FRANÇOIS PUPPONI OU LE BUREAU DES LÉGENDES

Le 14 juillet, la chaîne, d’inspiration musulmane, ÈRE TV recevait le député François Pupponi. Ancien maire de Sarcelles, grand pourfendeur de « l’islamo-gauchisme », François Pupponi est aussi un ardent défenseur de la cause arménienne, et nouveau président du Cercle d’amitié France-Artsakh, nom donné par les arméniens au Karabakh.
C’est là une des beautés de la démocratie : toutes les causes ont le droit d’être défendues avec talent, même les mauvaises.

Et celle-là est bien mauvaise, et celui- là a bien du talent.

C’est qu’il est sympathique Pupponi, avec sa façon bonhomme de dire les choses sur le ton de l’évidence, de la bienveillance et de l’impartialité « Moi, vous savez, je suis pour la paix, c’est tout  ». Tout comme Eric Zemmour, d’ailleurs. Pour l’avoir croisé sur les plateaux de télévision, je sais qu’il est sympa Zemmour, toujours affable, toujours souriant. Sympas. Quant à leur discours… un peu moins peut-être…

D’emblée, Pupponi assène ses vérités, litanies tant de fois entendues : le Karabakh est une terre historiquement arménienne. Elle a été offerte – peut-être par erreur – à l’Azerbaïdjan par Staline en 1921, alors que la région était peuplée à 80% d’arméniens. Les azerbaïdjanais ont agressé l’Arménie et détiennent des patriotes prisonniers, détenus dans des conditions difficiles.
Très bien. Sauf que tout cela est faux. Ce sont des légendes, habilement entretenues par les « historiens » arméniens qui, à force d’être répétées, inlassablement depuis des années et des années, finissent par être prises pour des réalités. Personne n’est là pour les contredire, pour la bonne raison que les historiens qui contestent cette vision ne sont pas invités. Et pourtant, ce sont des légendes. Un véritable renversement de l’histoire.

La communauté arménienne de France est nombreuse (elle représente presque la moitié de la population de l’Arménie), puissante, structurée, et installée depuis longtemps, et parfaitement intégrée. Un électorat qu’il faut bichonner. L’Azerbaïdjan, au contraire, c’est loin, n’a pas ou presque de diaspora en France.

LÉGENDE N°1 : LE KARABAKH EST HISTORIQUEMENT ARMÉNIEN

Eh bien non. En réalité, le Caucase est depuis toujours une région multi-ethnique. Des peuples divers s’y côtoient et, comme partout ailleurs, leurs relations sont parfois harmonieuses, parfois conflictuelles.

L’Azerbaïdjan choisira d’ailleurs d’accepter et d’encourager cette pluri-ethnicité. L’Arménie à l’inverse, préfèrera l’option nationaliste et mono-ethnique.

L’Azerbaïdjan est un des plus anciens lieux habités du monde. Quant au premier État connu, il remonte au 4ème siècle avant JC : l’Albanie du Caucase.
L’arrivée massive des Arméniens dans le Caucase est en revanche très récente et fruit des stratégies consécutives à la concurrence des Empires russe, perse et ottoman.

Forteresse d’Askeran, construite au XVIII siècle par Panakh Ali, Khan du Khanat de Karabagh. Elle est située dans la région de Khodjaly (Haut-Karabagh), occupée par l’Arménie à partir du 26 février 1992. (In Les réalités de Karabagh, Bakou, 2011, p. 68)

Au XVIII e siècle, la région était majoritairement peuplée de musulmans. Le Khanat de Karabagh fut rattaché à l’Empire Russe en mai 1805, mais reconnu comme territoire azerbaïdjanais. Le premier rapport officiel de l’administration russe du Caucase, publié le 19 juillet 1811, notait que le Karabagh était peuplé de 12 000 familles, dont 9 500 Azerbaïdjanaises de religion musulmane et seulement 2 500 familles arméniennes.
En 1823, un nouveau recensement établissait que le Karabakh comptait 20 000 familles, dont 15 729 étaient azerbaïdjanaises. (Conseiller d’Etat Mogilevski et colonel Yermolov, «Description de la province du Karabagh», établi en 1823 en vertu de l’ordonnance du directeur général en Géorgie, Yermolov, Tiflis, 1866)

«La Carte confessionnelle de Transcaucasie de la période 1886-1890».
(InTsoutsiyev A. Atlas de l’histoire ethnopolitique du Caucase (1774-2004). Moscou, 2006, p. 43.)

Cette répartition démographique, où les Arméniens constituent une minorité au Karabakh, persiste au XIXème siècle, malgré la politique de christianisation du Caucase voulue par la Russie. Dès 1724, Le Tsar Pierre le Grand avait initié, par un oukase signé le 10 novembre, une politique de remplacement démographique, en faisant venir massivement les chrétiens, notamment les Arméniens, dans les provinces persanes occupées par les russes. L’Empire russe se voulait le maître de la région. Après les confrontations militaires et diplomatiques avec ses voisins musulmans, perses et ottomans, le Tsar utilisa donc la guerre démographique en s’appuyant sur l’atout arménien.

Cette politique du « divide ut impera » – diviser pour régner – fut amplifiée par les successeurs de Pierre le Grand, notamment Nicolas 1er qui, en 1846, soutenait la création de colonies arméniennes en Azerbaïdjan «afin d’avoir une division entre les peuples similaires en religion et en coutumes»

Le géographe russe Nikolas Shavrov («Nouvelle menace pour la politique russe dans le Caucase du Sud» – Saint-Pétersbourg -1911) constatait qu’après les guerres russo-ottomanes de 1826-1828 «40 000 Arméniens de Perse et 84 000 Arméniens de Turquie ont été installés dans la Transcaucasie russe… la population locale sédentaire appartient à la tribu tatare de l’Azerbaïdjan qui, depuis les temps anciens, était située entre les rives de la Koura et Araxe». Il ajoute : « Plus d’un million sur 1,3 millions d’Arménienjs vivant dans le Caucase du Surd, n’étaient pas natifs du territoire, mais installés par nous »

Faits corroborés par l’historien arménien Chalkhouchyan : «tout succès des armées russes contre la Perse et la Turquie a été marquée par une nouvelle vague de populations arméniennes vers la Russie, comblée de faveurs et de privilèges»

La colonisation du Karabakh par les Arméniens se poursuivra ainsi pendant tout le XIXème siècle, sans parvenir pourtant à faire des nouveaux arrivants les maîtres de lieux.

LÉGENDE N°2 : STALINE A « OFFERT » LE KARABAKH À L’AZERBAÏDJAN EN 1921

La République d’Azerbaïdjan est proclamée le 28 mai 1918. L’Azerbaïdjan indépendant comprend les régions de Transcaucasie orientale et méridionale, y compris Karabagh, dont la majorité de la population est composée de musulmans azerbaïdjanais. Les représentants des «puissances alliées» reconnaissent d’ailleurs l’autorité du Gouvernement de l’Azerbaïdjan sur la région du Karabagh.

Le colonel Shuttelworth, commandant des troupes britanniques à Bakou, publie le 3 avril 1919 un communiqué dans lequel il exprime le soutien du commandement britannique à cette décision. (Communique officiel de la mission anglaise. Bakou, 3. 4. 1919. AMAE. CPC 1914–1940, série E (Levant), dossier Caucase-Kurdistan n°4, Fol. 102. )

Le 19 juin, le major général Corry, le commandant des troupes britanniques dans le Caucase, répond ainsi à la demande du Premier ministre arménien Khatissian de remplacer le gouverneur général du Karabagh azerbaïdjanais par un gouverneur britannique, assisté d’un représentant du gouvernement arménien :
« Il ne peut être permis que votre gouvernement ait des droits administratifs sur ce district. Vos frontières temporaires ont été très clairement définies et il n’y a pas de raison pour vous de les dépasser dans cette direction…Je regrette beaucoup que le gouvernement de Votre Excellence ait envoyé un émissaire à Karabagh avec des fonds pour la propagande et la provocation».
(Le major-général Corry, commandant des forces anglaises en Transcaucasie, à son Excellence le président du gouvernement de la République arménienne. Tiflis, 19. 6. 1919. AMAE. CPC 1914–1940, série E (Levant), dossier Caucase-Kurdistan n°5, Fol. 60-61.)

