Malgré la démission du gouvernement Attal, Gerald Darmanin a poursuivi sa politique de discrimination à l’égard des musulmans et de musèlement de tous ceux qui protestent contre le génocide en cours à Gaza et mettent en cause le récit officiel de Netanyahou, relayé sans vergogne par le gouvernement français et les medias qu’il subventionne.
Ainsi, Imane Maarifi, l’infirmière qui s’était exprimé sur les massacres de Gaza à l’Assemblée Nationale s’est vue placée en garde à vue pour un prétexte futile. Contredire la version officielle des faits conduit à des condamnations, comme dans les dictatures les plus impitoyables ou comme au joli temps de l’Union Soviétique.
Abdourahmane Ridouane vient d’en faire les frais. Arrivé en France en 1990, puis étudiant à l’Université de Bordeaux IV, il est engagé dans le milieu associatif contre la précarité des jeunes depuis 25 ans. En 2004, il initie un partenariat local et national avec les cultes juif et chrétien et lance des tables rondes dans le cadre du dialogue inter religieux. En 2008, il est nommé chef du service éducatif au sein d’un ITEP (Institut Thérapeutique Educatif Pédagogique) jusqu’à 2015, année durant laquelle il décide de reprendre des études à l’Université de Caen. En 2016 il obtient un Master Management des organisations de santé. Il fonde ensuite l’association des musulmans de Pessac en 2000, il devient président de la Mosquée de Pessac.
Le 8 août 2024, Abdourrahmane Ridouane est interpellé à son domicile et incarcéré au Centre de Rétention Administrative de Mesnil-Amelot, en attendant son expulsion du territoire, sans qu’aucune juridiction ne l’ai jamais condamné ni pour des propos ni pour des actes.pour des délits, ni pour des crimes. De nationalité Nigérienne, Abdourahmane vit en France depuis 35 ans, légalement. Le tribunal administratif de Bordeaux venait d’ordonner aux autorités de lui délivrer un récépissé provisoire et de réexaminer sa demande de renouvellement de titre de séjour, qui lui avait été refusée de façon arbitraire. En réponse à cette requête du Tribunal de Bordeaux, le ministère de l’intérieur a publié un décret exigeant son expulsion. Une bataille juridique s’est ouverte devant le Conseil d’État saisi le 26 août.
Mais que reproche-t-on à Abdourrahmane Ridouane ? Simplement d’avoir affirmé que le Hamas était un mouvement de résistance. Ce n’est pas vrai ? Pourtant tous les mouvements de résistance, ou s’affirmant comme tels, comme la résistance française ou les commandos de l’Irgoun ou du groupe Stern, ont utilisé des méthodes qualifiées, par leurs adversaires, de terroristes. Qu’importe, cette affirmation a suffi à l’État français pour reprocher à Abdourahmane Ridouane d’afficher « de manière constante un mépris virulent vis à vis de l’Etat décrit comme raciste, islamophobe et colonialiste », affirmant que « ses positions visent, sous couvert de dénoncer des discriminations dont serait victime la communauté musulmane ou la persecution, par Israël et ses alliés, du peuple palestinien, à inciter à la haine ou à la discrimination envers l’État, les non-musulmans ou les juifs ou au rejet des valeurs de la République ».
On remarquera que, dès la mise en accusation, utilisant le conditionnel dès qu’il évoque l’islamophobie ou les massacres commis par les israéliens, et l’indicatif quand il s’agit de formuler les accusations, l’État français, se range délibérément du côté du récit de Netanyahou pour lancer des accusations fallacieuses. Il s’agit là rien de moins qu’une atteinte à la liberté d’expression et une atteinte à la séparation des pouvoirs. Car la justice, elle, a tranché plusieurs fois : En Avril 2022, le Tribunal Administratif de Bordeaux a annulé la fermeture de la mosquée de Pessac qui avait été ordonnée par la préfecture. En 26 mai 2022, Conseil d’État donne à nouveau raison à la mosquée de Pessac et confirme l’annulation de la fermeture. Le 31 mai 2024, le Tribunal Judiciaire de Bordeaux émet un avis défavorable à la demande d’expulsion émise par la préfecture. 1er août 2024 Tribunal administratif de Bordeaux ordonne aux autorités de délivrer un récépissé provisoire autorisant M. Ridouane à travailler en France et de réexaminer sa demande de renouvellement de titre de séjour. Malgré cela, le ministère de l’Intérieur publie un décret exigeant l’expulsion d’Abdourahmane Ridouane du territoire français.
