L’AFGHANISTAN FACE À SON DESTIN

Les Talibans sont entrés dans Kaboul. Cela commence comme une chanson de Serge Reggiani. Certes, on peut espérer que les Talibans d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui couvrirent les femmes du burqas et assassinèrent le Commandant Massoud.
On peut espérer… in cha Allah !
Mais précisément, rappelons-nous ce que disait Ahmad Shah Massoud, chef militaire, et merveilleux soufi, le 9 octobre 2000, dans un message recueilli par l’écrivain Salvatore Lombardo (« Sur les traces de Massoud ») :

Photo © Reza

« …Tous ensemble, nous devons réinventer un mode de vie, entre spiritualité et modernité, qui puisse apparaitre à jamais comme facteur d’un très romantique renouveau démocratique.
Un renouveau en phase avec les aspirations de nos peuples et non pas seulement en concordance avec les désirs néocolonialistes de quelques puissances ex-coloniales.

En préambule grâce à mon message, je vous ai dit en évoquant le nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux : « j’ose encore ». Ce qui dans mon esprit signifie qu’il m’importe en tant que musulman de redonner à nos croyances spirituelles, à notre sainte Religion, la juste et divine dimension qui est la sienne.

Avec son humanisme, sa poésie, sa rigueur et sa fantaisie, et même son indéniable modernité. Car l’islam ce n’est pas les talibans. Pas plus que les intégristes terroristes de ces organisations mafieuses qui, de Jolo à Blida, tentent de faire croire aux occidentaux qu’ils rackettent et assassinent au nom de Dieu.

A ces assassins, à ces criminels, à ces traitres, à ces barbares, je dénie toute référence à Dieu. Ils sont au contraire l’envers obscur de notre religion. Son contraire et sa négation totale.
L’islam n’a rien à voir avec les assassins d’enfants et de femmes. L’islam n’a rien à voir avec le refus du droit des femmes à occuper leur juste place dans la société. Contrairement à ce que professent les talibans et leur führers mollah Omar ou cheik Oussama Ben Laden, le Coran n’est pas Mein Kampf !

Personnellement, je dénonce, au nom de Dieu et de l’intelligence, le complot international qui vise à imposer une si fausse image de l’islam. Bien trop souvent, malheureusement, avec le soutien d’intellectuels occidentaux abusés ou manipulés.

Que de fautes mortelles ne commet-on pas en vertu de la démocratie appliquée aux pires ennemis de la démocratie. Chez nous, musulmans, en engageant le dialogue républicain avec des fous ; chez vous, occidentaux, en permettant l’accès à la représentation démocratique et aux médias de nostalgiques du fascisme, du nazisme ou du stalinisme….. »

On l’appelait le « Lion du Panshir ». Il fut abandonné par l’Occident et par beaucoup de pays arabes qui préférèrent financer secrètement Al Qaïda, que l’on pensait plus manipulable que le chef de la Ligue du Nord. Il fut assassiné le 9 septembre 2001, deux jours avant l’attentat de New York.

Souvenons-nous de son message. Qu’Allah protège les Afghans, guident ceux qui les gouverneront, et rende au monde la sagesse oubliée.

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La photo du Commandant Massoud est celle du photographe azéri Reza Deghati. La plus belle du « Lion du Panshir ». Ne manquez pas son exposition L’épaisseur du silence, jusqu’au 12 septembre 2021. Site Le Chameau –  4 route de Châtillon 52120 Châteauvillain. Entrée libre et gratuite. Tous les jours sauf le lundi de 15h à 19h.

Voir son site internet

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3 commentaires

  1. Dans ces déclarations, le cdt Massoud est aussi takfiri que les autres. En parlant de « Fuhrer mollah Omar », cela plaisait à BHL, mais desservait l’unité du pays et celle de l’Islam. Parler de « veritable Islam » pose problème également. Tous les ministres français de l’intérieur, (des)organisateurs de cette « pauvre religion », parlent aussi de  » véritable Islam ». Leurs interlocuteurs, parmi les béni-oui-oui musulmans, prétendent incarner le « véritable Islam ».
    L’entrée de la nouvelle génération de Talibans dans le bureau présidentiel à Kaboul invalide toute les proses d’islamo-politistes français, du néo-conservateur Kepel jusqu’au bienveillant Roy. Au lieu de partir du réel – l’amnistie générale, la fille du négociateur Taliban à Doha non voilée et inscrite dans 1 fac américaine,..- ils s’érigent en prophètes de malheur, se contentent de procès d’intention et refusent, par orgueil, de prendre acte de la nouvelle donne. Vont-ils continuer à tromper l’opinion et à égarer les politiques?
    Le 1er échec en Afghanistan c’est la débâcle de ces faux savants.
    Un musulman ne peut qu’inciter les nouveaux maîtres de Kaboul à continuer de s’inspirer de la reconquête pacifique de la Mecque par le Prophète, et à avoir la hauteur de vue de Djamaleddine el Afghani qui fascina tant à Paris,en 1882-1884.
    Il faut sortir de l’étroitesse d’esprit consistant à attribuer toutes les vertus au Cdt Massoud, uniquement pour son passage au lycée français de Kaboul. C’est cette étroitesse quii fut à l’origine de la complaisance de Mitterrand au Rwanda.

  2. On s’inquiète des conséquences d’une nouvelle vague migratoire, pouvant être des plus fâcheuses en période électorale. Mais s’arrêter là releve d’un egoïsme qui empêche d’évaluer les chances de stabilisation d’un pays ruiné par des décennies de guerres voulues par deux superpuissances, dont l’hégémonisme s’accompagne d’un mépris des petits pays. La stabilisation de l’Afghanistan, l’instauration d’une démocratie musulmane qui ne passe pas par la laïcisation, et une relance du développement économique et sociale sont les véritables gages de paix et de prévention de nouveaux flux migratoires.
    L’établissement de bonnes relations avec les pays musulmans voisins pourrait conduire à l’émergence d’un ensemble régional comprenant le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan et la Turquie avec lequel l’Europe aurait intérêt à dialoguer. Cela supposerait un recentrage qui rendrait prioritaire la reconnaissance d’un Etat palestinien.
    La cause de la paix serait mieux servie par une concertation de l’Europe avec cet ensemble musulman non arabe qu’avec des pays comme les Émirats Arabes Unis dont la diplomatie provoque des tensions néfastes pour la stabilité et des divisions contraires aux aspirations unitaires des peuples de la région.

    • Il est utopique d’écrire : « L’établissement de bonnes relations avec les pays musulmans voisins pourrait conduire à l’émergence d’un ensemble régional comprenant le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan et la Turquie avec lequel l’Europe aurait intérêt à dialoguer. Cela supposerait un recentrage qui rendrait prioritaire la reconnaissance d’un Etat palestinien. »

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