L’universalité du langage scientifique du Coran

Par Abdelilah Benmesbah

Dans son évocation de l’univers, le Coran a utilisé un langage scientifique où chaque terme, chaque lettre et chaque voyelle a sa signification et sa raison d’être. Un langage dont le choix terminologique très approprié est d’une exactitude linguistique sans équivoque et d’une précision  scientifique incomparable.

La naissance de l’univers que la cosmologie moderne qualifie de « Big Bang » qui, dans la littérature scientifique,  signifie la grande explosion, sachant qu’une explosion laisse penser à une dispersion chaotique sans aucun ordre, le Coran l’a désignée par « fente de rapiéçage » :

Les incroyants n’ont-ils pas vu que que les cieux et la terre formaient une masse compacte que Nous avons ensuite disloquée  (XXI, 30),

Le texte emploie ici les termes « رتق » qui désigne une pièce reprisée sur un tissu, et « فتق », qui représente l’action de découdre ces pièces. Il s’agit donc plutôt d’une séparation ordonnée qui s’est faite d’une façon régulière et bien calculée entre deux entités (les cieux et la terre) qui, à l’origine, formaient une masse compacte.

Dans ce contexte, les études astronomiques des Français Daniel Benest et Claude Froeschle et du Suédois Hans Rickman (Benest & al., 1989), déduites de l’analyse de la nature des comètes, ont permis de montrer que le système solaire aurait commencé à partir d’un nuage constitué de molécules d’hydrogène, d’hélium ainsi que de poussières et quelques matières minérales et organiques riches en carbone et en substances volatiles. Ces éléments se sont tous rassemblés dans ce que ces chercheurs qualifient de « fumée dense » de laquelle émergeait l’univers.

Ces déductions rejoignent la description coranique qui annonce :

Il (Allah) s’est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu’a la terre : « Venez tous deux, bon gré, mal gré ». Tous deux dirent : « Nous venons obéissants ». Il décréta d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel le plus proche de lampes (étoiles) et l’avons protégé. Tel est l’ordre établi par le Puissant l’Omnipotent.) (XLI, 11-12).

D’un autre coté, et comme il apparaît dans les études de l’astronome américain Trinh Xuan Thuan (Thuan, 1986), après la naissance du soleil, une infinité de particules de natures diverses restent autour du soleil et gravitent suivant des orbites différentes et avec des vitesses variables. Il s’ensuit alors l’attraction des petites particules par les grandes et la formation d’agrégats qui évoluaient en masses planétaires. Certaines ont explosé dans l’univers alors que d’autres ont donné des planètes qui ont évolué durant des dizaines de millions d’années pour se placer dans leurs propres orbites et graviter autour du soleil. Le système solaire s’organise alors harmonieusement dans un mouvement où c’est l’équilibre entre les forces dynamiques internes des astres et les forces d’attraction extérieures qui en détermine l’ordre. De sorte que l’astre gravite dans son orbite suivant une trajectoire définie par le parfait équilibre entre sa force dynamique interne et les forces de gravité extérieures. Ce mouvement gravitaire des astres contrôlé par cette force planétaire interne qui permet à l’astre de s’équilibrer avec l’extérieur, a été exprimé  dans le langage coranique par le terme arabe « sabaha » (voguer) qui désigne un mouvement généré par une force interne qu’exerce un organisme pour se déplacer dans un fluide. Un mouvement qui permet à la lune de graviter harmonieusement autour de la terre et à la terre avec sa lune autour du soleil, ainsi de suite.

Et c’est Lui qui a créé la nuit et le jour, le soleil et la lune, chacun voguant dans son orbite (XXI, 33).

Ces déductions concernent notre galaxie, alors qu’il y a des milliards d’autres galaxies dans l’univers. Les étoiles qui remplissent cet espace illimité céleste sont en nombre infini et opèrent des déplacements à vitesses excessivement élevées de l’ordre de centaines de kilomètres par seconde, de sorte qu’une étoile peut parcourir 10 milliards de kilomètres en une année.

Donc, ce que nous voyons de ces étoiles n’est que l’image de la lumière envoyée sur l’étoile puis réfléchie sur notre système de vision au temps (t + &t) et non pas sa position réelle au temps t. Cela étant car les étoiles sont en perpétuel mouvement et l’image de l’étoile doit parcourir 300 000 kilomètres par seconde pour arriver à notre système de vision. Or puisque l’astre aurait ainsi changé de place pendant le temps de parcours de la lumière entre sa position initiale et le moment de notre réception de l’image qui dans l’immensité de l’univers est très décalé, ce que l’observateur voit au temps (t + &t) n’est que la position d’un astre au temps t qui fait partie du passé. Comme lorsqu’on voit se coucher le soleil, on ne voit en réalité que sa position, alors qu’à cet instant son corps s’est déjà couché il y a 8 minutes 20 secondes. Et plus l’astre est lointain, plus cet intervalle de temps &t est grand. De sorte que la position de certains astres excessivement éloignés peut nous parvenir encore, alors que ceux-ci sont déjà éteints. C’est avec une telle précision que Dieu fait serment de la noblesse de Son Livre :

Non ! …Je jure par les positions des étoiles (dans le firmament), et c’est vraiment un serment solennel, si vous saviez, que c’est certainement un Coran noble dans un livre bien gardé que seul les purifiés touchent. (LVI, 75 – 80).      

