GOBUSTAN : NOS RACINES SE TROUVENT-ELLES EN AZERBAÏDJAN ?

Petroglyphe au Gobustan Photo Maya Baghirova©2023

Pourquoi qualifie-t-on de « type caucasien » les individus de race blanche ?

Lorsque le terme a été inventé à la fin du XVIIIe siècle, on pensait que l’humanité était née dans la région caucasienne. Une idée pas si absurde que cela puisque c’est à 65 km de Bakou qu’en 1939 l’archéologue I. Jafarzade découvrit l’une des premières traces d’activités humaines.

En 1966, le site fut déclaré « Réserve nationale de Gobustan » (en azéri : Qobustan Dövlət tarixi-bədii qoruğu), afin de protéger ce site archéologique unique au monde.

Gobustan, Azerbaïdjan – Photo Maya Baghirova © 2023

Le Gobustan occupe trois zones d’un plateau rocheux qui s’élève dans une région semi-désertique et recèle une collection remarquable de plus de 6 000 gravures qui témoignent de 40 000 ans d’art rupestre. Le site comprend également des vestiges de grottes habitées, de peuplements et de sites funéraires, qui reflètent une occupation humaine intensive depuis le paléolithique supérieur jusqu’au Moyen Âge. Le site occupe un total de 537 ha.

Un art rupestre exceptionnel

Gobustan – Photo Maya Baghirova © 2023

Le Gobustan a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2007. Selon l’organisation, le site a une valeur universelle exceptionnelle due à la qualité et à la densité de ses gravures d’art rupestre, à l’important témoignage que présente son ensemble d’images pour la chasse, la faune, la flore et le mode de vie à l’époque préhistorique et à la continuité culturelle entre les époques préhistorique et médiévale que reflète le site.

Les gravures rupestres (pétroglyphes) sont un témoignage exceptionnel d’un mode de vie disparu : elles représentent graphiquement des activités associées à la pêche et à la chasse à une époque où le climat et la végétation de la région étaient plus chauds et plus humide qu’aujourd’hui.

Les dessins, assez bien préservés, sont vieux de 5 000 à 20 000 ans. Ils montrent des personnes dans des bateaux de roseaux, des hommes chassant l’antilope et des taureaux sauvages, et des femmes dansant, entre autres scènes de la vie quotidienne. Le célèbre anthropologue norvégien Thor Heyerdahl visita la région plusieurs fois entre 1961 et sa mort en 2002, étudiant les sites de Gobustan dans sa Recherche d’Odin.

Danse « Yalli » – Petroglyphe Gobustan, Azerbaïdjan – Photo Maya Baghirova © 2023

La danse « Yalli » est l’un des pétroglyphes les plus célèbres de Gobustan. Il représente des danseurs participant à la danse traditionnelle azerbaïdjanaise Yalli.Le Gobustan porte également le témoignage du passage des légions romaines. Une inscription fait référence à celles qui ont envahi l’Azerbaïdjan au 1er siècle après JC. Elle est écrite en latin sur une dalle de pierre située au pied de la montagne Boyukdash et dit: « Sous le règne de l’empereur Domitien César Auguste Germanicus, Lucius Julius Maximus, Centurion XII Légion de la Foudre » . Elle prouve que la 12e Légion romaine de la Foudre a traversé le territoire de Gobustan en 84-96. Son auteur est un légionnaire romain de l’empereur Domitien de la légion Fulminata (« Foudre »).

Monolithes et volcans de boue

Gaval Dash – Gobustan, Azerbaïdjan – Photo Jean-Michel Brun © 2021

L’activité préhistorique se manifeste aussi par la présence de monolithes, et notamment le Gaval Dash, qui se dresse à l’entrée du parc. Il s’agit de l’une des quatre pierres musicales trouvées dans la réserve. Elles ont probablement été utilisés comme instrument de percussion. Lorsque cette grosse pierre de deux mètres de long est frappée avec des pierres plus petites, elle émet un son creux et retentissant, ressemblant au son d’un tambourin, ou « gaval » en langue azerbaïdjanaise. Cette roche résonnante servait probablement à accompagner la danse rituelle en chaîne (yallı), évoquée plus haut, et qui était conçue pour assurer une chasse réussie.

Volcan de boue – Gobustan, Azerbaïdjan – Photo Jean-Michel Brun © 2021

Un autre intérêt du Gobustan réside dans une particularité géologique particulièrement rare : les volcans de boue. On estime qu’environ 300 des 700 volcans de boue du monde se trouve au Gobustan et dans la mer Caspienne. De nombreux visiteurs viennent à cet endroit pour se badigeonner de boue aux vertus réputées thérapeutiques. En 2001 un volcan de boue à 15 km de Bakou fit la une dans le monde entier lorsque des flammes hautes de quinze mètres commencèrent à s’échapper de son cratère.

Jean-Michel Brun

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