LE HIJAB, OBSESSION PARANOÏAQUE DE L’ÉTAT FRANÇAIS

Hijab de running par Decathlon


Le 18 février, le Sénat a adopté une proposition de loi portée par Les Républicains visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et dans les piscines municipales. Le débat a vu la confrontation des élus de gauche des élus de droite dans deux positions inconciliables, les premiers accusant la majorité LR de stigmatiser les femmes musulmanes. Ce n’est pas la première fois que le sénateur Michel Savin, porteur du projet, s’attaque au port du foulard par les femmes musulmanes. Déjà, en 2121, il avait mis le sujet sur la table, ce qui avait poussé la ministre des Sports de l’époque, Roxana Maracineanu, à railler « l’obsession » de la droite sénatoriale pour ce bout de tissu.

En 2019, la société française bien-pensante s’était émue de la commercialisation, par l’enseigne Décathlon, d’une tenue de jogging incorporant un « voile », ce qui consterna l’éditorialiste Claude Askolovitch, qui écrit, dans Slate : «  Pourquoi le voile, ce voile, met-il ma France dans cet état ? L’idiotie doit avoir une logique, est-ce une consolation? Je contemple les ruines d’une France saisie de bruyante bêtise, qui fait d’une tenue de jogging pour musulmanes (très) pieuses un psychodrame national, quand ministres et politiques vaticinent et fustigent une marque familière, et que la fange encouragée injurie et menace: comme si Decathlon avait trahi la patrie. Pourquoi sommes-nous si laids aux yeux du monde? »

Ce qui fait si peur à la bourgeoise française, ce n’est pas tant la présence des musulmans, mais leur visibilité. Tant que les maghrébins venus construire l’industrie française durant les « 30 glorieuses » restaient invisibles, parqués dans les cités à la périphérie des grandes villes, soucieux d’être les plus discrets possible pour ne pas être expulsés, tout allait bien.
Avec la 3ème génération d’immigrés, le hijab fait en quelque sorte entrer la banlieue au coeur des villes. Une invasion plus sociale qu’ethnique.

Toutefois, pour certains nostalgiques de l’époque coloniale, qui ont formé historiquement l’essentiel des troupes de la droite française, la présence de femmes ostensiblement musulmanes rappellent de mauvais souvenirs : celui de l’exode. Ils voient ainsi dans ces musulmans qui arborent ostensiblement leur origine, une sorte de symbole de revanche, d’invasion à rebours.

D’ailleurs, au moment où les premières revendications commençaient à s’évader de la casbah, les colons français commencèrent à s’attaquer, eux aussi, aux « signes religieux » au cours du fameux « dévoilement des femmes arabes ». Le slogan alors affiché : « N’êtes-vous donc pas jolies, dévoilez-vous » est aussi l’expression d’un machisme assumé.
Le voile constitue une muraille au voyeurisme des blancs, ce qui provoque leur colère.
Deux ans après la polémique sur le burkini, l’affaire du jogging de Decathlon, apparaît comme une nouvelle frustration du mâle blanc empêché de se réjouir de la vue des formes féminines. Ceci rend d’ailleurs d’autant plus étonnant le soutien de certaines féministes au mouvement anti-hijab.

Pendant la présence française en Algérie, les musulmans étaient considérés par les colons comme des êtres frustres, barbares, auxquels la France avait pour mission d’apporter la civilisation. « Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » avait déclaré Jules Ferry, le fondateur de l’école laïque. Pour la droite française d’aujourd’hui, le port du voile sonne comme une manière de renvoyer les femmes à des coutumes considérées comme archaïques. Il faut dire que les dérives sexistes des talibans apportent de l’eau au moulin des suprémacistes blancs, et servent de prétexte à leur obsession à faire de la laïcité un outil d’exclusion de la religion musulmane.
Ce n’est pas une raison pour justifier l’ostracisme néo-colonial dont sont victimes les femmes musulmanes

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