Le «Comité d’études», créé en février 1917 par Aristide Briand, en vue d’une future Conférence de la Paix de 1919 prend la même position.
Après l’annexion de l’Azerbaïdjan indépendant par les bolcheviks en avril 1920, la pomme de discorde des régions du Karabagh et du Zanguezour, qui aiguisent les appétits de l’Arménie, indépendante pour quelque temps encore, devient stratégique pour la Russie soviétique qui entend régir la région à sa manière.
Face à l’irrédentisme arménien, le Bureau du Caucase du Comité Central du Parti Communiste de Russie décide de maintenir son contrôle sur le Karabagh et le Zanguezour. Il s’agit à la fois de respecter l’appartenance de ces régions à l’Azerbaïdjan et d’en faire le point de départ de la future soviétisation de toute la Transcaucasie, un moyen de pression militaire et politique sur la Turquie et la Perse voisines.

D’autres responsables soviétiques, comme Georgi Tchitcherine, Commissaire du peuple aux affaires étrangères, souhaitaient en revanche déclarer ces régions comme « contrestées », et les placer sous le contrôle de l’armée soviétique, afin de disposer un point d’appui contre la Turquie : «Il nous faut établir des relations avec l’Arménie, car il peut arriver que si la Turquie se retourne contre nous, l’Arménie, même Dachnak, sera un avant-poste dans la lutte contre l’offensive des turcs. Cette possibilité devrait être prise en compte». Ceci jusqu’à ce que l’Arménie soit soviétisée.

Pour le commandant de la XIe Armée rouge. Ordjonikidzé, on aboutirait au même résultat en laissant ces territoires à leur propriétaire légitime, l’Azerbaïdjan, mais en les invitant à donner leur accorder l’autonomie, ce qui permettrait d’utiliser les Arméniens comme « avant-poste dans la lutte contre l’offensive des turcs. »

L’entrée de l’Arménie dans le giron soviétique le 29 novembre 1920, change encore la donne : L’Arménie, jusque là hostile à la Russie bolcheviste, devient une partie de la Russie soviétique, laquelle décide de lui offrir le Zanguezour. Cette région occupait géographiquement la partie sud-ouest de l’Azerbaïdjan et était peuplé principalement de musulmans. Selon le dernier recensement de l’Empire russe de 1917, 224 000 personnes vivaient sur son territoire, dont environ 119 700 musulmans et 99 300 arméniens. Ce cadeau, officialisé par le traité russo-arménien, du 2 décembre 1920 permet à l’Arménie soviétique d’obtenir une frontière avec l’Iran, tandis que l’Azerbaïdjan perd sa liaison terrestre avec la région azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, et avec la Turquie.

Le 5 juillet 1921, le pouvoir bolchévique décide de conférer une autonomie à la communauté arménienne du Karabagh, en créant l’Oblast autonome du Haut-Karabagh (OAHK), tout en rappelant son caractère azerbaïdjanais. Les termes de la décision sont clairs: «Partant de la nécessité de la paix nationale entre les musulmans et les Arméniens, les liens économiques entre le Karabagh supérieur et inférieur et ses liens constants avec l’Azerbaïdjan, maintenir le Haut-Karabagh en République soviétique d’Azerbaïdjan, en lui conférant une large autonomie régionale». ( Archives d’Etat russe de l’histoire sociopolitique (AERHSP), fonds 64, le Bureau du Caucase du CC PCR (b).)

Ainsi, la région du Karabagh, qui a toujours formé une entité administrative et économique unique, se trouve partagée entre une partie montagneuse autonome, peuplée par plus d’Arméniens que d’Azerbaïdjanais, et une zone de plaine, habitée principalement par des Azerbaïdjanais.

On voit qu’on est bien loin du « cadeau » de Staline à l’Azerbaïdjan, puisque c’est au contraire le Zanguedour dont il dépossède les azéris pour l’offrir aux Arméniens.

LÉGENDE N°3 : LE KARABAKH ÉTAIT À MAJORITÉ ARMÉNIENNE

On voit que si les Arméniens sont présents dans le Karabakh, c’est parce qu’ils y ont été amenés par la Russie, quelle fût tsariste ou soviétique. Les Arméniens étaient donc, à ce moment, un peu plus nombreux dans une partie du Karabakh, et beaucoup moins dans l’autre. Mais globalement, les musulmans étaient largement majoritaires dans le Karabakh, qui a toujours constitué une seule entité géographique et administrative.
Par ailleurs, on peut tout de même difficilement admettre que le fait qu’une ethnie soit légèrement majoritaire dans une région justifie une demande d’indépendance, surtout quand il s’agit d’une population importée.

