’une telle barbarie, qu’il finit pas accéder à la demande des tortionnaires, renia l’Islam, et prononça des paroles d’adoration aux divinités mecquoises. Il fut alors relâché.
Il se rendit alors auprès du Prophète et, en pleurs, lui annonça qu’il n’était plus digne de lui car il l’avait trahi.
Le Prophète lui demanda alors comment était son coeur au moment où il avait renié sa religion. « Plein de sérénité et de foi » répondit Ammar. Le Prophète lui dit alors : « S’ils te torturent à nouveau, dis-leur la même chose ». Une révélation du Coran vint confirmer ce fait : un désaveu arraché par la torture ne compromettait en rien la foi du fidèle.
Une notion travestie
La définition de la Taqiya est claire : on a le droit de cacher sa religion seulement en cas de persécution pour soi ou les siens.
Or, dans les années 90, certains auteurs, notamment liés à l’extrême-droite, ont cherché à donner à ce terme une toute autre interprétation : celle du droit, pour les musulmans, de dissimuler leurs véritables intentions pour commettre des forfaits. Après les attentats du 11 septembre, cette pratique a naturellement été attribuée aux groupes extrémistes, les djihadistes, Al Qaïda, et Daesh.
En donnant cette interprétation, sachant que la Taqiya s’appuie sur le Coran, il était alors facile, pour les leaders d’opinion anti-musulmans, d’accuser les musulmans d’être, par essence, des menteurs et des hypocrites. ou de pratiquer le « double langage ». Cela leur permet également de montrer du doigt la « naïveté » de ceux qui veulent bien croire à la véracité des propos pacifiques et fraternels des responsables musulmans.
C’est ainsi que plusieurs livres sont parus, ces dernières années, avec pour simple titre « Taqiya ». Leurs auteurs, parfois d’origine arabe, ce qui leur donne un semblant de crédibilité, sont généralement qualifiés par les portes-paroles de l’islamophobie, de « fins connaisseurs de l’Islam » et régulièrement invités à ce titre sur les plateaux de télévisions ou dans les colonnes des journaux.
Si tu peux entendre tes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots….
Rudyard Kipling
Tu seras un homme, mon fils