LA SCIENCE TÉMOIGNE DE LA PROPHÉTIE DE MOHAMMAD

Par Abdelilah BENMESBAH – Université Ibn Tofail – Maroc

Les contre coups entre les calomnies médiatiques et les réalités scientifiques ne font qu’émerger les certitudes qui prouvent la véracité du message prophétique. 

Etant le sceau de tous les prophètes, ayant dominé et résumé en affinant toute la biographie du patrimoine prophétique, le prophète Mohammad que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur lui, a été choisi par Dieu pour recevoir entre autres la révélation d’anticipations divines de bien des découvertes modernes. Parmi ces anticipations, son information sur le retour de la péninsule arabique qui est actuellement désertique à un environnement lagunaire parsemé de lacs et de rivières, tel qu’il est précisé dans son hadith qui annonce : «L’heure de la fin du monde ne surgira que lorsque l’argent abonde mais personne n’en voudra, et que la terre des Arabes redeviendra lagunes (morooje) et rivières » [Mouslim : 6-7-94 ; Ibn Hanbal : 2-37-417]. Alors comment cette vérité se dévoile aujourd’hui par les travaux de recherches scientifiques ?

 Dans les travaux de thèse du géologue français B.H. Purser (Purser, 1983), la reconstitution des environnements anciens  du Golfe arabo-persique, à partir de l’étude de l’évolution tectono-sédimentaire du bassin, a montré qu’à une époque ancienne, le Golfe était une terre émergée traversée par des fleuves et des rivières. Il a écrit en page 7 : « En effet, les cartes bathymétriques détaillées montrent en plus des nombreux hauts-fonds, une série de dépression dont la forme suggère un réseau fluviatile noyé. Ces dépressions et hauts-fonds qui se retrouvent jusqu’à 120 m de profondeur dans le golfe d’Oman, indiquent une émersion totale du bassin il y a 20.000 ans environ, pendant laquelle les fleuves de Mésopotamie débouchaient directement dans l’Océan Indien. »

D’après une publication de J. Giraud sur l’évolution paléogéographique de Ja’alen (Oman) à l’Holocène moyen (Giraud & al. 2005) : les lagunes étaient à l’Holocène moyen vastement étendues sur la côte arabique. «Le passage d’un climat tropical à pluies d’été dominantes à un climat à pluies d’hivers similaires à l’actuel est daté d’environ 4000 ans av. j. c. Le débit des oueds qui alimentaient les lagunes côtières était donc nettement plus important à l’Holocène moyen.»

Concernant le devenir du Golfe, Purser (Purser, 1983) a écrit en page 102 : « La diminution progressive de la profondeur et de la superficie du bassin [du Golfe], après le remplissage sédimentaire, devrait augmenter le degré de confinement et engendrer une précipitation des sulfates. Cette suppression d’ions calcium et l’augmentation correspondante du rapport Mg/Ca pourrait simultanément engendrer une dolomitisation générale du remplissage final du bassin. Ainsi la partie axiale du Golfe Persique pourrait se présenter comme une vaste lagune peu profonde, remplie d’évaporites et de dolomite. »

Ces résultats publiés par Purser sont déduits de recherches géologiques qui montrent que sur le plan tectonique le mouvement continu de la plaque arabique conduit à des changements dans l’environnement général de la région. Le phénomène tel qu’il a été expliqué est lié à l’ouverture de la Mer Rouge aux dépens de la fermeture du Golfe. Les séismes qui ne cessent de se répéter dans différentes régions de l’Iran et ressentis dans les pays du Golfe sont l’expression de cette instabilité due au serrage entre les deux plaques arabique et eurasiatique traduisant le cachet d’une région tectoniquement active.

Ces mêmes travaux de recherche ont détecté des dépressions sous-marines dans le golfe d’Oman à des profondeurs de 120 m dont les sédiments portent les indices de continentalité prouvant que le Golfe formait un paysage émergé. La reconstitution de ce paysage montre des terrains traversés à l’époque par des fleuves et des rivières qui débouchaient directement dans l’Océan Indien alimentant un système lagunaire vastement étendu sur la terre émergée du Golfe.

Toutefois, après la dernière glaciation, le changement climatique a engendré une transgression venue de l’Océan Indien qui a envahi la région avec une vitesse de 100 à 200 m par an formant ainsi la mer du Golfe. Celle-ci se distingue aujourd’hui de son ancêtre indien par sa salinité beaucoup plus forte, sa température plus élevée et sa faune et flore de milieu plus ou moins confiné.

