LE CONSEIL D’ÉTAT ORDONNE LA RÉOUVERTURE DES LIEUX DE CULTES


Saisi en référé par des particuliers et plusieurs associations catholiques, dont le Parti chrétien-démocrate (PCD), Civitas, l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre… – et des particuliers, le Conseil d’État a ordonné, lundi18 mai, au gouvernement de lever « L’interdiction générale et absolue » de se rassembler dans les lieux de cultes. Cette mesure avait été prise le 11 mai dans le cadre de l’organisation de la période de déconfinement. Elle interdisait tout rassemblement à l’intérieur des lieux de cultes, à l’exception des cérémonies funéraires qui étaient limitées à 20 personnes.

Le gouvernement ne prévoyait pas une réouverture de lieux de cultes avant le 2 juin, date qui avait été avancée au 29 juin pour permettre certaines fêtes – excepté l’aid – de se tenir.

Voir notre article « LA DÉCISION D’OUVRIR LES LIEUX DE CULTE LE 29 MAI FAIT POLÉMIQUE »


Le juge des référés du Conseil d’État justifie sa décision en rappelant que la liberté de culte est une « liberté fondamentale » et que la possibilité de se réunir en est un « caractère essentiel ». L’interdiction de rassemblement émise par les autorités présente, à son avis, un « caractère disproportionné » par rapport à l’objectif de santé publique, et constitue donc une « atteinte grave et manifestement illégale à cette dernière ».
Le Premier Ministre dispose désormais d’un délai de 8 jours pour édicter « des mesures d’encadrement moins strictes que l’interdiction de tout rassemblement dans les lieux de culte » et « strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances ». Des dispositions devront naturellement être prises pour « encadrer les rassemblements et réunions dans les établissements de culte ».

Des réactions divergentes


Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien-Démocrate, qui faisait partie des requérants, se dit très satisfait « de l’issue du référé-liberté », et Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, qui s’est félicité, dans un tweet, cette « une bonne nouvelle pour la liberté de culte, qui est un droit fondamental ».


La Conférence des Evêques de France, présidée par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, qui ne faisait pas partie des requérants mais qui militait pour la la réouverture des lieux de culte, a « pris acte » de cette décision.  « La justice est rétablie. Nous étions quand même un peu moins bien traités que le reste des citoyens », a précisé à l’AFP Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF.

Côté musulman, c’est la prudence qui prime. Le Conseil Français du Culte Musulman, qui avait déjà émis des réserves quant à une réouverture anticipée des mosquées, appelle à la raison. « Il suffit que le Premier ministre mette une contrainte de 10 ou 15 personnes (maximum) et ça n’ouvrira pas la voie à la reprise des cérémonies religieuses d’ampleur », rappelle son président Mohammed Moussaoui, dans une interview à l’AFP ,  »Ce seront des petites réunions mais pas des cérémonies religieuses. »
Tareq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeaux, appelle aussi à la raison : « Dans la prière musulmane, il y a beaucoup de promiscuité. Les gens se mettent les uns à cote des autres. Cela ne sera pas possible immédiatement ». « Le désir de se réunir est immense, mais il ne faut pas que cette rencontre se fasse au prix de la santé. »


Une position partagée par Haïm Korsia, Grand Rabbin de France : « On a arrêté complètement l’économie du pays pendant près de deux mois pour protéger la vie. » rappelle-t-il au micro d’Europe 1, «  Il n’est pas question de se précipiter pour ouvrir les choses sans prendre toutes les précautions possibles »». Dans le cas d’une réouverture, le Consistoire mettra en place des dispositions pour limiter le nombre de personnes par synagogue, et nommera un « référent médical » pour chaque établissement.

Le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France va également dans ce sens :  « Nous souhaitons que la décision reste dans les mains du politique car il y a des enjeux sanitaires majeurs ».
Des mesures qui seront également sans doute prises dans les églises, qui disposeront de distributeurs de gel hydroalcoolique, et où la « distanciation sociale » devra être respectée.

Cette décision ne change finalement pas grand chose pour les fidèles chrétiens auxquels la date de réouverture initialement prévue au 29 mai permettait de toutes façons de fêter convenablement les fêtes de la Pentecôte du 31 mai. Les juifs et les musulmans pourront en revanche célebrer les fêtes de Chavouot, du 28 au 30 mai, et de l’Aid El Fitr, le 24 mai.
La plupart toutefois préféreront rester prudents face à la pandémie, et fêteront ces moments chez eux, en famille ou entre amis.

Lire aussi

MUNICIPALES EN TURQUIE : QUI PERD GAGNE…  

Les élections municipales qui se sont déroulées le 31 mai en Turquie promettaient d’être cruciales …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *