Franchement, aujourd’hui je n’ai pas envie d’écrire d’édito, ce petit billet blotti sur le coté d’une page d’accueil ou de la une d’un journal, où l’auteur exprime son humeur : une colère contre une injustice, la joie d’une victoire sociale, un sourire résigné devant les absurdités de notre temps.
Mais là, que vois-je autour de moi ? Rien que le désolant spectacle d’une indéracinable médiocrité, la soumission imbécile à une pensée simpliste, unifiée et imposée par quelques puissants qui mettent le monde en coupe réglée.
A quoi bon alors se plaindre de leur mainmise quasi dictatoriale sur nos médias, et de la soumission ces lamentables porte-voix qui n’ont de journalistes que le titre? A quoi bon protester contre l’expulsion d’imams dont le seul tort fut de s’indigner du génocide des Palestiniens ? A quoi bon joindre nos voix à la leur pour que cesse le massacre? A quoi bon d’insurger contre la destruction de nos services publics, la dégradation de notre enseignement, le diktat imposé par les marchés à nos dirigeants pour qu’ils détruisent nos prestations sociales ? Pourquoi verser des pleurs sur une France ruinée en quelques années par des politiques sans âme et prétentieux qui ont rendu acceptables les discours haineux d’une extrême-droite raciste et xénophobe? Ils sont tous bien plus forts que nous.
Et pourtant, aux confins de l’horizon, une faible lumière commence à paraître. Envers et contre tout, certains résistent. De courageux avocats défendent les causes perdues. Des juifs crient « pas en notre nom », un ancien premier ministre brise un silence assourdissant, des musulmans continuent à ouvrir des écoles, à faire vivre des universités, à opposer aux discours fabriqués de toutes pièces, les magnifiques valeurs de l’islam.
Et si certains échouent, abattus comme les chamboule-tout à la foire du trône, d’autres poursuivront la lutte. « Ami si tu tombes un ami sort de l’ombre a ta place ». Que l’éternel chant des partisans devienne notre credo, notre espoir, notre force.
Tiens, je l’ai finalement écrit, cet édito…
Jean-Michel Brun