Depuis neuf ans, l’imam est l’objet d’un véritable acharnement administratif, guidé par le ministre de l’Intérieur. Malgré ces multiples décisions de justice en faveur d’Abdourahmane Ridouane, l’État a décidé de se substituer aux décisions des juges, ce vaut à celui-ci d’être accusé par plusieurs ONG de mener une politique “d’entrave systématique”, et d’utiliser de façon arbitraire, abusive et punitive la législation administrative.
Des atteintes systématiques à l’État de droit
Pire, Gerald Darmanin n’a pas hésité à franchir le Rubicon en foulant aux pieds les droits de la défense. L’avocat d’Abdourahmane Ridouane, Maître Sefen Guez Guez a en effet été menacé de poursuites par le ministère de l’Intérieur pour n’avoir pas voulu remettre le passeport de son client aux autorités, alors même qu’il ne l’a jamais eu en sa possession. Le Syndicat des avocats de France (SAF) dénonce ces « attaques » de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, à l’encontre de Maître Guez Guez. Dans un communiqué, il rappelle les faits : le 8 août, lorsque Abdourahmane Ridouane est interpellé en Gironde, son domicile et la mosquée de Pessac sont perquisitionnés. Son passeport n’est pas retrouvé par les autorités. « Aussitôt la Préfecture de Gironde » note le syndicat, a fait « injonction à Me Guez Guez, en employant la menace et l’intimidation, d’indiquer s’il était en possession du passeport de son client et dans l’affirmative, de le remettre aux autorités » . Or, ainsi que le rappellent l’avocat et le syndicat, le fait même de demander à un avocat s’il a en sa possession des documents appartenant à son client est un abus : l’avocat n’est « pas un collaborateur du service public », et n’a pas « à répondre aux invectives de l’administration pour collaborer ». Néanmoins, Maître Guez Guez a reçu une visite de la police aux frontières (PAF) qui lui a remis une convocation. Le ministre de l’Intérieur a saisi le procureur général d’Aix-en-Provence et le bâtonnier de l’Ordre, ce qui peut mener à d’éventuelles poursuites pénales et disciplinaires. Le SAF lui, pointe, « que sans le secret professionnel des Avocat.es, il ne pourrait y avoir ni bonne Justice, ni société démocratique digne de ce nom, ni état de droit ». Il dénonce également le fait que l’usage de la législation administrative en France ne respecte pas les principes de l’État de droit puisqu’elle érige la “prévention” et la “suspicion” en concepts remplaçants systématiquement la preuve et la certitude de la preuve afin d’obtenir un jugement favorable. Et lorsque le jugement lui est défavorable, l’État saisit et utilise tous les moyens administratifs mis à sa disposition (notes blanches, MICAS, perquisitions, droit des étrangers) pour punir, harceler, entraver, et ainsi se substituer à la justice en se faisant justice lui-même.
Pour l’heure, Abdourahmane Ridouane est placé dans un centre de rétention administrative (CRA) en région parisienne, suite à un arrêté ministériel d’expulsion. Lui et son avocat ont lancé un ultime recours auprès du Conseil d’État. L’audience a eu lieu le 6 septembre. L17, la décision est tombée : recours rejeté. L’exécutif, incarné par un ministre démissionnaire, a gagné contre la loi. Triste France.
Ces attaques arbitraires contre les personnalisés et institutions musulmanes démontrent une volonté de l’État français, fortement influencé par l’extrême droite depuis que le parti présidentiel aux abois cherche désespérément à capter ses électeurs, d’éradiquer l’islam, deuxième religion française, de notre territoire. L’expulsion de Hassan Iquioussen, dont on aurait bien du mal à trouver, dans ses enseignement la moindre parole anti-républicaine, la fermeture d’écoles, dont l’école MHS à Paris, la menace de fermeture de la mosquée des Bleuets de Marseille, la mise en garde à vue de l’infirmière Imane Maarifi, et bien d’autres, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans les coulisses du ministère de l’intérieur, la chasse aux sorcières se poursuit avec acharnement. Le nouveau gouvernement décidera-t-il d’y mettre fin, et de cesser d’utiliser les 10 millions de musulmans français comme boucs émissaires du délabrement de la France ? Nous verrons bien.
Pour soutenir financièrement le combat d’Abdourahmane Ridouane : https://www.cotizup.com/pour-abdourahmane
Pour signer la pétition de soutien : https://www.change.org/p/p%C3%A9tition-de-soutien-pour-abdourrahmane-ridouane
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