Par Sadek SELLAM
Historien, spécialiste de l’islam en France
Rémi Brague est un philosophe et historien, membre de l’Institut. Il vient de publier, aux Éditions Gallimard, un ouvrage intitulé « Sur l’Islam ».
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Monsieur,
Je me souviens de vos chroniques sur l’Islam dans le Figaro, que je lisais avec attention, parfois avec intérêt. Vous y procédiez souvent par affirmation, sans jamais éprouver le besoin de confronter vos vues à celles d’autrui. Ce que pensent les musulmans, même érudits, vous intéressait encore moins. Dans toutes les « affaires » abordées par vous dans le quotidien où Raymond Aron tordait le coup aux mythes de l’époque, vous n’avez jamais cherché à dialoguer avec quelque musulman instruit. Ce prestigieux journal, si attaché au pluralisme et si soucieux d’impartialité, devient approximatif et, parfois, inexact dès qu’il s’agit de l’Islam. Vos brillantes chroniques n’y auront rien changé.
Vous rappeliez régulièrement que vous n’êtes pas « islamologue ». Il n’y a aucun inconvénient à cela, car les problèmes de l’Islam sont trop importants pour qu’ils soient laissés à une coterie de chercheurs conscients de leur rareté et pratiquant l’entre-soi qui les enferme encore plus dans leur tour d’ivoire. On pouvait s’attendre à voir vos interventions remettre en cause le monopole revendiqué et exercé avec succès par des islamo-politistes sécuritaires. Malgré leurs succès politico-médiatico-financiers, ces acteurs de la politisation des études islamiques ne réussissent pas arrêter le déclin majestueux de l’islamologie française. Leurs financements exorbitants(aux dépens d’équipes de recherche plus méritantes, mais réduites à la portion congrue), leur surmédiatisation et la citation de leur prose par des présidentiables intéressés par les votes islamophobes et sécuritaires ne changent rien à leur bilan mitigé. On sait, depuis le début, que ces supplétifs du tout- sécuritaire sont fâchés avec l’histoire. Leur érudition islamologique se réduit au strict minimum. Leur culture s’étend rarement au-delà des connaissances générales des chroniqueurs pressés. Elle leur sert à fournir en lieux communs, et en « éléments de langage », les politiques intéressés par la rentabilisation de la peur à des fins électorales.
Et voilà que vous intitulez votre dernier livre « Islam ». A priori, ça peut être une bonne chose si cela permet d’aller au-delà des lieux communs répétitifs sur les « Salafistes », les « Wahabites », les « Fréristes » et autres adjectifs rarement bien définis, mais qui permettent à des militants-chercheurs de continuer à occuper l’espace médiatique pour faire peur aux Français.
Votre évolution (révolution?) est telle que vous daignez même débattre avec des musulmans. A priori, cette sorte de « Bid’a » vous honore. Car vous avez le courage de transgresser la loi non écrite qui exclut tous les musulmans de la totalité des débats, médiatiques, politiques et universitaires, sur l’Islam.
Quiconque se souvient de vos chroniques du Figaro est amené à s’interroger sur les vraies raisons cette soudaine sollicitude. Refusant le procès d’intention, je n’exclus pas la découverte par vous des inconvénients du discours unilatéral que vous cherchez sans doute à compenser par une entr’ouverture au dialogue. Mais en tant qu’ancien du cours de Bourdieu, je ne peux m’empêcher de poser cette question : cette ouverture qui vous manquait tant au Figaro s’explique-t-elle par votre souci de voler au secours du service Marketing de Gallimard ? Car un dialogue bien médiatisé avec un musulman, si possible complaisant, aide à vendre du papier au sein même de la Communauté musulmane si habituellement suspectée. Quelle que soit l’envolée des ventes de votre livre après ce débat, savez-vous que vous participez à une monstrueuse mystification quand vous donnez l’occasion de s’autoproclamer « représentant de l’orthodoxie » à l’ignorant en mal de légitimité que vous avez choisi pour vous donner la réplique, et vous servir de faire-valoir?