Un univers aussi mouvant n’est en fait que la révélation de l’état d’explosion qu’enregistre le cosmos et qui se traduit par l’expansion permanente de ses galaxies. Comme l’a expliqué le physicien américain Steven Weinberg (Weinberg, 1978) : si on prend trois galaxies A, B, C, équidistantes et alignées sur la même droite, on trouve que C s’éloigne de B par la vitesse V1 et B s’éloigne de A par la vitesse V2, avec V1 = V2, alors que C s’éloigne de A par la vitesse V3 égale au double de V1 et/ou de V2.

Cette constatation qui est à la base des principes de l’astronomie (Hubble, 1936), permet de comprendre que la vitesse d’éloignement entre galaxies augmente proportionnellement en fonction de la distance qui les sépare. Ce qui met en évidence que les galaxies sont soumises à un processus de distension et permet de dire qu’elles formaient à l’état initial une seule entité (une masse compacte, comme il est décrit dans le Coran en v.30, s. XXI; cf. supra). D’où la preuve que l’univers vit une expansion bien ordonnée qui a lieu d’une façon uniforme et isotrope dans toutes les directions.

Ce phénomène constant attesté par les données expérimentales est très énigmatique car en expliquant l’extension par la très faible densité des corps célestes dans l’univers, les chercheurs se sont trouvés face au problème de l’attraction gravitaire entre ces corps. Ce qui leur a permis de constater qu’il y a ce qu’ils avaient surnommé un « antiunivers », qui, malgré l’attraction gravitaire des astres, impose leur expansion. Constatation qui prouve qu’il existe une force supérieure qui tend à étendre l’univers sans qu’il n’y ait la moindre disproportion. Chose qui en 1998 a poussé deux équipes de recherche internationales, le Supernova Cosmology Project et le High-Z Supernova Team à publier leur surprenante constatation en annonçant (Debroise, 2002) : « Des supernovae lointaines s’éloignaient de nous à une vitesse bien supérieure à ce qu’elle aurait dû être. L’explication avancée : l’expansion de l’univers s’accélère. Comme si une mystérieuse force, baptisée énergie sombre, s’opposait à la gravité qui tend de son côté à contracter l’univers. Et si cette énergie sombre était de l’antigravité générée par un antimonde ? ». Preuve scientifique qui laisse deviner l’existence d’un autre monde qui gouverne le nôtre:

Le ciel, Nous l’avons construit par Notre puissance et Nous l’étendons (constamment) dans l’immensité

précise ainsi le Coran (LI,  47). Une force supérieure existe donc qui, dans une harmonie incomparable, s’oppose à la contraction de l’univers, opérant de manière continue son extension.

Cette extraordinaire harmonie de l’univers révèle un état parfaitement homogène que Steven Weinberg (1978) décrit ainsi : «..si l’univers est isotrope autour de nous, il doit l’être au voisinage de toute galaxie typique. Mais d’autre part, tout point de l’univers peut être transporté en tout autre par une série de rotation autour de centres fixes, donc si l’univers est isotrope au voisinage de tout point, il est aussi nécessairement homogène ».

Cette interprétation de l’homogénéité de l’univers rejoint en quelque sorte l’image que donne la description coranique du bâti céleste qu’elle considère comme une page à plier ou à déplier, donc de matière homogène :

Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres. Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons) (XXI,  104).

Une image qui paraît s’éclaircir aujourd’hui puisque la cosmologie moderne parle de deux états d’univers clos : initial et final, qui englobent un état intermédiaire d’expansion en courbe à cloche d’univers ouvert. Les deux théories, celle du « Big Bang » désignant la grande explosion, à l’origine de l’ouverture de l’univers et celle du « Big Crunch » désignant la grande contraction à l’origine du closed univers, en formulent la meilleure illustration.

D’un autre coté, on note à travers la navigation dans les sites internet de la NASA que l’évolution des connaissances sur l’univers a imposé une évolution parallèle de la terminologie cosmique utilisée : on y parle d’expansion pour désigner le critère dynamique de l’univers, de construction cosmique (cosmic building), pour son état d’architecture, de tissu cosmique (cosmic web), pour son état de structure, d’homogénéité, pour l’état de texture qui assure sa cohérence, de perles (beads on a string), pour désigner ses objets d’ornementation (les étoiles) qui embellissent sa construction, et même de briques, de murs, de ponts et d’autres formes architecturales qui font allusion à une véritable construction, en conformité, donc, avec le langage coranique (cf. notamment les versets cités supra relatifs à l’expansion de l’univers).

