RIDICULE

Après les insultes envers les journalistes, les fuites, probablement soigneusement organisées, sur ses escapades adultérines, un geste grossier d’ado mal élevé, qui font certes parler de lui, mais ruinent la stature de président respectable et respecté dont il se fait l‘apologue, Zemmour vient d’annoncer sa candidature.

Pourtant, ses meetings qu’il rêvait prestigieux durent trouver refuge dans des hôtels bon marché.
Pourtant, il dût s’abriter des quolibets des passants marseillais, dont il attendait peut-être une haie d’honneur, et dont il n’eut qu’une mise à l’index. Comme s’il avait pu imaginer que la capitale du vivre ensemble allait se prosterner devant un islamophobe chafouin.

Mais qu’importe. Zemmour se complait dans son rôle de victime des medias, eux qu’ils l’ont fabriqué de toutes pièces. Sauf qu’on élit pas ceux qu’on plaint. Ceux qui sont à plaindre, ce sont les Français, avec leurs libertés bafouées, leur précarité galopante, leurs services publics à la dérive.

Mais Eric Zemmour n’en a cure. Il se voit le nouveau de Gaulle d’une France qu’il veut faire croire en danger.

Alors, il se met en scène, ânonnant, devant un gros micro de studio radiophonique un texte lu sur un ton de propagande des années 40, dans une pénombre évocatrice de clandestinité.

Une caricature d’appel du 18 juin. Sans la grandeur, sans le courage.

Cela rappelle ce que Coluche disait d’un chanteur qui connut son moment de célébrité en s’affublant d’un chapeau noir à larges bords : « Il avait le choix entre le chapeau de Bob Dylan et le talent de Bob Dylan. Que croyez-vous qu’il ait choisi ? »

Dans cette interminable vidéo, Zemmour illustre ses propos alarmistes par des images, volées, d’ailleurs, censées illustrer la décadence de la France.

Vous avez oublié d’en ajouter une Monsieur Zemmour : la vôtre ! Car c’est à cause de gens comme vous que la France n’est plus ce qu’elle est. Son repli sur elle même, encouragé par 15 ans de droitisme rabougri, a éloigné la France d’un monde qui avance désormais sans elle.

Quand on ferme ses frontières, on empêche certes les autres d’entrer, mais on s’empêche aussi d’en sortir. La langue et la culture française ne s’exportent plus, car elle s’enferme dans son cocon, de crainte d’être contaminée, alors même que l’une et l’autre sont les fruits délicieux des apports venus d’ailleurs.

Vous vous faite le héraut de la France de Jeanne d’Arc et de l’hécatombe de la guerre de cent ans, des épopées napoléoniennes et de ses 1M de victimes. Laissez-moi préférer rendre hommages aux savants, artistes, écrivains étrangers qui ont fait la France : Leonard de Vinci, Marie Curie, Picasso, Kundera, BenJelloun…

Vous n’avez pas, Monsieur Zemmour, le panache de nos flamboyants souverains. Vous n’êtes pas le futur monarque d’une France conquérante. Vous n’en êtes que l’étroit mousquetaire.

Jean-Michel Brun

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