Vous avez dû remarquer comme moi que ce « Djahil »(plus proche de la Djahilya que « Oummi ») avait attendu de participer à la promotion de la prose de Victor Malka -un islamophobe et fier de l’être- pour découvrir l’existence d’un « Islam du savoir », et ajouter cette formule ronflante à ses trompeurs « éléments de langage ». Comment un universitaire de votre niveau peut-il accepter de faire la courte échelle à ce bureaucrate de la foi dont la suffisance n’a d’égale que son insuffisance ? Vouloir vendre du papier est légitime. Mais quand c’est au prix d’un semblant de légitimation, par voie médiatique, d’un illettré (islamologiquement parlant) cela devient d’autant plus insupportable que son nom risquerait d’être cité dans les enquêtes sur le fonds Marianne. L’ancienneté et l’étroitesse de ses liens avec le bavard et prétentieux Sifaoui le laisse supposer. On prêtait à votre interlocuteur l’intention d’utiliser comme nouveau slogan « l’islam du savoir », emprunté à Malka, mais aussi « l’adaptation du discours religieux »(confié à une Commission de non-musulmans) pour essayer d’obtenir des montants comparables à ceux affectés, au nom des « valeurs de laïcité », à son ami de toujours, Sifaoui. Ces deux acolytes font de l’exportation de « l’expérience algérienne dans la lutte anti-islamiste »(qui a fait 250000 morts et causé la fuite de 700000 diplômés) un véritable fonds de commerce. La tarification par Sifaoui de ses « conseils »a été acceptée par ceux et celles qui croient régler des problèmes complexes par des gesticulations médiatiques. Savez-vous qu’une précédente affaire Sifaoui date de la période où votre folklorique interlocuteur était l’avocaillon de la « Société des habous » ? Le président de l’université Paris I avait sollicité le concours de l’Institut de la mosquée pour des sessions de prévention des radicalisations. Sifaoui a été présenté à Paris I, au nom de l’Institut, mais à l’insu de son directeur et du recteur de l’époque. Les enseignants de Paris I ont préféré l’annulation des sessions à la convivialité avec l’ami cher de l’actuel recteur. Mais il semblerait que Paris I, qui avait eu un financement pour cette formation, ait versé sa côte-part à la mosquée. De bons connaisseurs des antécédents à la mosquée s’interrogent sur les vrais bénéficiaires de ce virement …
Vous n’hésitiez pas à tancer le Saint-Père lui-même. Mais vous avez négligé de vous interroger sur les officines qui, sans doute avec la complicité de membres de l’Église d’Algérie encore attentifs au discours « éradicateur », ont obtenu une audience à Rome pour ce collectionneur de selfies avec les grands de ce monde. Savez-vous que lorsque le Saint-Père a essayé de lui parler des possibilités de relancer le dialogue islamo-chrétien (en panne ces dernières années) à l’occasion de la canonisation du père Charles de Foucauld, cet ignorant répondit sur …J.-P. Foucault ? Ce faisant, il a montré que sa « culture » est entretenue plus par les émissions populaires que par l’émission « islamique » dominicale, qui a commencé à se désislamiser immédiatement après son parachutage à la tête de « Vivre(de) l’Islam » par Sarkozy- en toute illégalité.
Si vous n’aviez pas manqué de curiosité, vous auriez su que l’illettré recteur de la prestigieuse et paralysée mosquée de Paris maîtrise l’art de transformer tout sujet de débat en objet de communication. C’est ainsi qu’après l’échec patent de la célébration du centenaire de la mosquée, il a invité des historiens bienveillants à un colloque de rattrapage . Mais ces derniers déclinèrent poliment son invitation, car ils tardèrent pas à savoir que l’histoire, la sociologie, l’islamologie, la théologie, le droit, le droit des affaires, le soufisme, etc…l’intéressent pour satisfaire son besoin maladif de médiatisation.
