COMMENT PEUT-ON ÊTRE TURC* ?

Il existe plusieurs manières d’apprécier la qualité ou la véracité d’une information.
L’une d’elle consiste à s’interesser à l’auteur de l’information, se demander qui en est à l’origine. . Cela est parfois efficace, notamment pour débusquer les fake news.

Mais lier la crédibilité d’une information à sa source est une méthode simpliste qui risque de conduire le lecteur, ou le spectateur, à accepter comme vraie une information dès l’instant où elle provient d’un organe qui correspond à ses idées, et a contrario mettre à l’écart toute information diffusée par un média dont la ligne éditoriale ne lui plaît pas.
Ainsi, une agence de presse officielle ne pourra que travestir la réalité afin de servir ses desseins politiques, et les journalistes, dans leur ensemble, ne pourront qu’être les porte-parole des groupes financiers auxquels appartiennent leur support.
Et comme il n’existe pas réellement d’organe de presse totalement indépendant (même les journaux dits « libres » reflètent la point de vue de leur propriétaire), toute information devient suspecte, et tout journaliste vu comme un vassal de quelque chose.

L’autre manière est évidemment plus difficile car plus rigoureuse : elle consiste à vérifier l’information elle même, en la recoupant avec d’autres sources, en se documentant, en se rendant sur place, en préférant les débats contradictoires aux monologues convenus.

D’autant que la première approche est un moyen facile de décrédibiliser une information qui dérange, puisqu’il suffit d’en discréditer la source.
C’est exactement ce qui est en train de se passer avec les attaques violentes du Ministère de l’Intérieur français et du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation contre l’agence de presse Anadolu, accusée par ceux-ci de diffuser des fake news. Il faut dire que celle-ci n’est guère tendre avec le sort réservé aux musulmans français, et qu’elle n’hésite pas à remettre en question la version officielle des événements du Haut Karabakh. Et puis surtout, elle est turque, suprême infamie qui ne peut que la vouer aux gémonies de la pensée unique.
Pourtant, cette agence, fondée par Mustafa Kemal Ataturk en 1920 est considérée en Turquie comme un organe d’élite, que tout journaliste rêve de rejoindre un jour. Alors oui, elle est proche de l’Etat, comme beaucoup d’agences de presse officielles dans le monde. Cela signifie-t-il pour autant que les nouvelles qu’elle diffuse sont, par nature, inexactes, et que ses journalistes ne méritent pas ce titre ? C’est naturellement ce que d’aucuns tentent d’insinuer. Mon propos n’est pas de prendre la défense d’Anadolu, qui n’a pas besoin de moi pour cela. Je veux juste m’en tenir à l’approche déontologique dont il est question plus haut.
Eh bien, concernant la guerre du Haut-Karabakh, qu’on le veuille ou non, et nonobstant le fait que que l’agence Anadolu en parle, le gouvernement arménien – et non le peuple arménien, ne faisons pas d’amalgame – viole les dispositions de la Convention des Nations Unies de 1999 sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel en refusant de livrer les cartes des zones minées du Karabakh, mettant ainsi en danger la population civile. De même qu’il a bafoué toutes les lois internationales en commettant le massacre de Khodjaly et en encourageant le séparatisme du Karabakh.
Nous vous laissons découvrir à ce sujet le reportage de la journaliste azerbaïdjanaise francophone Zeynab Kasimova.


Jean-Michel Brun

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*« Comment peut-on être persan ? » Dans ses Lettres persanes, Montesquieu raillait ainsi l’étonnement de bourgeois parisiens devant la différence, devant des gens qui ne leur ressemblent pas.

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