DEMANDE D’INTERDICTION DES CARRÉS MUSULMANS : LE CONSEIL D’ÉTAT MET UNE CROIX DESSUS

L’ancien conseiller municipal de Voglans, en Savoie, Marcel Girardin, voulait faire interdire les carrés musulmans dans les cimetières français. Le Conseil d’État a mis une croix sur son projet.

Ce qui avait rendu furieux cet ancien attaché parlementaire, c’est une circulaire datant du 19 février 2008 traitant de la police des funérailles et des cimetières. « Pour répondre favorablement aux familles souhaitant que leurs défunts reposent auprès de coreligionnaires, je vous demande d’encourager les maires à favoriser, en fonction des demandes, l’existence d’espaces regroupant les défunts de même confession, en prenant soin de respecter le principe de neutralité des parties communes du cimetière ainsi que le principe de liberté de croyance individuelle », demandait aux préfets Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur.

Mais pour ce Monsieur, la présence d’un carré musulman relevait d’une « vision religieuse ségrégationniste et discriminatoire (et) porte atteinte aux principes essentiels de neutralité laïque et d’égalité devant la loi que prône la République française ».

Comme le rappelle Mohammed Moussaoui, le président du feu le Conseil français du culte musulman (CFCM), il n’existe que 600 carrés musulmans dans les 40 000 cimetières que compte le pays. Un nombre nettement insuffisant qui entraîne, rappelait au Figaro le président de l’Union des mosquées de France (UMF), « l’expatriation de plus de 80 % des corps des musulmans décédés en France », ce qui « ne favorise pas l’intégration de ces populations ».

Par ailleurs, les carrés confessionnels ne remettent absolument pas en cause la laïcité. En effet, les signes religieux sont autorisés sur les tombes, mais c’est la création (par des portails, des clôtures) d’espaces confessionnels à part, séparés des autres, qui est interdite. Or les carrés confessionnels ne sont pas à part. Il s’agit juste d’un regroupement de sépultures.

Du coup, la réponse du Conseil d’État a été nette : « Ni la qualité de citoyen invoquée par le requérant ni celle d’ancien adjoint au maire de sa commune de résidence, ni la circonstance qu’il se dise attaché à la neutralité des cimetières ne suffisent à lui donner intérêt à demander l’annulation des dispositions critiquées de la circulaire. Par suite, sa requête qui est irrecevable, doit être rejetée », prononce la juridiction dans une décision rendue le 15 juillet 2022.

En d’autres termes, un simple citoyen ne peut demander la suppression d’un carré musulman au nom d’un attachement « à la neutralité des cimetières ». Ainsi, le Conseil d’État coupe court à la prolifération de demandes de ce genre. L’aménagement de carrés musulmans dans les cimetières reste de la responsabilité des maires.

Reste que la discrimination raciale poursuit les musulmans jusque dans leur tombe. Après, on s’indignera que Viktor Orban affirme, il y a quelques jours :  « Nous ne voulons pas être une race mixte », qui se mélangerait avec « des non-Européens ».

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