Après votre débat avec cet avocaillon (resté médiocre orateur après plus de 40 ans de barreau), vous semblez avoir découvert une partie de sa face cachée et son goût pour les gesticulations médiatiques. C’est sans doute pour cela que vous avez cherché à rattraper cet acte (manqué pour vous, mais utile pour ce charlatan). Vous vous êtes avisé de débattre avec Ghaleb Bencheikh. Mais là aussi, on ne peut s’empêcher de penser au service Marketing de Gallimard. Dialoguer avec un musulman, plus sympathique et plus instruit que l’autre, pourrait amener des jeunes musulmans, si suspectés par ailleurs, à s’intéresser à une prose qui distille plus subtilement une hostilité à l’islam.
Aux Bernardins, vous avez cru bon de contester l’authenticité de la Révélation coranique. Le père Henri Lammens, autrement plus érudit et pernicieux, était déjà passé par là, avec les résultats que l’on sait. Cela revient à accuser Mohammed Ibn Abdallah d’imposture, ou, dans la meilleure des hypothèses, de s’être fait illusion à lui-même. Qui êtes-vous pour vous autoriser à proférer de si graves accusations, explicites ou implicites, contre celui qui était surnommé unanimement El Amine(honnête, droit, scrupuleux) ? Certes tout mandarin-surtout quand il est flatté par des admirateurs- se laisse aller à s’attribuer un niveau intellectuel généralement supérieur à sa valeur réelle. Votre niveau intellectuel ne saurait être contesté. Mais votre niveau moral, qui semble être celui du « catho-laïque » moyen, vous habilite-t-il à émettre des jugements à l’emporte-pièce sur le Prophète ? L’ignorant de la mosquée est incapable de vous interroger là-dessus, et le bien élevé Ghaleb, bien que mieux informé, ne veut pas vous embarrasser par une question à laquelle vous n’avez sûrement pas de réponse satisfaisante. Dans un dialogue loyal, tout musulman instruit, tout en vous reconnaissant le droit de ne pas croire à la Révélation coranique, peut vous demander des explications rationnelles aux si peu cartésiennes notions chrétiennes, comme la Trinité, l’Incarnation, la Présence Réelle, la Transubstantiation,…Certes, votre culture théologique vous met en mesure de tenter de répondre. Mais au nom de quoi exigez-vous une rationalité intégrale de l’Islam, tout en vous dispensant d’une exigence comparable dès que vous passez à l’apologie (légitime) du Christianisme ? Est-ce cohérent ? Aussi bien tournées seront vos phrases, vos réponses seront-elles plus satisfaisantes que celles d’un musulman qui a approfondi sa réflexion sur le « Phénomène coranique » pour actualiser l’abondante littérature des Dalaïl Ennouboua ? Si vous vous étiez donné la peine de parcourir Abou Nou’aïm al Asfahani, vous auriez réfléchi avant de nier. Si votre évolution continue dans un sens favorable, et si vous êtes amené à participer à des dialogues interreligieux, dans un esprit autre que celui des politistes sécuritaires, il vous serait bon de tenir compte de ce genre d’objection. N’oubliez pas que parmi vos auditoires, il y a des musulmans qui peuvent vous demander votre avis sur cette réflexion de l’ancêtre des intellectuels musulmans de France, Ismayl Urbain : « On croit avoir fait preuve d’une raison transcendantale quand on dit que Mohammad était un grand homme, un illustre conquérant. Tant que je n’entendrais pas ajouter : « et un homme divin », je soutiendrai qu’on ne comprend ni l’Orient, ni l’islamisme, ni Dieu ». Ne croyez surtout pas avoir eu le dernier mot, uniquement parce que Ghaleb Bencheikh n’ose pas vous amener hors de « l’islamiquement correct » auquel vous avez habitué les lecteurs du Figaro. Dans toutes les salles, vos thèses seront confrontées à celles des Comtistes islamojustes, parfois islamophiles, dont des textes font l’objet de rééditions destinées à remédier à l’indigence culturelle des grandes mosquées dont les recteurs ne savent pas diriger la prière. Si vous persévérez dans votre demande de débats avec les musulmans vous aurez à vous prononcer sur cette citation de Pierre Laffitte, successeur de Comte, dont le bicentenaire de la naissance sera célébré à la rentrée : « les valeurs de l’islamisme sont supérieures à toutes celles en vogue en Occident, aujourd’hui… »
