La Cour Internationale de Justice vient d’intimer l’ordre à Israël de cesser immédiatement le actions qui pourraient être assimilées à un « génocide ». Elle se prononcera plus tard que la qualification de génocide à propos des attaques de l’État hébreu qui ont déjà fait 30 000 victimes, en majorité des civils, femmes et enfants surtout.
La réaction de Netanyahu ne s’est pas fait attendre : il a accusé des employés de l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, d’avoir participé aux opérations du Hamas le 7 octobre dernier. Une accusation non vérifiée qui a conduit l’UNRWA à se séparer des personnes incriminées sur la seule base d’informations provenant des autorités israéliennes. Aussitôt, sans que la moindre enquête impartiale n’ait été menée, plusieurs pays, d’abord les Etats-Unis et le Royaume-Uni, puis par réflexe de Panurge, l’Italie, le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni, la Finlande, l’Allemagne, le Japon… et la France, on décidé de suspendre leur aide à l’organisme des Nations Unies. La Norvège a en revanche fait savoir qu’elle maintenait son financement, de même que l’Irlande, l’Écosse, la Belgique, le Luxembourg. La Slovénie a doublé son financement, le Portugal a ajouté 1 ml d’€, l’Espagne a triplé son financement.
« La France n’a pas prévu de nouveau versement au premier semestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs » a déclaré dans un communiqué le ministère des affaires étrangères, évoquant des accusations d’une « exceptionnelle gravité ».
Une violation de la décision de la CIJ et de la convention pour la prévention et la répression du génocide
C’est donc sur des accusation totalement arbitraires, mais rendues crédibles par le seul fait qu’elles proviennent d’Israël, que les réfugiés palestiniens, réfugiés en raison des seules persécutions de Netanyahou, se voient privés de l’aide financières de Nations Unis, au risque de rendre leur situation de détresse humanitaire encore plus désespérée. Rappelons que la France avait versé 60 M € à l’UNWRA en 2023.
Une attitude de mépris pour la vie des palestiniens et des employés de l’UNRWA qui travaillent dans des conditions extrêmement dangereuses à Gaza que dénonce Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés, Selon elle, la décision de ces pays de supprimer l’aide aux Palestiniens revient à « désobéir ouvertement à l’ordre de la CIJ », et pourrait même violer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. « C’est une décision qui entraînera des responsabilités légales – ou bien qui verra la fin du système international de justice» a-t-elle précisé, en rappelant que la CIJ avait ordonné de « permettre une aide humanitaire efficace » pour les habitants de la bande de Gaza.
Il s’agit donc d’une attitude internationale qui ajoute la honte au mépris, et une consternante manœuvre de Netanyahu pour détourner l’attention de la communauté internationale des massacres de civils perpétrés à Gaza. Une accusation sans fondement qui n’aurait dû provoquer que le scepticisme de la communauté internationale si celle-ci n’était pas aussi asservie aux diktats de Netanyahu, lequel a tout simplement répondu à la CIJ que rien ne l’arrêtera dans sa volonté d’en finir avec Gaza, sans que cela ne soulève la moindre protestation de la part des pays qui ont été si prompts à s’indigner de la supposée participation de 12 employés de l’UNRWA au attaques du 7 octobre.
Même Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, qui rappelle que « Deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide critique de l’UNRWA pour leur survie au quotidien » et que « les dizaines de milliers d’hommes et de femmes qui travaillent pour l’UNRWA, beaucoup dans des situations parmi les plus dangereuses pour des travailleurs humanitaires, ne devraient pas être pénalisés », n’a pu s’empêcher de se soumettre aux injonctions de Natanyahu et
de bredouiller que « Les présumés actes abjects de ces employés doivent avoir des conséquences », alors que ces accusations ne s’appuient que sur la parole d’un premier ministre hystérique et sanguinaire.
Un retour au mythe de la « terre promise »
La politique de Netanyahu, il l’a rappelé à plusieurs reprises dans le passé, reste basée sur le mythe biblique de la « terre promise », et sur celui, qui fit flores au moment de la création d’Israël, de la « terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Un mot d’ordre d’un racisme inouï qui ne vise pas seulement à exterminer un peuple en raison de sa nature, mais, peut-être pire, de nier purement et simplement son existence. Un slogan qui a littéralement galvanisé en son temps les commandos terroristes de l’Irgoun et du groupe Stern.
Benyamin Netanyahu, qui veut, depuis longtemps, exclure les Palestiniens de la gestion de leur propre sort, et les voir purement et simplement disparaître de la région, a toujours considéré le soutien financier international aux réfugiés comme une épine dans le pied qui l’empêche d’écraser, comme il en rêve, la population palestinienne. Il vient de gagner là une belle victoire tactique après le camouflet de la CIJ, ce qui a fait dire au chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, que « l’UNRWA ne fera pas partie de la solution à Gaza après la guerre ».
Ainsi, les attaques meurtrières de Tsahal contre la population palestinienne peuvent continuer en toute impunité. Alors que la ville de Khan Younès, décrétée par Israël comme une place forte du Hamas, comme il l’a d’ailleurs fait pour toutes les autres villes de Gaza, subit un déluge de feu, des milliers d’hommes de femmes et d’enfants, fuient les tirs des chars israéliens avec comme seuls bagages de dérisoires baluchons de fortune.
Selon Médecins sans frontières, la « capacité chirurgicale » de l’hôpital Nasser est « quasiment inexistante » et les « quelques membres du personnel médical qui sont restés doivent composer avec des stocks de matériel médical très faibles ». « Il reste actuellement 350 patients et 5 000 personnes déplacées dans l’hôpital … L’hôpital est à court de carburant, de nourriture et de fournitures », a ajouté Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Croissant-Rouge palestinien a une nouvelle fois condamné samedi le siège « pour le sixième jour consécutif » de son hôpital, Al-Amal, par l’armée israélienne. Dans pratiquement toutes ses guerres, Tsahal s’en prend, sous des prétextes divers, aux hôpitaux, afin de les empêcher de soigner des combattants qui une fois guéris seraient susceptibles de reprendre les armes. Telle est « l’armée la plus morale du monde ».
Dans ces conditions, quel est le réel impact de la décision de la Cour Internationale de Justice ? Si l’Afrique du Sud, le Brésil, le Chili, l’Égypte, l’Espagne, l’Iran, l’Irlande, le Mexique, la Namibie, le Pakistan, le Qatar, la Slovénie et la Turquie ont approuvé cette décision, ainsi que l’Union européenne, la France continue de craindre de froisser Israël en prenant ses distances à l’égard de la CIJ et en soulignant « l’importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention ».
En d’autres termes, le Hamas fait 1200 victimes dans une attaque contre Israël : c’est une immonde tuerie, un génocide, un pogrom, que le monde condamne unanimement. Israël massacre 30 000 personnes à Gaza, dont une majorité de femmes et d’enfants, coupables d’être simplement palestiniens, il ne faut pas se précipiter pour le condamner, il ne l’a peut-être pas fait exprès.
Le mépris et la honte.