Concernant les dépôts, la grande majorité des sédiments du Golfe sont transportés par le Tigre et l’Euphrate. Ces fleuves conditionnent un remplissage latéral le long du Golfe traduit par l’avancée du delta de Mésopotamie qu’ils forment dans la zone d’embouchure. Ce milieu deltaïque, caractérisé par son taux de sédimentation très élevé, est l’indice de la forte activité sédimentaire que vit actuellement la région du Golfe résultant des états d’instabilités tectonique et sédimentaire qu’enregistre la région.

Ainsi, on peut noter d’après l’étude de Purser que le fort taux de sédimentation conditionné par la charge turbide très élevée du Tigre et de l’Euphrate en plus de la position du bassin sur la bordure en compression de la plaque arabique qui active les apports latéraux, détritiques de la côte iranienne et carbonatés de la côte arabique, aboutiraient au comblement du Golfe. Ce qui installerait des conditions régressives qui auraient pour conséquence l’émersion du Golfe et le retour à l’état d’avant glaciation.

Apports sédimentaires aboutissant au comblement du Golfe.

Actuellement, cet état semble se justifier, du moment que, le climat général de la Terre montre des changements qui semblent s’être beaucoup accélérés ces dernières décennies. De tels changements impriment sur les environnements de la Terre des instabilités que la science suit attentivement en tentant actuellement de modéliser afin d’en anticiper le devenir et les conséquences. Néanmoins, malgré le volume considérable de données accumulées, la science ne saurait répondre à toutes les interrogations ; elle fournit simplement l’interprétation de certains faits et permet ainsi d’établir des prévisions.

L’augmentation générale de la température de la Terre (de l’ordre de 0,8 °C) qui fait l’unanimité mais aussi l’angoisse des chercheurs, cause une fonte de glaces qui a une influence directe sur la réduction de la surface des glaces océaniques arctiques et le recul des glaciers continentaux. Chose qui aurait pour conséquence l’augmentation du niveau moyen des océans menaçant de submersion les terres basses, dont celles de l’Arabie.

Mais ce qui est encore plus embarrassant dans ces changements climatiques, c’est que cette augmentation générale de la température de la Terre est accompagnée d’une concentration de gaz (CO2, CH4, N2O) dans l’atmosphère qui montre des valeurs jamais atteintes depuis des milliers d’années et cause ainsi un effet de serre dû au confinement du rayonnement infrarouge émis par le sol.

Cet effet de serre ne signifie pas uniquement l’augmentation de la température de la Terre, mais aussi l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère et surtout dans les zones les plus productrices de CO2 à savoir les déserts. Si cette situation se maintient, les zones polaires qui sont les principales pompes de CO2 provenant des déserts, en subissant la fusion de leurs glaces, ne pourront plus absorber le CO2. Celui-ci se concentrera alors dans les déserts et finira par constituer des nuages qui en se condensant donneront des pluies. Et voilà qu’apparaîtront des rivières et des fleuves transformant les déserts y compris ceux d’Arabie en zones humides.

En parallèle, l’élévation du niveau général des mers suite à l’augmentation de température qui fait fondre la glace, causera la migration des lignes de rivages actuelles dans les continents, de sorte que les eaux salées marines envahiraient progressivement les continents y compris la péninsule arabique qui verrait les eaux marines gagner progressivement sur ses plaines côtières.

Cette situation exposera la terre de la péninsule Arabique, une fois le Golfe émergé par comblement, comme le démontre Purser, à l’interpénétration d’eaux salées issues de l’océan Indien et d’eaux douces véhiculées par les émissaires fluviatiles. Chose qui finira par installer des systèmes lagunaires côtiers sur des terrains parcourus par des fleuves et des rivières.

Ces études scientifiques qui envisagent l’émersion du Golfe et le retour de la région arabique à l’état de lagunes et de rivières rejoignent dans leurs modèles prévisionnels la globalité du sens qu’évoque le Hadith du Prophète Muhammad (paix et bénédiction soient sur lui) : « L’heure de la fin du monde ne surgira que lorsque l’argent abonde mais personne n’en voudra, et que la terre des Arabes redeviendra lagunes (morooje) et rivières » [Mouslim : 6-7-94 ; Ibn Hanbal :2-37-417].

Sur ce hadith, je m’arrête sur trois des termes qui y sont employés : redeviendra, qui signifie que cette terre a été à un moment donné parsemée de lagunes et de rivières et qu’elle reconnaîtra de nouveau ce sort ; lagunes, qui, au pluriel désigne l’abondance de zones de rencontre entre eaux marines salées et eaux continentales douces ; et enfin rivières, dont l’importance indique l’installation de conditions humides.