On me dit aussi que la pauvre Florence Bergeaud eut une sonore approbation de vos dénégations (qui vous rapprochent de Méphisto). Savez-vous qu’elle a essayé d’ajouter Muhammad Hamidullah à ses listes de « fréristes », réels ou supposés ? S’improvisant historienne, elle remonte à 1933, qui fait partie de l’Antiquité pour le politiste sécuritaire moyen. Elle nous apprend, doctement, dans son dernier essai(et échec ?) que ce grand érudit aurait rencontré, en 1933, en Allemagne, Issam el Attar, un Frère musulman syrien traqué dans son pays, et réfugié à Aix-la-Chapelle(Aachen). Mais elle ne sait toujours pas que Issam el Attar est né en…1936 ! Quiconque ose lui faire la remarque risquerait d’avoir son nom ajouté à la liste des « fréristes ». Grâce à elle, en 40 ans d’agitation, Kepel a réussi à voir grossir les effectifs de ses disciples qui se comptent sur le doigt d’une main. Cette mini-secte traque toute théorie « complotiste ». Mais ces politistes-idéologues font croire qu’il n’y aurait qu’un complot, un seul : l’Islam, l’islamisme n’étant qu’un prétexte.
Bien sûr, l’approbation de Bergeaud crée l’illusion d’être soutenu par les 800 islamophobes (aussi ignorants des choses de l’Islam que l’histrion de la mosquée), qui volèrent au secours de ce « Kepel en jupon », incapable de répondre aux objections de ses pairs. Depuis quand un débat entre spécialistes peut-il être tranché par des profanes qui, sous prétexte d’une « conférence », voulurent organiser un meeting à la Sorbonne ? Seriez-vous d’accord avec ceux qui accusèrent d’ « islamo-gauchisme » la doyenne des Lettres, coupable aux yeux de ces spécialistes de la victimisation, d’avoir rappelé que leur phraséologie a sa place à la Mutualité au lieu de la Sorbonne ? Si oui, la « philosophie » dont vous vous réclamez renonce-t-elle à apporter un peu de raison pour calmer ces passions ? Je vous souhaite d’avoir, à l’avenir, des approbations d’auteurs plus crédibles.
Vous contestez également l’historicité d’Ismaël, et niez le séjour d’Abraham à la Mecque. Qu’est-ce que vous en savez ? Vous vous dites, avec une humilité qui vous honore, seulement spécialiste de la philosophie musulmane médiévale. Votre opinion sur ce point ne peut prétendre à quelque forme de scientificité. Ajoutée à la contestation de la Révélation coranique, cette négation ne risquerait-elle pas de faire de vous un nouveau « Mr Niet »? Je vous signale, à toute fin utile, que la contestation du séjour d’Abraham à la Mecque était le thème favori de Taha Hussein à son retour de Paris. Mais l’auteur de « Fi chi’ir al Djahili », qui voulait sa querelle homérique, devait y renoncer. Sa querelle prit fin quand il fit une repentance en bonne et due forme auprès du cheikh d’El Azhar. Le « doyen des lettres arabes », rentré trop marqué par le parisianisme de l’époque, apprit que cette idée était passée de mode dans les milieux orientalistes encore admiratifs de Renan. Il aura fallu un Mahmoud Qassem pour corriger, dans sa thèse de 1945 sur l’épistémologie d’Ibn Rochd, les grossières erreurs de l’ancien séminariste sur l’averroïsme latin. Le recteur-fantoche sait-il qui est Renan ? A-t-il entendu parler de M. Qassem et de Hikmet Hachem, le traducteur de « Mizan al ‘Amal », le Traité d’éthique de Ghazali, que vous connaissez sûrement ? Une vraie prévention des radicalisations devrait pourtant amener les jeunes musulmans de France à étudier ces illustres prédécesseurs. La FIF pourrait les faire connaître quand le fantoche renoncera à ses intrigues destinées à contrôler cette Fondation par homme de paille interposé.
