LES GROUPIES DE NETANYAHOU AFFOLÉES PAR UN LIVRE POUR ENFANTS

« Israël effacé de la carte : un livre pour enfants suscite l’indignation » titre cette semaine Le Figaro qui s’indigne : « Dans cet ouvrage vendu dans plusieurs enseignes, la Palestine remplace l’État hébreu. Des élus et des organisations juives réclament son retrait ».

L’ouvrage qui fait scandale est un petit livre de la série « C’est quoi ? » paru aux éditions Al Bouraq. Dans « C’est quoi Al-Quds ?», explique le Figaro, on trouve « une carte où l’État d’Israël a été remplacé par la Palestine… Mis en avant dans la sélection « Ramadan » de la Fnac et figurant sur de nombreux autres sites, l’ouvrage suscite la « colère » et l’ « émotion » de plusieurs élus et organisations juives, qui réclament son retrait. »
Mais en fait, ne s’agirait-il pas plutôt d’un pamphlet « ultra-sioniste », puisque n’y figurent pas non plus l’Arabie saoudite, le Yemen, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, la Jordanie, la Syrie, ni aucun pays arabes ?

On se demande parfois où va se nicher la bêtise. En réalité, la carte incriminée ne montre aucun pays. Il s’agit d’une carte du Moyen-Orient où ne figurent que deux noms : l’Arabie et la Palestine, qui y sont présentées en tant que régions. Eh oui, dans le monde arabo-musulman, c’est par l’appellation « Palestine » qu’est désignée cette partie du monde, et ce depuis bien avant la création de l’État d’Israël et pas seulement par le monde arabe. Le terme « Palestine » a été donné à cette région par Hérodote au Ve siècle av. J.-C., puis confirmé par l’empereur Hadrien au IIe siècle. C’est également ainsi que le mandataire britannique nommait la région, et son fameux « Livre blanc » de 1939 s’intitulait « Palestine ». Mais, comme Natanyahou a comme objectif affiché d’éliminer les Palestiniens arabes de ce territoire, la seule évocation de ce terme lui donne de l’urticaire, comme il en donne à son « fan club »

Aussitôt, les « Sayanims » français – c’est ainsi que sont désignés, d’après Jacob Cohen (« Le printemps des Sayanim », editions L’Harmattan) « les membres d’une certaine communauté juive organisée et liée à Israël, généralement des intellectuels, influenceurs, journalistes, qui collaborent avec le Mossad pour renforcer l’alliance avec ce pays, et délégitimer toute forme de critique à l’encontre des politiques sionistes, en les faisant passer pour de l’antisémitisme » – se sont mobilisés . La députée macroniste des Français établis hors de France, Caroline Yadan, proche de Netanyahu, a « saisi le directeur général de Fnac Darty pour demander le retrait du livre de la vente ». Le publicitaire Frank Tapiro assimile le livre à « une propagande terroriste »
Le Président du CRIF, Yonathan Arfi a également fait part de son « émotion » à la direction de la Fnac devant « cette falsification géographique et historique, particulièrement grave dans un ouvrage destiné à un jeune public ».
On pourrait, sans beaucoup hésiter, adresser à ce monsieur la phrase qu’Olivier Besancenot avait dite à son prédécesseur Roger Cukierman : « J’espère du fond du coeur que la communauté juive arrêtera de se faire représenter par des gens comme vous ».

Pour répondre à ces absurdités, on pourrait opposer le vol des terres palestiniennes par les colons d’Israël, les dizaines de milliers de civils, majoritairement des femmes et des enfants, massacrés à Gaza, mais ce n’est ici même pas la question. Vouloir interdire un livre pour des raisons de propagande rappelle douloureusement l’interdiction de La Question, d’Henri Alleg, et La Gangrène, de Bachir Boumaza pendant la guerre d’Algérie, ou pire les autodafés d’une époque qu’on aurait cru révolue.

La seule réponse à l’ignominie : rendez-vous à la FNAC, chez Cultura, ou chez votre libraire habituel et achetez « C’est quoi al-Quds ? »

« C’est quoi Al-Quds ? » Irène Rekad – Sagar N’Niaye, Editions Dar Albouraq, 8€