A glacer le sang.
Victime innocente d’un assassin psychopathe, son seul tort fut d’être là au mauvais moment, en faisant son métier. Tout simplement.
Stephanie, Samuel Paty, Sarah Halimi… Les grandes douleurs sont – ou devraient être – muettes et l’horreur que nous inspire ces crimes est indicible.
Pas pour tout le monde. Il n’en fallait pas plus en effet pour que des politiciens s’en emparent et en tirent profit pour alimenter leurs ambitions électorales, avancer leurs pions afin de damer celui de leurs concurrents, prêts, comme eux, à instrumentaliser la tragédie. Propositions de lois démagogiques, déclarations islamophobes et anti-migrants, proposition opportuniste de baptiser une rue du nom d’une des victimes, appel à l’insurrection de généraux imbéciles qui confondent servir la France et la mettre au service de leurs idéologies nauséabondes… les charognards des temps modernes se délectent.
Et encore une fois, les musulmans sont désignés à la vindicte populaire, forcés d’exprimer publiquement, dans une tribune, leur rejet de la violence.
Mais pourquoi faut-il que les musulmans aient toujours à se justifier ? Comme s’ils n’étaient pas des citoyens comme les autres, comme si ces crimes ne les faisaient pas souffrir autant que les autres, comme s’il n’y avait pas de musulmans parmi les victimes du terrorisme,
Nos politiciens mesurent-ils les conséquences de leurs paroles et de leurs actes ?
Partout, il existe des individus rongés par une colère irrationnelle qui leur font perdre la raison. On sait qu’ils ont besoin, pour passer à l’acte, de s’identifier à un idéal qui transformerait, à leurs yeux, leur crime en une espèce de mission divine. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, l’an dernier, une vingtaine de meurtres de masse ont été commis par des suprémacistes. Les blancs dans leur ensemble sont-ils responsables du fait qu’ils ont servi de prétexte à ces crimes ?
C’est cultivant un climat de haine de l’autre qu’on nourrit les assassins.
Pourquoi n’avons-nous pas de politiciens dignes de ce nom, c’est à dire garants de la paix dans la cité, du maintien d’un climat de bienveillance, du vivre ensemble dans le respect des différences ?
Faire la liste de tout ce que les musulmans font, au quotidien, pour leur pays, serait presque leur faire insulte tellement la chose est évidente. Ni eux, ni les textes qui les guident ne sont pour quelque chose dans la folie de ce monde. Et ceux qui s’imaginent citer des sourates du Coran, de soit-disant paroles du Prophète de l’Islam, pour justifier, soit de leur propre violence, soit de leur détestation des musulmans, ne font qu’exprimer leur ignorance. La moindre des politesse serait pourtant d’avoir la sottise discrète.
Pourquoi n’avons-nous pas de politiciens dignes de ce nom ?
Reconnaissons-le, nous, les citoyens de ce pays, musulmans ou non, qui possédons le pouvoir de les élire ou de les démettre, y sommes certainement pour quelque chose.
Jean-Michel Brun