Les partis de droite français font de la surenchère pour demander la reconnaissance de l’indépendance du Haut-Karabakh, instrumentalisant un conflit local pour des raisons de politique intérieure.
Sans insister sur le fait qu’il s’agit d’une atteinte au droit international, par ailleurs invoqué par l’ensemble des pays occidentaux pour condamner la décision de Poutine de reconnaître l’indépendance du Donbass, cette position française est basée sur une histoire tronquée. Une histoire qu’il est temps de rappeler.
Si l’Arménie a attendu 1988 pour réclamer officiellement l’indépendance du Karabakh, c’est qu’elle prenait un énorme risque à le faire avant.
Avant cette date, 300 000 azéris vivaient en Arménie. La région d’Erevan, capitale de la République Arménienne, était majoritairement azérie. Si les Arméniens avaient soutenu l’indépendance du Karabakh, les azerbaïdjanais auraient été légitimes à demander la réciproque pour les régions d’Arménie habitées par des azéris.

En 1987, 250 000 azéris d’Arménie furent donc expulsés de leur pays natal. un véritable nettoyage ethnique, qui fut accompagné de la destruction de toute trace de la présence azérie en Arménie : monuments, lieux de cultes, cimetières furent été ainsi totalement détruits.
Vidée de sa composante azérie, l’Arménie eut alors les mains libres pour réclamer l’indépendance du Karabakh.
Si on ajoute à cette épuration, les 100 000 azéris expulsés d’Arménie par Staline, ce sont plus de de 350 000 azéris qui ont dû quitter l’Arménie. Sans ce nettoyage ethnique, la population azérie se monterait aujourd’hui à un demi million de personnes, soit le 1/6 de la population arménienne.
Rappelons aussi que l’Azerbaïdjan n’a, de son côté, jamais demandé le départ de sa composante arménienne.
A quelques jours du 30ème anniversaire du massacre de Khodjaly, les Azerbaïdjanais originaires d’Arménie appartenant à la diaspora de France ont décidé de faire appel à la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, pour qu’on se souvienne de ce point d’Histoire et rappeler que si destruction de biens culturels il y a eu, elle ne vient pas de ceux qu’on croit.
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à Madame Audrey Azoulay,
Directrice générale de l’UNESCO
Paris, le 21 février 2022
Objet : Lettre-appel des Azerbaïdjanais originaires d’Arménie, membres de la diaspora azerbaïdjanaise en France, en Europe et les soutiens de l’Azerbaïdjan à Madame Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
V/Réf. : Missions de l’UNESCO en Azerbaïdjan et en Arménie.P/j : Liste non-exhaustive du patrimoine culturel azerbaïdjanais en Arménie (par ordre alphabétique).
ASP : ZS (CF/E-1479)
LETTRE SUIVIE n° 1L 026 909 5190 7
Anticipé par courriel sur <dg@unesco.org>, <odg-dir@unesco.org>, <dg.secretariat@unesco.org>
Madame la Directrice générale,
En nos qualités d’Azerbaïdjanais originaires d’Arménie, membres de la diaspora azerbaïdjanaise en France, en Europe et les soutiens de l’Azerbaïdjan nous avons fait, à plusieurs reprises, appel à l’UNESCO pour vous informer de la politique d’annihilation perpétrée par l’Arménie contre le patrimoine du peuple azerbaïdjanais. A la suite d’une politique délibérée menée par l’Arménie, le patrimoine culturel séculaire du peuple Azerbaïdjanais sur le territoire de l’Arménie est menacé de la destruction totale.
L’annihilation de l’héritage perpétrée par l’Arménie s’est accompagnée d’une politique de nettoyage ethnique contre les Azerbaïdjanais. A la suite d’expulsions massives des Azerbaïdjanais de leurs terres natales dans l’Arménie actuelle, qui a commencé au début du XXe siècle, il n’y a plus d’Azerbaïdjanais en Arménie. Durant les dernières expulsions en 1987-1989 seulement, plus de 250 000 (deux cent cinquante mille) Azerbaïdjanais ont été expulsés de leurs terres natales et sont devenus des réfugiés. 217 (deux cent dix-sept) d’entre eux ont été sauvagement assassinés dans des circonstances diverses.
