François Clavairoly est le président de la puissante Fédération Protestante de France. Fervent soutien du dialogue inter-religieux, il avait été, en 2019, l’un des participants remarqués de la Conférence internationale de Paris pour la paix et la solidarité aux côtés du secrétaire général de la Ligue islamique mondiale Mohammed Al-Issa et du Grand rabbin de France Haïm Korsia.
Emmanuel Macron avait alors décliné l’invitation qui lui avait été faite de participer à ce grand débat pour le dialogue et contre le terrorisme.
« Une société d’où le culte serait éradiqué de la culture nous préparerait des lendemains barbares. » a rappelé François Clavairoly dans une lettre adressée le 27 avril 2022 au Président de la République sur la place de la religion en France et publiée sur le site lavie.fr
« La France s’est oubliée elle-même. » regrette François Clavairoly. «La société n’a pas à devenir une sorte d’espace public neutralisé au plan confessionnel, comme beaucoup sont tentés de l’imaginer», ajoutant : « La République est laïque, la société française ne l’est pas. »
La « nouvelle laïcité », version intégriste de l’esprit de la loi de 1905 est actuellement largement portée par une classe politique qui continue à chercher vers l’extrême droite identitaire les voix qui lui manquent. Cette tentative de mise à, l’écart du fait religieux vise en priorité les musulmans, mais inquiète l’ensemble des responsables religieux.
« Notre société a des racines, des mythes fondateurs connus ou implicites : ces sources cachées de la société que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam nourrissent aujourd’hui encore la culture » écrit François Clavairoly. Il rappelle que le culte fait partie de la culture, et que depuis le 16ème siècle jusqu’aux Lumières, la liberté de conscience a prédominé sur les dogmes. François Clavairoly met également en garde contre le risque d’atteinte aux libertés fondamentales que représenterait une tentative d’«éradication du culte ».
« La laïcité est un terme précis qui renvoie autant au principe de neutralité de l’État en matière confessionnelle qu’au principe de liberté d’expression et de culte dans l’espace public.» rappelle le chef de l’Église protestante qui définit le culte comme un « espace “cultivé” d’une liberté imprenable, d’un accueil, d’une hospitalité spirituelle, rituelle et langagière, et d’une reconnaissance de la dignité de la personne dans sa dimension de transcendance, que nul ne saurait effacer ou contraindre.»
Reconnaître enfin le culte musulman
Il s’agit également, insiste François Clavairoly, de donner à la religion musulmane la place qu’elle mérite en France. « Ce qui est en jeu, c’est de savoir si la République française peut enfin admettre que le deuxième grand culte du pays, après le culte chrétien, est le culte musulman », écrit-il à ce propos.
En janvier 2021, François Clavairoly avait évoqué », à propos du « séparatisme », la notion-fétiche du ministre de l’intérieur, une dérive vers un «obscurantisme» concernant les religions en France.
« Hélas, les députés ont oublié ce qu’était la liberté de conscience et la liberté de culte parce que, pour une bonne part, ils ne sont probablement ni chrétiens ni croyants, et que cela ne les intéresse pas » a conclu François Clavairoly.