D’ailleurs, ce que les défenseurs du Karabakh arménien omettent de préciser, c’est qu’à ce moment, le district d’Erevan, qui devint en décembre 1920 la capitale de l’Arménie soviétique, comptait le 73 300 Azéris et 69 700 Arméniens. En d’autres termes, les musulmans azerbaïdjanais constituaient la majorité de la population de sa future capitale. (Le Calendrier de Caucase sur l’année 1917, sous la rédaction de Stelmashuk, La section de statistique, « L’espace et la démographie de la région du Caucase pour le 1er janvier 1916 selon les données de l’administration d’ouezde », Tiflis, 1916, p. 218-221.)

Azéris expulsés du Karabakh
Mai 1992 – L’exode de la population azerbaïdjanaise à la suite à l’expulsion par les forces armées arméniennes.

Pour autant, les 300 000 azeris vivant en Arménie ont-ils demandé leur indépendance ? Non. Ils ne l’ont jamais fait. En revanche, les Arméniens craignaient que le prétexte du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », du droit à l’autodétermination, invoqué pour justifier la demande d’indépendance du Haut-Karabakh soit aussi invoqué en retour par les Azerbazïdjanais à propos des régions arméniennes à majorité azéris. Voilà pourquoi, dès 1987, ils entreprirent d’expulser les azéris, mais aussi les kurdes et les russes d’Arménie, dont c’était pourtant la terre natale. A partir de 1988, avec une Arménie à 10%% arménienne, ils pouvaient sans risque revendiquer le Haut-Karabakh.

Voir le témoignage de Zaur Sadigbayli : « Je suis né en Arménie »

LÉGENDE N°4 : LES ARMÉNIENS , UN PEUPLE PACIFIQUE

Dire qu’un peuple est violent est un jugement de valeur bien inconfortable à formuler. Mais lorsque celui-ci cherche en permanence à « mettre le singe sur l’épaule de l’autre », on se doit de rétablir les choses.

L’annexion des territoires azerbaïdjanais à l’Arménie et l’autonomisation du Karabagh ont été marquées par des atrocités commises contre la population musulmane locale et par une déportation massive de musulmans, Azerbaïdjanais et Kurdes, d’Arménie.
En février 1920, le Ministre britannique des affaires étrangères Lord Curzon, écrivit en ces sens une lettre au président de la Délégation de la République arménienne A. Aharonian à la Conférence de Paix à Paris : «Je suis contraint d’observer que vos compatriotes, surtout le parti Dachnak, dont je pense vous êtes membre, Monsieur Aharonian… que ce sont eux qui sont souvent à l’origine de la rupture de la paix. Vos trois chefs, Dro (Drastamat Kanayan), Harnazasp et Kulkhandanian sont à la tête des bandes qui ont détruit les villages tatars Azerbaïdjanais et ont organisé des massacres au Zanguezour, à Surmalu, Etchmiadzine et Zangibazar. C’est intolérable. »

Le commissaire français au Caucase Damien de Martel, rapporte, le 20 juillet 1920, à Alexandre Millerand, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères les faits suivants: «Les troupes arméniennes ont cerné 25 villages tatares habités par plus de 40 000 musulmans. Cette population trop près de la capitale pour voir des velléités d’indépendance, avait toujours été calme et paisible; elle fut chassée à coups de canon vers l’Arax et dut abandonner ses villages, qui furent immédiatement occupés par les réfugiés arméniens. Dans cette affaire, environ 4 000 personnes furent mises à mort, sans en excepter les femmes et les enfants, que les soldats arméniens noyaient dans l’Arax. Il ne m’a pas paru inutile de rapporter ces détails qui montrent que ce ne sont pas toujours les mêmes qui sont massacrés». (M. Damien de Martel, commissaire français au Caucase, à M. Alexandre Millerand, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, 20 juillet 1920, Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve, P 16674)


Le journal parisien «Le Temps» écrit, dans son numéro du 25 juillet 1920: «La situation des Musulmans en Arménie est devenue critique. Les persécutions en masse auxquelles se livrent le gouvernement d’Erevan et le Parti «dachnak» contre ces Musulmans, les massacres et les violences qui se sont renouvelés ces deux mois derniers poussent les débris des populations musulmanes à s’enfuir en Perse en abandonnant leurs foyers et leurs biens. Le gouvernement arménien a organisé une commission spéciale pour enregistrer les moissons abandonnées par les Musulmans et les Grecs dans le district de Kars. Dans le district de Zanguibazar, vers la fin de juin, une vingtaine de villages musulmans furent détruits à coups de canon et leurs habitants massacrés. À l’heure actuelle, la population musulmane de Transcaucasie se trouve prise entre Arméniens et bolchevistes. Le nombre des victimes dépasserait plusieurs dizaine de mille, en dehors de réfugiés».

Massacre de Khodjaly
Le massacre de Khodjaly

Pendant l’occupation arménienne du Karabakh, les violences se sont poursuivies. On rappellera simplement le massacre de Khodjali, en février 1992, où 800 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, ont été sauvagement assassinées.

LÉGENDE N°5 : LE HAUT KARABAKH DEVRAIT ÊTRE INDÉPENDANT EN VERTU DU DROIT À L’AUTODÉTERMINATION

En dehors du fait que ce point aurait très bien pu être invoqué par les Azerbaïdjanais avant l’épuration ethnique de 1987, il faut rappeler que ce droit ne s’applique pas dès lors qu’il est réclamé pour un territoire reconnu par les Nations Unis comme faisant partie intégrante d’une nation membre, au nom du principe d’intégrité territoriale et d’intangibilité des frontières.

En 1993, le Secrétaire Général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, déclarait, lors d’un débat sur CNN : « L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont tous les deux membres des Nations Unies. Ainsi, nous avons reconnu l’intégrité territoriale de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le Haut-Karabakh est une partie de l’Azerbaïdjan, donc l’Organisation des Nations Unies ne peut pas promouvoir l’indépendance du Haut-Karabakh ».
Il ajoute, dans son rapport « Agenda pour la paix »  : « Si chaque groupe ethnique, religieux ou linguistique réclame un Etat, il n’y aura pas de fin à la fragmentation qui prendrait place dans le monde. La paix, la sécurité et le bien économique pour le monde entier deviendraient même beaucoup plus difficile à réaliser »
Après tout, qu’un groupe mette en avant son identité pour demander son autodétermination, cela n’a rien d’illégal en soi. La France a connue une situation similaire avec avec le FLNC en Corse ou le FLB en Bretagne. Ce qui ne l’est pas, c’est l’usage de la terreur, l’attaque des populations civiles, la destruction de bâtiments.
Or, les Arméniens du Haut-Karabakh ont profité de l’autonomie qui leur avait été accordée par l’Azerbaïdjan pour expulser 40 000 azerbaïdjanais . Si on ajoute les 250 000 azéris expulsés d’Arménie en 1987,les attaques des forces arméniennes contre 7 autres régions limitrophes, et les actes de terrorisme destiné à faire fuir les azéris de chez eux, ce sont au total 700 000 musulmans qui ont été chassés de leurs terres natales. Aujourd’hui, cela représente 1 million de réfugiés. Valent-ils moins que les 150 000 arméniens du Karabakh ?

LÉGENDE N°6 : LES AZERBAÏDJANAIS RASENT LES ÉGLISES ARMÉNIENNES

C’est exactement le contraire. Aucune église n’a été détruite par les Azerbaïdjanais. L’Eglise arménienne de Bakou se trouve sur la place principale, et sa bibliothèque renferme des ouvrages rares soigneusement préservés. Les 40 000 arméniens vivant à Bakou aimeraient d’ailleurs voir à nouveau leur église ouverte au culte, ce que les autoirités religieuses arméniennes refusent pour le moment.

Mosquée détruite à Aghdam

«Mosquée Juma Aghdam» dans la ville d’Aghdam, saccagée par les forces armées arméniennes.


Les églises soit-disant arméniennes du Karabakh sont en réalité des églises Albaniennes-Oudies qui ont été transformées au moment de l’occupation arménienne. Après la défaite de l’Arménie, les responsables religieux ont arraché les éléments qu’ils avaient ajoutés, endommageant ainsi encore plus les édifices.
En revanche, les mosquées ont été systématiquement détruites ou transformées en étable. Mais pas seulement, les ouvrages chrétiens non arméniens, qui n’ont pas été transformés ont été également détruits, comme le monastère de Khudaveng, situé dans le village de Veng dans la région de Kelbadjar .


