UKRAINE : EST-CE SI SIMPLE ?

L’armée russe ne s’est pas contentée d’appuyer les séparatistes du Donbass. Elle a envahi l’Ukraine, bombardé l’aéroport de Kiev. Les colonnes russes sont à quelques kilomètres de la capitale, prêtes à s’en emparer. Les puissants croiseurs ont anéanti la minuscule garnison de l’île aux serpents, dont les soldats sont devenus, aux yeux du monde, des héros. Comme Volodymyr Zelensky, le courageux président qui ne craint pas les démonstrations de force de son gigantesque voisin. Le monde est horrifié par une telle violation du droit international, qui fait voler en éclat le principe intangible de souveraineté nationale. Le monde horrifiée se ligue, dans une union sacrée pour la justice et les droits de l’homme, afin d’imposer à la Russie les sanctions qu’elle mérite.
Mais est-ce aussi simple ?

Certes Vladimir Poutine défend sans ménagement son pré-carré, menace la Finlande, la Suède, les pays baltes de représailles s’ils cèdent aux sirènes de l’OTAN. Mais la Russie n’a jamais exporté la guerre au-delà de ces frontières, pas plus que la Chine d’ailleurs. Tout au contraire des Etats-Unis, qui sont allés porter le fer et le feu au Vietnam et au Moyen-Orient, qui ont soutenu, financé et armé  les mouvements d’opposition dans les pays satellites de la Russie, y compris l’Ukraine, pour la fragiliser. Les Etats-Unis qui continuent à chercher à dominer l’économie mondiale, à lui imposer ses propres règles, et utiliser cette puissance économique pour soumettre les autres pays à ses propres intérêts, contraindre les autres pays, à rompre des contrats déjà signés, comme récemment entre la France et l’Australie. Du coup, les sanctions économiques, comme le blocage de Swift par un occident unanime, commence à paraître suspect.
Non, ce n’est pas si simple.

Mais aux Etats-Unis même, la révolte gronde. Les images montrant les militaires ukrainiens empêchant les africains, les arabes et les afghans de monter dans les bus pour laisser la place aux « blonds » font le tour des réseaux sociaux. Les mouvements anti-racistes américains, comme “black lives matter” se mobilisent. L’Ukraine est en train de perdre la bataille de l’image, et  l’opinion américaine vacille. En contrepoint à  l’union sacrée occidentale, commencer à émerger celles des opinions publiques des pays tiers :  Afrique, Afrique du Sud, et peut-être bientôt l’Orient plus extrême.
Non, ce n’est pas si simple.

Guerres économiques, guerres militaires, c’est comme si l’humanité ne pouvait se côtoyer que dans l’affrontement. « L’humanité devra mettre un terme à la guerre, ou la guerre mettra un terme à l’humanité » a dit John Kennedy… Celui-là même qui engagea la guerre du Vietnam. Non, vraiment, ce n’est pas si simple.

Jean-Michel Brun

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