Les années au gouvernement ne semblent pas avoir apporter la sagesse au ministre de l’intérieur qui poursuit inlassablement son délire anti-musulman.
Le 3 mai dernier, la Préfecture de la Loire annonce, dans un communiqué, que l’imam de la mosquée de Saint-Chamond, Mhadi AHAMADA, et son épouse, ont été expulséS vers leur pays d’origine, les Comores, en raison d’un prêche « incompatible avec les principes et les lois de la République ».
Le passage du prêche incriminé aborde les rapports entre épouses et époux, et fait simplement référence aux versets du Coran 32 et 33 de la sourate 33 Al Ahzab.
Quand le ministre de l’intérieur cherche à transgresser la loi de 1905
Pour la préfecture de la Loire, ces propos « sont incompatibles avec les principes et les lois de la République » et contraire à l’égalité homme-femme.
Dans son communiqué, la préfète Catherine Séguin stipule donc avoir convoqué dès le lendemain, et sur la demande du ministre Gérald Darmanin, le président de la mosquée Attakwa et M. AHAMADA.
Le fait de s’immiscer dans un propos religieux ou une pratique religieuse est, de la part de l’État, une transgression de la loi de 1905. Va-t-on interdire le port de la soutane, comme le souhaitait Emile Combes, ou expulser de France les rabbins qui recommande la modestie dans l’habillement féminin ?
En fait, l’affaire est encore plus sournoise. En effet, le tribunal administratif de Lyon, conformément à sa mission, avait annulé dans sa décision les motifs de troubles à l’ordre public invoqués par le ministre de l’Intérieur
Ainsi que le souligne maître Adas, avocat en charge du dossier : « Monsieur Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur, a, par l’intermédiaire de la Préfecture de la Loire, refusé le renouvellement du titre de séjour de Monsieur AHAMADA, en soutenant que ledit prêche était discriminatoire et constituait un trouble à l’ordre public. Or, dans son jugement du 18 mars 2022, suite à l’action judiciaire intentée par le Conseil départemental du culte Musulman de la Loire et la Mosquée de Saint Chamond, le Tribunal administratif de Lyon a purement et simplement rejeté cette argumentation, aux termes d’une motivation parfaitement fondée en droit et en fait. »
Maître Adas précise que le Tribunal administratif de Lyon a estimé que le contenu du prêche relevait du choix d’un ministre du culte et qu’il ne ressort d’aucune des pièces du dossier que Monsieur AHAMADA « aurait adopté ou incité des comportements attentatoires au principe d’égalité entre les hommes et les femmes ou promu tout typede discrimination ».
Si le tribunal a effectivement approuvé la décision d’expulsion de l’imam, celle-ci ne s’appuierait en aucune manière sur le contenu du prêche. La décision a été, selon les termes de l’avocat, « fondée sur une irrégularité formelle liée à la nature du titre de séjour de ce dernier due à une erreur d’appréciation de la part de la Préfecture ».
Une opération d’intimidation ?
En réalité, c’est sur la demande directe de Monsieur Darmanin que la préfecture n’a pas renouvelé le titre de séjour de Monsieur Ahamada. au prétexte que celui-ci ne possédait qu’un titre de séjour de « visiteur » qui ne lui permettait pas de travailler. Or on sait que la quasi totalité des imams sont exactement dans la même situation, la qualité d’imam n’étant pas considéré comme un « métier ».
Par ailleurs, le tribunal a débouté Monsieur le ministre de l’Intérieur et la Préfecture de la Loire quant à l’interdiction de retour sur le territoire en jugeant que : « La décision du 20 octobre 2021 par laquelle la préfète de la Loire a prononcé à l’encontre de M. Ahamada une interdiction de retour sur le territoire français d’une durée d’un an est annulée ».
En résumé, cette expulsion et les déclarations qui l’ont accompagnée apparaissent en fait comme une campagne de communication destinée à intimider les présidents d’associations afin qu’elles se soumettent aux diktats du gouvernement.
L’Etat bafoue une fois de plus les principes élémentaires de la liberté religieuse et de la liberté d’expression. Les musulmans français seront très attentifs à la façon dont le futur gouvernement confirmera ou infirmera cette dangereuse chasse aux sorcières.