LA HONTE

Alors que le Maroc se réveille dans la douleur infinie de maisons effondrées et d’enfants disparus, les journalistes de certaines chaînes françaises osent, toute honte bue, se demander si les autorités marocaines, qui font de leur mieux pour planifier des aides sur des terrains impraticables, ne refusent pas volontairement l’aide française pour des raisons politiques. Ecoeurant.

Ecoeurant mais pas étonnant. Ces chaînes populistes diffusent une image de la France vieillotte et repliée sur elle-même, à l’image de cette cérémonie d’ouverture de la coupe de de rugby où, au lieu d’une France ouverte sur le monde, nous avons eu droit à un festival de poncifs dans une ambiance rance des années 50 : la baguette, le jambon, le marcel, et un coq, emblème de la Nation, grotesque et grimaçant. Une France ringarde et xénophobe dont les Français ne veulent plus. Les sifflets et huées saluant le discours du Président de la République en ont été la bruyante expression. La honte.

Pourquoi cet acharnement à dégrader l’image de notre pays, qui fut celui du refus de la soumission à l’OTAN, de la reconnaissance de la Chine, de l’opposition au massacre irakien, celui du Concorde, du TGV, de l’usine marémotrice de la Rance ? A l’étranger, la presse rapporte, sidérée, cette déchéance d’un pays devenu celui de l’apartheid à l’égard des musulmans. Les prétextes, invoquant une laïcité falsifiée, pour justifier l’injustifiable interdiction du porte de l’abaya à l’école, ne trompent personne, nulle part, sauf peut-être sur les plateaux d’une télévision aux ordres.

La France perd pied partout où ses semelles étaient jadis si profondément ancrées : l’Afrique, qu’elle a cru pouvoir éternellement asservir, l’Europe de l’est, le Caucase et l’Asie centrale où ses choix politiques la disqualifie de toute influence, et aussi des bénéfices futurs de ces régions en pleine essor.

Pauvre France…

Lire aussi

FLORENCE BERGEAUD-BLACKER OU LES FANTASMES FUNESTES DE L’ISLAMOLOGIE SÉCURITAIRE

Par Roland LAFFITTE L’anthropologue du CNRS Florence Bergeaud-Blackler vient de publier Le Frérisme et ses …