Monastère de Khudaveng, situé dans le village de Veng (Région de Kelbadjar occupée en avril 1993). Datant de VI-VII siècle, fut construit à l’époque de l’ancien Etat d’Albanie du Caucase qui a existé du IIe siècle avant J.-C. au VIIe siècle de notre ère sur le territoire actuel de la République d’Azerbaïdjan.

Plus encore, les Arméniens n’étant pas assez nombreux pour investir toutes les villes du Karabakh, ont tout simplement détruit celles qu’ils ne pouvaient occuper, afin d’effacer tourte trace de la présence azérie. Ainsi, par exemple, le très joli village d’Aghdam, qui possédait un théâtre, un hôpital, des écoles, un musée, de jolies places, des restaurants renommés, a été entièrement laissé à l’état de ruines.

Aghdam était une jolie ville du Karabakh
Ce qu’il en reste après 30 ans ans d’occupation. Photo © Jean-Michel Brun


Le bilan de l’occupation arménienne au Karabakh depuis 1993 est terrifiant : 7 093 établissements publics, 927 bibliothèques, 4.6 millions de volumes de livres et de manuscrits, 6 théâtres, 85 écoles de musique, des milliers d’entreprises industrielles et agricoles ont été détruits. 706 monuments historiques et architecturaux, 22 musées, 26 forteresses et murs de forteresses, 57 mosquées, 125 temples et églises, 58 sites archéologiques, 215 sites naturels, 260 311 hectares de forêt, 163 gisements minéraux ont été saccagés et pillés.

Voir notre article : « 27 ans après, Layla retrouve son Karbakh natal dévasté »

Il est à remarquer également que l’Azerbaïdjan n’a jamais poussé la guerre jusque dans le territoire arménien. En revanche, des villes azerbaïdjanaises comme Fuzuli ou Ganja, situées à plusieurs dizaines de kilomètres de la zone de conflit, ont été bombardées.

LÉGENDE N°7 : L’AZERBAÏDJAN REFUSE DE RENDRE DES PRISONNIERS DE GUERRE ARMÉNIENS


Pas facile de trouver un conflit où les belligérants ne s’excusent pas mutuellement de conserver des prisonniers de guerre. Suite à la Déclaration du 10 novembre 2020, l’Azerbaïdjan a remis plus de 70 prisonniers de guerre, ainsi que les corps de plus de 1500 militaires arméniens morts, découverts grâce à l’appui de l’armée azerbaïdjanaise.
Le problème le plus délicat se pose pour les commandos arméniens qui ont continué à attaquer les villes azerbaïdjanaises après le cessez-le feu, et on placé des mines sur les routes et dans les champs, mettant en danger la vie des civils.
Ceux-là sont considérés comme des terroristes par l’Azerbaïdjan, mais ont déjà été utilisés, et le seront sans doute encore par le gouvernement arménien, comme monnaie d’échange : les prisonniers contre les cartes des mines, que les autorités arméniennes délivrent au compte-goutte, alors que les mines continuent à tuer et blesser des civils. Pas très conforme aux conventions de Genève…

Lire notre article : « Mines anti-personnel dans le Haut-Karabakh : la France doit réagir »

Lire notre article : 15 prisonniers arméniens contre une carte des mines »

D’autres légendes concernant ce conflit ont la vie dure : « Les Arméniens ne souhaitent qu’une solution pacifique, ce que l’Azerbaïdjan refuse », « Il s’agit en fait d’une guerre de religion ». En tous cas, il n’est pas certain qu’en soutenant les extrémistes arméniens, François Pupponi, comme d’autres politiciens français, contribue à l’établissement de la paix.
Musulmans chiites, sunnites, chrétiens orthodoxes, juifs, catholiques, vivent en harmonie en Azerbaïdjan, pays qui a fait de la laïcité inclusive un principe constitutionnel. Les Arméniens d’Azerbaïdjan font partie intégrante de cette communauté. Laissons-les vivre en paix.

Jean-Michel Brun

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