LA FRANCE DE L’OUBLI

« Disparition » du fichier juif après la libération, tentatives d’intimidation auprès de ceux qui demandent à la France d’assumer son passé colonial, volonté de « relativiser » les actes criminels commis en Algérie, attaques contre le travail de mémoire de la LDH… décidément, la France déteste qu’on écorne son image de « patrie des droits de l’homme et des libertés fondamentales ».

Et pourtant, assumer son passé est la seule manière d’éviter qu’il ne se reproduise. La complaisance à l’égard des idées d’extrême-droite met aujourd’hui la France dans une position intenable. On voit réapparaître des images qu’on aurait voulu n’appartenir qu’au passé, comme ces hommes en noir, masqués, qui défilent au rythme de chants racistes devant l’indifférence des autorités, tandis que le peuple qui crie sa colère, armé de cuillers et de casseroles, se voit muselé, interdit, relégué au rang de foule anonyme et méprisable. Mépris dites-vous ?

Dans le Caucase où se déroule une lutte fratricide, la France soutient celui qui, comme elle-même, se veut d’une race pure, immaculée de cette immonde mixité ethnique, face à un un pays qui fait son credo du multiculturalisme et de la laïcité inclusive. Un pays de langue turque, il est vrai. Quelle horreur pour ceux que terrorisaient la perspective d’une venue, dans la communauté européenne, d’une nation où on prie en arabe.

Qu’on se souvienne des paroles du poète Alphonse de Lamartine, pionnier, bien avant l’heure, de l’abolition de la peine de mort, ministre des Affaires étrangères sous la Seconde République, fondateur de la Société pour l’abolition de l’esclavage : «  Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute sans aimer, sans haïr les drapeaux différents, partout où l’homme souffre il me voit dans ses rangs. Plus une race humaine est vaincue et flétrie, plus elle m’est sacrée et devient ma patrie. »

Telle était la France qu’on aimait. RIP.

Jean-Michel Brun

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