EXPOSITION SUKARNO – PARIS, 24 JUIN-11 JUILLET

L’association « NATIONS ÉMERGENTES » organise à la mairie du 6ème à Paris du 24 juin au 11 juillet 2022, une exposition de photos intitulée « Sukarno, le visionnaire ».

Sukarno a été le premier président de la République d’Indonésie dont il a proclamé l’indépendance le 17 août 1945

Il est encore peu connu du public français contrairement à Nehru, Gandhi ou bien Nasser. Pourtant, son héritage mérite d’être divulgué car il a lutté toute sa vie, pour la tolérance institutionnelle.

Conférence de Bandung, Sukarno en présence de avec Nehru, Kwame Nkrumah, Nasser et Tito

Sukarno est un leader qui intrigue les historiens comme les connaisseurs car il avait une longueur d’avance sur son époque. Par exemple, à la conférence de Bandung en avril 1955 qui a réuni 29 pays africains et asiatiques, Sukarno avait bien compris qu’un monde nouveau était en train d’émerger issu de la décolonisation. Il avait une intuition géniale qui consistait à créer de nouvelles institutions plus représentatives du monde émergent. Zbigniew Brzesinski écrivait en 2008 : « il est indispensable d’adapter les institutions internationales aux nouvelles réalités, en tenant compte de la place prise par la Chine, l’Inde, le Japon aujourd’hui et par l’Indonésie demain » (1) Autrement dit, à Bandung Sukarno avait bien compris qu’une nouvelle géopolitique était en train d’émerger. Le concept non-alignement né de cette occasion, veut dépasser les clivages Est-Ouest et éviter tout positionnement partiel qui porte en germe des conflits potentiels du fait de l’exclusion d’un adversaire.

C’est à cette période que les États-Unis ont joué un rôle essentiel dans la déstabilisation de Sukarno après Bandung. Le non-alignement à Bandung, n’était pas accepté par la Maison Blanche qui prévoyait une guerre au Vietnam toute proche. Sukarno génait la stratégie États-Unis, et son élimination politique avait été programmée dès 1957 (tentatives d’assassinats, organisation de sécessions).

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf97516582/conference-des-pays-non-alignes-abandung-en-indonesie

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe02000000/indonesie-conference-des-paysnon-alignes-a-bandung

Son combat politique

De 1931 à 1945, Sukarno a mené un combat pour l’indépendance de l’Indonésie autour de trois axes : l’unité de l’Indonésie, la tolérance institutionnelle et une démocratie inclusive et juste. Les colons néerlandais et ensuite japonais voulaient diviser l’archipel indonésien en plusieurs îles pour laisser derrière eux une bombe à retardement.

Sukarno s’est battu pour préserver l’unité de la République indonésienne et pour récupérer ses frontières territoriales d’avant la colonisation. Si l’unité n’est pas préservée, alors l’Indonésie serait exposée à la tentation d’une sécession et la cohérence de l’archipel perdue. Pour parvenir à concrétiser cet objectif, Sukarno était disposé à faire des concessions aux partis musulmans et aux minorités pour qu’ils se mobilisent dans le but de retrouver l’unité sacrée du pays.

Son combat pour la tolérance institutionnelle et le dialogue inter-religieux

Sukarno ne souhaitait pas que l’Indonésie devienne une république islamique car il ne voulait pas exclure les minorités indonésiennes présentes sur le territoire – soit environ 20 % de sa population, ce qui aurait exposé le pays à des risques de séparation et mettrait en péril la cohésion de l’archipel. La devise nationale inscrite dans toutes les administrations est « Bhinneka Tunggal Ika » qui signifie « unité dans la diversité », un chemin que l’on doit suivre pour éviter des conflits. Sukarno militait pour la paix sociale quitte à faire des concessions aux uns et aux autres.

Son combat pour une démocratie inclusive et juste

Sukarno a défini les cinq principes fondateurs de l’Etat indonésien (Le pancasila, terme sanscrit qui signifie les cinq principes). Ce sont : la croyance en un Dieu suprême et unique qui pose un fondement spirituel à l’État indonésien, une humanité juste et civilisée qui met accent sur la fraternité entre les hommes et la solidarité, l’unité de l’Indonésie, une démocratie dirigée par la sagesse et le consensus qui souligne implicitement l’influence de la pensée de Confucius sur Sukarno et la justice sociale.
Ils constituent les cinq piliers de la nation indonésienne. Pour justifier le nombre « cinq », Sukarno se réfère aux cinq piliers de l’islam, aux cinq doigts de la main, aux cinq sens et même aux frères Pandava de la grande épopée indienne du Mahabharata. (2)

La justice sociale est un élément fondamental dans la philosophie d’État indonésien car elle pose les bases d’une égalité des droits politiques et économiques pour parvenir à la prospérité.

Cette exposition vous propose un voyage initiatique qui retrace les étapes clés de l’histoire de Sukarno, sa lutte pour l’unité, la paix social, le dialogue inter-religieux.

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(1) L’Amérique face au monde – Zbigniew Brzezinki – Brent Scowcroft – édition Pearson 2008 –page 38(
2) Mahabharata est une épopée sanscrite de la mythologie hindoue

Contact :
NATIONS EMERGENTES
4, rue des Arènes
75005 PARIS(France)
Tél. 06 16 63 45 19
www.nations-emergentes.org
nationsemergentes2@gmail.com

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