Ainsi d’après des reconstitutions spatiales faites à l’aide de superordinateurs, Paul Meller, décrit sur un site de la NASA le processus suivant : « Les premières galaxies ou plutôt les premières briques de la construction galactique se seraient constituées à l’intérieur des filaments du tissu [i.e. du tissu céleste]. Quand elles ont commencé à émettre de la lumière, alignées à la manière de perles sur un fil, elles ont rendu visibles les filaments [la structure], qui jusqu’alors, ne l’étaient pas. » (site n° 1).

Cet état de l’univers qui fait de sa matière une structure tissée (cosmic web), dans laquelle les galaxies seraient rangées le long de filaments comme des perles sur un fil, rappelle en quelque sorte l’image que donne le Coran de la constitution céleste sur laquelle Dieu fait serment pour affirmer l’erreur des mécréants :

Et par le ciel à sentiers tissés. Vous divergez sur ce que vous dites) (LI,  7 – 8).

Image qu’Al Kortobi, dans son interprétation, a comparée au tissage d’une toile par le tisserand et qu’Ibn Kathir a orné d’étoiles brillantes similaires aux perles décrites actuellement par les cosmologues modernes. Ces interprétations étaient bien sûr inspirées de versets coraniques tels que le verset 6 de la sourate L qui dit:

N’ont-ils donc pas observé le ciel au dessus d’eux comment Nous l’avons bâti et embelli, et comment il est sans fissure ?

ou aussi le verset 5 de la sourate LXVII qui dit :

Nous avons effectivement embelli le ciel le plus bas de lampes (étoiles)

On constate donc que la science, en découvrant les secrets de l’univers, lève petit à petit le voile sur l’exactitude du langage cosmique prédit par le Coran. Mais, malgré ses acquisitions qui tendent à rejoindre dans leur terminologie le langage coranique révélé il y’a 15 siècles, de grandes zones sombres restent à dévoiler. Cela étant car la connaissance scientifique de l’univers n’est acquise que de ce qui est réfléchi par sa lumière. Or ce champs illuminé ne dépasse pas 5%, alors que 95% des composants de l’univers restent inconnaissables vu l’état d’obscurité qui empêche toute visibilité. Un état que le Coran n’a manqué de préciser à ceux qui dénient sa véracité afin qu’ils réfléchissent :

Et même si Nous ouvrions pour eux une porte dans le ciel, et qu’ils pussent y monter, ils diraient : « vraiment nos yeux sont voilés. Mais plutôt, nous sommes des gens ensorcelés » (XV, 14-15).

Une réflexion dont l’odyssée a toujours été mouvementée d’une histoire naturelle dont l’homme fût le principal acteur : vicaire de Dieu et secret de cet univers. Réflexion qui se conforme avec la conclusion que Steven Weinberg (Weinberg, 1978) est parvenu à établir dans son essai intitulé « Les trois premières minutes de l’univers » : «Il est quasiment impossible aux êtres humains de ne pas croire qu’il existe une relation particulière entre eux et l’univers, que la vie n’est pas seulement l’aboutissement grotesque d’une suite d’accidents remontant dans le passé jusqu’aux trois premières minutes, mais que, d’une certaine façon, nous fûmes conçus dès le commencement». Une conclusion formulée sept siècles plus tôt en termes imagés par le philosophe spiritualiste andalou Ibn Arabi pour qui l’homme constitue en quelque sorte « le pilier des cieux et de la Terre : le monde, sans lui, est dénué de sens. Aussi, le jour où l’homme disparaîtra, les cieux s’effondreront sur la Terre, et la vie quittera ce monde pour l’Autre. »

Références bibliographiques :

Benest D., Froeschle C. & Rickman H (1989) – La dynamique des comètes. La recherche, 214 : 1172-1183.

Hubble E.P. (1936)- The Realm of the Nebulæ, Yale University Press, New Haven.

Thuan T.X. (1986)- « La formation de l’Univers », La recherche, 174 : 172-181.

Weinberg S. (1978)- Les trois premières minutes de l’Univers, éd. Seuil, Paris, 211 p.

Site n° 1 :http://map.gfsc.nasa.gov/m_uni/uni_101forstpnj.html       

ابن عربي (المتوفى سنة 628 هجرية) – الوصايا، طبعة دار الجيل، بيروت، 1988، 280 ص..

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Le Pr. Abdelilah Benmesbah enseigne à la Faculté des Sciences de l’Université Ibn Tofail de Kenitra, au Maroc, au Laboratoire Géorisques du Département de Géologie. Il est l’auteur du livre « La Terre…un objet de science qui parle transcendance » paru aux Editions universitaires europeennes en 2019

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