Mais ce qui est remarquable dans cette expression, c’est l’utilisation par le hadith du terme arabe « morooje » du verbe « maraja » qui signifie l’interpénétration d’eaux salées marines et d’eaux douces continentales. Ce terme désignant en français les lagunes suppose une interface continent-océan à obédience océanique. Donc un rivage où l’influence marine est prépondérante sur l’influence continentale, car une lagune sous-entend la pénétration d’eaux marines dans le continent formant une étendue d’eau où interagissent des eaux salées marines avec des eaux douces venant de fleuves. Donc parler de lagunes dans la péninsule arabique, revient à parler d’un envahissement des ses côtes par les eaux marines. Et c’est bien cette situation que les spécialistes du climat anticipent du réchauffement climatique. Celui-ci causerait l’augmentation du niveau général des mers et la submersion de plusieurs zones côtières. Donc comme si l’évocation par le hadith du terme «morooje » en français : lagunes, dans la zone arabique prédisait dès le temps de la révélation son envahissement par les eaux marines qu’envisage aujourd’hui le scénario des changements climatiques. Le Coran dans ses serments, affirme cette hausse généralisée des eaux des mers qui atteindra son niveau critique à la fin du monde par explosion des mers: (Et que les mers explosent.) (LXXX, 3) ; celles-ci, ne pouvant plus contenir leurs eaux, s’en déchargeront par débordement sur les continents.

Voila ce que l’on peut déduire sur le plan scientifique de la signification générale de ce hadith. L’évolution vers des paysages de lagunes qu’il envisage dans cette région arabique, semble illustrer le stade ultime de la convergence générale que montrent les indices climatiques et tectoniques en rapport avec l’évolution transgressive qu’enregistre la terre. Dire que la terre des Arabes qui, actuellement, est désertique va retourner à un état de lagunes et de rivières, revient à dire que celle-ci a bien connu cette situation dans un passé lointain. Et c’est bien ce retour que les études géologiques de Purser et autres démontrent et que les anticipations des climatologues basées sur les suivis de mesures permettent d’anticiper. Ce qui atteste la sérénité de ce hadith prophétique dont l’élucidation n’aurait vu le jour si ce n’étaient les efforts d’éminents scientifiques en sédimentologie, tectonique, climatologie et autres disciplines.

Ainsi parvient-on, grâce aux images de reconstitution acquises, à éclairer le sens d’un hadith qui, autrement, aurait été passablement obscur. Un sens qui cache une réalité qui s’annonce de plus en plus pertinente du fait que les indicateurs scientifiques affichent actuellement une tendance générale à la transgression. En annonçant ce retour de la terre des Arabes à son état initial de lagunes et de rivières, le message prophétique évoque une notion générale de rétroaction qui régit la Terre. De nombreuses images restent pourtant dans l’ombre à cause du manque de données directes. Mais rien ne permet de contredire cette notion du moment que les données argumentées de la recherche, dans leur intégralité scientifique, viennent inlassablement concrétiser le miracle des paroles explicites de la révélation dans leur globalité si brève et précise. Chose qui non seulement permet de rendre crédible la compréhension de l’histoire évolutive de notre planète, mais ne laisse aucun doute sur l’itinéraire prédestiné de son odyssée. Une odyssée dont le sens ne peut être appréhendé sans la reconsidération de l’importance mutuelle de ses composantes scientifiques acquises et spirituelles révélées.

De la réflexion sur les signes qu’englobent ces deux composantes, du décryptage de leurs finalités cryptographiées dans les images, souvent brouillées par les mauvaises interprétations et les incomplétudes scientifiques, jaillira la vérité comme guidance apportant la réponse aux interrogations soulevées par l’homme quant à son sort et à celui de la Terre. Que le salut et la bénédiction de Dieu soient sur Son Prophète Mohammad, messager de paix, pour l’appréhension de ces faits que la science ne cesse de dévoiler.

Références bibliographiques :

Giraud J., Cremaschi M., Charpentier V., Cavulli F., Cattani M., Davitian G., Cleuziou S., Berger J.-F., Marquis P., Martin C., Mery S., Plaziat J.-C., Saliege J.-F., (2005)– Evolution paléogéographique du Ja’alen (Oman) à l’Holocène moyen : impact sur l’évolution des paléomilieux littoraux et les stratégies d’adaptation des communautés humaines. Paléorient, 31, (1), 46-63.

Purser B. H. (1983) – Sédimentation et diagenèse des carbonates récents. Technip éd. 2, 389 p.

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