Je me permets de vous recommander la lecture, ou la relecture de la thèse, soutenue avec Louis Massignon, sur « Abraham dans le Coran » par le regretté Yoachim Moubarak. Ce prêtre maronite n’était pas moins attaché au christianisme que vous. Vous serait utile également la lecture de la lettre adressée en 1954 par le spécialiste de Halladj à Arkoun, publiée dans l’hommage au père Moubarak. Massignon disait son refus de croire à « la fourberie de Mahomet ». Compte-tenu du prestige posthume de Massignon, vous serez sûrement interrogé vos auditeurs ne manqueront pas de comparer vos vues avec celles de ce maître des études islamiques, dont le déclin donne à des plumitifs spécialistes des idées générales plus de pouvoir qu’à des présidents de jury de thèse.
Cela étant, je garde toute mon estime pour l’érudit qui s’était donné la peine de rassembler les savants articles de la « Revue d’Histoire des Religions », dont ceux de Goldziher, mais dans « l’oubli » de la traduction par Spiro du « Présent de l’homme lettré pour la Réfutation des gens de la Croix » (Zad el ‘Arib fi arraddi ‘ala ahli as Salib) de Amselme Turméda, alias Abdallah Turdjuman. Je suis sûr que la lecture de la confession de cet ex-brillant sujet du séminaire de Bologne vous inciterait à nuancer votre brutale négation de la prophétie de Mohammed, si blessante pour les musulmans les plus ouverts et tolérants.
Sur la philosophie, permettez-moi de continuer à préférer les excellents articles « Falsafa » et « Falacifa » de l’Encyclopédie de l’Islam, signés par le regretté et toujours estimé Roger Arnaldez.
Je souhaite que vous trouverez un jour le ton juste qui pourrait vous valoir une estime comparable auprès des musulmans ouverts au dialogue, et qui vouent toujours un grand respect pour qui se donne la peine d’apprendre la langue du Coran. Votre culture philosophique devrait vous éloigner des idéologues et autres politistes trop habitués à chausser de gros sabots dès qu’il s’agit du « pauvre Islam »(Hamidullah).
Vous devriez enfin vous interroger sur ce paradoxe : plus il y a d’hostilité à l’Islam, qu’elle soit ouverte, larvée, ou même enrobée dans un langage plus ou moins savant(c’est parfois votre cas), plus le nombre de conversions à cette religion augmente sensiblement. Tous les responsables de mosquée le confirment dans toutes les régions. L’Islam en tant que religion progresse dans les familles immigrées qui avaient été tentées par « l’intégration » désislamisante, mais aussi dans la bourgeoisie catholique, où la conversion à l’islam d’un membre de la famille est souvent vécue comme un drame. Certaines familles réagissent par une intolérance, suivie d’exclusion. Dans certains cas, ces réactions inconsidérées chez les oublieux de la sacro-sainte « liberté de conscience » s’avèrent être la principale cause des départs en…Syrie, comme le signalait régulièrement la presse de l’Ouest catholique.
C’est vous dire que votre façon de penser n’inquiète pas outre-mesure ceux qui se préoccupent du devenir de la foi musulmane hors des foyers traditionnels de l’Islam. Le problème se pose surtout pour vous. Car votre indéniable érudition, votre sens de la nuance, qui vous honore, et vos précautions oratoires n’empêchent pas votre discours de contribuer , consciemment ou non, à entretenir une suspicion permanente à l’encontre de ceux que vous daignez appeler vos « concitoyens de confession musulmane ».
Il ne vous est pas demandé de vous inspirer de Louis Massignon, qui jeûnait par solidarité avec les « humiliés et offensés » musulmans. ni de devenir un fervent islamophile. On peut s’attendre de la part d’un bon philosophe comme vous de rester fidèle au sens étymologique du mot philosophie : la sagesse qui incite tout simplement à être… islamojuste.
Veuillez agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Sadek SELLAM
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