La légende de « l’armée la plus morale du monde », telle que la qualifie Netanyahou commence à avoir du plomb dans l’aile. Selon France24, des expertes mandatées par l’ONU après des accusations de violences sexuelles commises par les israéliens contre des femmes et des jeunes filles palestiniennes, non seulement à Gaza, mais aussi en Cisjordanie, ont remis un rapport accablant.
Sept expertes indépendantes, nommées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont fait état , ce 19 février, d’exactions et de « violations flagrantes des droits humains » commises par Tsahal. Elles se sont appuyées sur « des témoignages de victimes et de témoins oculaires, mais aussi d’organisations civiles ou internationales travaillant avec les civils », explique Reem Alsalem, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences. Elles exigent une « enquête indépendante et impartiale » et pressent Israël à coopérer.
Car les temps ont changé. Malgré le déploiement de moyens médiatiques considérables, notamment grâce à la complicité de nombreux medias occidentaux, le gouvernement israélien ne peut continuer à mentir impunément. Chacun dispose désormais d’un téléphone portable, et les exactions de l‘armées israéliennes, malgré les dénégations de celle-ci, ne peuvent plus être cachées. Ces images sont largement diffusées sur les télévisions arabes, mais aussi américaines, et, plus curieusement, jamais sur les medias français.
Depuis le début de l’offensive israélienne à Gaza, les femmes et les enfants représentent 70 % des victimes, et au moins deux mères sont tuées toutes les heures, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Parmi les témoignages reçus, les expertes font état de femmes et de filles qui auraient été « arbitrairement exécutées à Gaza, souvent avec des membres de leur famille, y compris leurs enfants », alors que les victimes se trouvaient dans des lieux de refuge ou qu’elles tentaient d’échapper aux forces armées. « Certaines d’entre elles auraient tenu des morceaux de tissu blanc lorsqu’elles ont été tuées par l’armée israélienne ou des forces affiliées », précise le communiqué. Une vidéo publiée et vérifiée par le site Middle East Eye en janvier montrait une femme, Hala Rashid Abd al-Ati, abattue par balles, alors que son petit-fils arborait un drapeau blanc.
Le rapport des expertes précise également que l’armée israélienne aurait procédé depuis le 7 octobre à la « détention arbitraire de centaines de femmes et de filles palestiniennes », parmi lesquelles des défenseuses des « droits de l’homme », des journalistes et du personnel d’organisations humanitaires. Un cas de femmes détenues dans une cage à Gaza, exposées à la pluie et au froid sans nourriture, a été rapporté. Selon Reem Alsalem, il suffit que les forces israéliennes qualifient les personnes détenues ou kidnappées de « combattants illégaux », pour qu’elles échappent au droit international. « certaines femmes ont été arrêtées à leur domicile ou dans la rue à Gaza, uniquement sur la base d’allégations de liens avec le Hamas, sans aucune preuve. On peut donc dire qu’elles ont été kidnappées par les autorités israéliennes » rapporte l’envoyée de l’ONU.
Une vidéo diffusée par AJ+ France, et vérifiée par les spécialistes de France24 montre clairement des femmes mises à nu et bâillonnées dans un stade. Les rapporteuses de l’ONU font état des viols qu’auraient subis au moins deux détenues.
Contre ces exactions, des actions judiciaires sont menées au niveau international. En mars 2021, la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur des crimes de guerre présumés commis dans les Territoires palestiniens au cours de la guerre de Gaza de 2014. Une autre enquête, demandée par l’Afrique du sud, est actuellement en cours devant la Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire de l’ONU. Le tribunal enquête sur les soupçons d’ « actes de génocide » commis par l’armée israélienne contre le peuple palestinien à Gaza.
Il est également à noter que des vidéos prises à Gaza par les forces israéliennes elles-mêmes, montre la participation, en leur sein, de citoyens français. Or, les juridictions nationales de pays comme la France, le Royaume-Uni ou les États-Unis qui ont des ressortissants dans l’armée israélienne « ont le devoir d’enquêter sur des allégations de crimes commis par leurs ressortissants, quelle que soit la localisation desdits crimes. »
Sans éprouver le moindre cas de conscience, les soldats israéliens ont pris l’habitude de filmer leurs propres exactions. Sur l’une d’elles, on voit notamment des soldats de Tsahal piller une banque de Gaza et exhiber fièrement leur butin. Selon l’avocate générale de l’armée israélienne, Yifat Tomer Yérushalmi, de tels actes dépassent le seuil disciplinaire et franchissent le seuil pénal, et ces images causent à l’Etat d’Israël et à l’armée un préjudice stratégique sur la scène internationale. La réaction le chef d’état-major de l’armée, Herzi Halevi a été immédiate : Il a demandé aux soldats, non pas de cesser les exactions… mais de les filmer !
La propagande israélienne contre-attaque
Naturellement, la représentation israélienne auprès de l’ONU à Genève a immédiatement contesté ces accusations un message posté sur X, déclarant que ces allégations étaient « méprisables et sans fondement » et affirmant que les experts étaient « motivés par leur haine pour Israël, et non par la vérité ».
En France, la contre-attaque s’est également exprimée à travers les medias affiliés, qui avaient déjà largement publiés sur les « crimes du Hamas » et « oublié » l’occupation israélienne.
Le Point fait donc, le même jour, un article sur les exactions à Gaza, mais pas véritablement du même point de vue. Tirant : « À Gaza, les otages du Hamas victimes de viols et d’abus sexuels », il précise : « Des crimes sexuels « systématiques » et « prémédités » ont été commis par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, selon un rapport israélien. Les témoignages confirment que les otages ont aussi été victimes de tels sévices. »
Une façon élégante de mettre les viols sur le dos des victimes. La ficelle est un peu grosse. Il n’est pas certain que, cette fois, elle passera.