ÉLECTIONS EN ITALIE : LA PARTICIPATION BOIT LA TASSE, L’EXTRÊME DROITE SABLE LE CHAMPAGNE, LE PEUPLE TRINQUE

Après le « tsunami » électoral qu’a connu la Suède, avec la victoire d’un bloc conservateur comprenant les Démocrates de Suède (SD), parti issu de la mouvance néonazie, c’est, en apparence, un raz-de-marée similaire qui vient de pousser l’extrême-droite italienne en tête des législatives : la coalition menée par Giorgia Meloni, du parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FdI), cumule 43,79 % des suffrages exprimés au niveau national (hors Val d’Aoste et Italiens de l’étranger) à la Chambre et 44,02 % au Sénat.

La coalition formée par Fratelli d’Italia avec l’autre formation eurosceptique d’extrême droite, la Ligue de Matteo Salvini (9 % des voix), et le parti conservateur de Silvio Berlusconi, Forza Italia (8 %) va ainsi s’assurer de la majorité absolue des sièges aussi bien à la Chambre des députés qu’au Sénat.

Pour Giorgia Meloni, les élections du 25 septembre montrent que « Les Italiens ont envoyé un message clair en faveur d’un gouvernement de droite dirigé par Fratelli d’Italia ». Elle, qui affiramait il n’y a pas si longtemps admirer Benito Mussolini, a réussi à dédiaboliser l’image de l’extrême droite et à catalyser la colère des Italiens face à la flambée des prix, au chômage, et à l’incurie des services publics. Elle est en passe de devenir la première présidente du parlement.

Mais à y regarder de plus près, les chiffres montrent qu’en 2018, la coalition de droite et d’extrême droite était arrivée en tête avec 37 % des voix à la Chambre et 12 152 345 voix. Ce score d’aujourd’hui , 12 299 648 voix, n’est finalement pas très éloigné de celui y a quatre ans, Le gain est en réalité très faible. Ce fait vient mettre en perspective l’idée d’un « spectaculaire virage à droite » de l’électorat italien.

En fait, le fait majeur de cette élection est l’effondrement du Mouvement 5 Étoiles (M5S), qui est allé principalement alimenter l’abstention, en hausse de 9 points, 64,6 % contre 73,68 % par rapport à 2018, ce qui correspond à près de 5 millions de voix. Le soutien des Italiens n’est donc pas si assuré que cela, et Giorgia Meloni, novice en politique, devra négocier âprement avec les vieux routiers de partenaires que sont Silvio Berlusconi et Matteo Salvini.

La stabilité en Italie, ce n’est pas pour demain.…

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