Ainsi, en poursuivant une politique de purification ethnique et d’anéantissement culturel, l’Arménie a délibérément effacé toute trace des Azerbaïdjanais, les habitants historiques et anciens autochtones de ces territoires, perpétré le pillage, détruit, détourné et changé le patrimoine culturel du peuple azerbaïdjanais. Dans le même temps, les anciens toponymes azerbaïdjanais dans ces régions ont été remplacés par des noms arméniens.
Nous avons fourni un certain nombre de faits précis dans nos précédents appels à l’UNESCO. Par exemple, avec d’autres faits, nous avons souligné que la Mosquée Bleue, la Mosquée Gala, la Mosquée Shah Abbas, la Mosquée Tapabashi, la Mosquée Zal Khan, la Mosquée Sartib Khan, la Mosquée Haji Novruzali Bey, la Mosquée Damirbulagh, la Mosquée Haji Jafar Bey, la Mosquée Rajab Pacha, la Mosquée Mohammad Sartib Khan, la Mosquée Haji Inamverdi et plus de 300 (trois cents) autres mosquées situées en Arménie ont été délibérément détruites, appropriées ou utilisées à d’autres fins au début du XXe siècle. Seule la mosquée Damirbulagh a fonctionné normalement jusqu’en 1988, mais elle est maintenant entièrement démolie et remplacée par un immeuble de grande hauteur.
En outre, plus de 500 (cinq cents) cimetières azerbaïdjanais en Arménie, tels que Aghadada, Ashaghi Shorja, Gullubulagh et Saral ont été détruits. La tombe du grand poète azerbaïdjanais Ashig Alasgar, avec la pierre tombale érigée dans son village natal dans l’ancien district de Goycha, a également été détruite.
Nous voulons tout particulièrement souligner qu’un tel grand nombre des mosquées et cimetières azerbaïdjanais en Arménie actuelle correspond à la situation démographique et ethnique du pays peuplé jadis en majorité absolue d’autochtones azerbaïdjanais.
Au début du XXe siècle, plusieurs dizaines des milliers d’Azerbaïdjanais ont été systématiquement exterminés sur le territoire des anciens khanats azerbaïdjanais d’Iravan et Nakhitchevan, ainsi que dans la région du Zanguézour, par les Dashnaks arméniens (notamment le funeste général Andranik). Ces actes ne peuvent être qualifiés en droit que de génocide.
Pendant l’époque soviétique, prétextant le rapatriement des Arméniens de l’étranger les autorités de la RSS d’Arménie ont obtenu la transmigration forcée (déportation) de l’Arménie de 100 000 (cent mille) Azerbaïdjanais. Toutefois, la quasi-majorité de soi-disant rapatriés sont repartis par la suite dans leurs pays occidentaux d’origine, tandis que seules quelques Azerbaïdjanais ont pu revenir en Arménie.
Outre cela les pouvoirs de l’Arménie soviétique ont délibérément entravé l’enseignement de l’arménien dans les territoires peuplés majoritairement d’Azerbaïdjanais de façon à faire obstacle par la suite à leur intégration et favoriser ainsi leur départ définitif du pays (l’Arménie).
A la fin des années 1980, seules 300 (trois cents) familles azerbaïdjanaises restaient à Erevan. Une seule mosquée en plus d’une école publique et d’un journal officiel y fonctionnaient. Malheureusement, pendant la période du conflit, toutes ces familles ont été forcées à fuir leurs foyers / habitations, la mosquée a été détruite et l’école publique ainsi que le journal officiel ont été fermés. Le département azerbaïdjanais dans le système d’enseignement supérieur a été fermé bien des années auparavant.
Tout cela témoigne d’une politique étatique continue et délibérée de nettoyages ethniques envers les Azerbaidjanais quel que soit le régime en Arménie.
En général, l’Arménie a délibérément détruit des milliers de sites du patrimoine culturel du peuple azerbaïdjanais sur son territoire. C’est un exemple clair de l’intolérance de l’Arménie envers le peuple azerbaïdjanais, ainsi qu’une insulte à toute l’humanité.
C’est la preuve du fait que l’Arménie ne reconnaît aucune valeur universelle. Le fait que l’Arménie ait commis tous ces actes illégaux et de vandalisme en toute impunité pendant des décennies envoie un mauvais signal à la communauté internationale. Celle-ci devrait comprendre que de telles mesures représentent une politique d’État en Arménie et prendre des mesures à son encontre. Il est grand temps d’agir !
À cette fin, les outils existants du droit international devraient être déployés. La destruction, la distorsion et l’appropriation délibérées de sites culturels constituent tout particulièrement une violation flagrante du droit international humanitaire, en particulier, notamment de la Convention de Genève de 1949 et des Conventions de l’UNESCO de 1954 et 1970. Les actes reprochés à l’Arménie ne peuvent être qualifiés que de crimes de guerre et / ou de crimes contre l’humanité. La destruction délibérée du patrimoine culturel est également une question de paix et de sécurité, telles que définies par la résolution 2347 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée en 2017.
Madame la Directrice générale,
En se basant sur les faits susmentionnés, nous vous avons demandé d’envoyer un groupe d’experts en Arménie pour évaluer l’état actuel du patrimoine culturel et historique séculaire du peuple azerbaïdjanais. Malheureusement, l’Arménie s’est opposée à une telle mission afin de garder secrètes ses actions insidieuses et illégales.
Cependant, à la suite d’une visioconférence entre les dirigeants de l’Azerbaïdjan, de la France, de l’Arménie et le président du Conseil européen le 4 février 2022, un accord a été trouvé sur l’envoi d’une mission de l’UNESCO en Arménie et en Azerbaïdjan. Cette nouvelle nous a inspirés et incités à nous adresser à nouveau à vous.
Nous espérons que l’Arménie, qui a pris cet engagement, n’entravera pas la réalisation de la mission de l’UNESCO et, à la suite du rapport objectif de cette mission, le monde entier sera au courant des actions commises contre le patrimoine séculaire du peuple azerbaïdjanais. L’Arménie devra finalement être tenue responsable pour ses actes.
Vous trouverez ci-joint quelques documents à l’appui du contenu de la présente lettre-appel. Nous restons bien entendu dans à votre entière disposition pour toute renseignement ou précision complémentaire que vous jugerez utile.
En vous remerciant par avance de toute l’attention que vous voudrez bien accorder à la présente lettre-appel, nous vous prions, Madame la Directrice générale, de recevoir l’expression de nos salutations distinguées.
Signataires :
Zaur N. SadigBayli, juriste. Mourad Abuzarli, doctorant en physique. Shahla Aghalarova, anc. enseignante FLE. Kamala Gulmammadova, enseignante FLE, Mr. & Mrs. Emil & Aytan Mirzayev(a), doctorant en économie. Aytan Mouradova, conseillère culture. Mehriban Ovchueva, juriste. Elnara Ramazanova, traductrice- interprète. Gulia Ramazanova, traductrice-interprète. Dr. Gunel Safarova, chercheur associé, consultante en gestion des échanges. Shabnam Suleymanova, ingénieure médias. Nazrin Shirinova, cheffe de projet. Serge B., fondateur du GR « Le Cadran ». Maxime Gauin, historien, spécialiste de la question arménienne. Martin O’Ryan, entrepreneur, « AKS » – Conseil de coordination de la diaspora Azerbaïdjanaise en France. « Alim » – Association scientifique. « ADFA », association de dialogue France-Azerbaïdjan. « Le Cadran » – Groupe de réflexion. « Garabagh » – Ecole azerbaïdjanaise privée. « Ulduz » – Association culturelle. Aynur Bashirova, doctorante en relations internationales (Belgique). Matin Hassanov, économiste du développement (Belgique). Emin Aliyev, chef de gestion de projet (Belgique). Farid Aliyev, expert financier (Belgique). M et Mme Antoine et Nigar Liagre, analyste (Suisse). M et Mme Simon et Maria Martignioli (Suisse),
à Madame Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO
Copie à S. E. Monsieur Elman Abdullyaev,Ambassadeur,
Délégué permanent de la République d’Azerbaïdjan auprès de l’UNESCO
Délégation permanente de l’Azerbaïdjan auprès de l’UNESCO
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Liste non-exhaustive du patrimoine culturel azerbaïdjanais en Arménie :
1. Bazar (marché) d’Iravan.
2. Caravansérail Afshar (à Iravan).
3. Caravansérail Géorgien (à Iravan).
4. Caravansérail Salim (bourgade Daralataz).
5. Caravansérail Sussuz (à Iravan).
6. Caravansérail Talin (village Talin).
7. Caravansérail Zarab Khan (à Iravan).
8. Cimetière Aghadada (à Iravan)
9. Cimetière Aghbulagh (village Aghbulagh, district de Goytcha).
10. Cimetière Ashaghi Shorja.
11. Cimetière Gullubulagh (village Aghbaba).
12. Cimetière Saral (Village Boyuk Garakilsa, district Alexandropol).
13. Cimetière Urud (village Urud, Zanguézour).
14. Complexe de forteresse d’Iravan.
15. Forteresse Okhtchu (district de Kaphan).
16. Forteresse Sardarabad (à Iravan).
17. Forteresse Shaki (localité Garakilsa, Zanguézour).
18. Forteresse Urud (village Urud, Zanguézour).
19. Jardin du Khan d’Iravan.
20. Hammam (Bains) de Haji Jafar Bey (à Iravan).
21. Hammam (Bains) de Hassanli Bey (à Iravan).
22. Maison Bugakar shrine (village Bugakar, Meghri, district de Zangezour).
23. Maison de Panah Khan Makinskiy (à Iravan).
24. Mausolée de Amir Saad (quartier Zangibasar d’Iravan).
25. Mausolée Pir Huseyn (village Jafarabad).
26. Monument Akhi Tavakkul (village Alayaz, district Sharour-Daralaghez).
27. Monument tombal d’Ashigh Alaskar (village Aghkilsa, district de Geytcha).
28. Mosquée (Shakh) Abbas Mirza d’Iravan.
29. Mosquée Aghbulagh (village Aghbulagh, district de Geytcha).
30. Mosquée Argaz (village Argaz, district Sharour-Daralaghez).
31. Mosquée Bleu d’Iravan.
32. Mosquée Damirbulagh (à Iravan).
33. Mosquée Gala (à’Iravan).
34. Mosquée de Haji Imamverdi (à Iravan).
35. Mosquée Haji Jafar Bey (à Iravan).
36. Mosquée Haji Nasrulla Bey (à Iravan).
37. Mosquée Haji Novruzali Bey d’Iravan.
38. Mosquée Khudabanda (à Iravan).
39. Mosquée Rajab Pasha d’Iravan.
40. Mosquée Mohammad Sartib Khan (à Iravan).
41. Mosquée Sardar (à Iravan).
42. Mosquée Shukurbayli (à Iravan).
43. Mosquée Tapabashi (à Iravan).
44. Mosquée Zal Kahn d’Iravan.
45. Palais de Sardar (palais de Khan) d’Iravan.
46. Pont Urud (village Urud, Zangezour).
47. Sépulture mongole (à Iravan).
48. Statue Ram (villages Bash Abaran & Camishli du district d’Iravan).







