AUTODAFÉ

On se souvient des autodafés en Allemagne, et en Chine sous Mao où l’on jetait aux flammes les livres considérés comme subversifs. On se souvent aussi de la sinistre « liste d’Otto » où étaient consignés les ouvrages interdits en France occupée. Furent ainsi interdits les livres écrits par des juifs ou des communistes. comme ceux de Heinrich Heine, Thomas Mann, Stefan Zweig, Max Jacob, Joseph Kessel, Sigmund Freud, Carl Gustav Jung, Léon Blum, Karl Marx, Léon Trotski et Louis Aragon. L’une des caractéristiques des régimes dictatoriaux est de s’en prendre aux livres.

La censure a également servi à museler ceux qui dénonçaient les ignominies de la colonisation et de la torture. Furent ainsi enlevé des librairies françaises « La Question » d’Henri Alleg en 1958 ou « Les damnés de la terre » de Franz Fanon en 1961.

Quels que soient le pays ou l’époque, la raison invoquée a toujours été la même : un soi-disant risque de perversion des esprits, ou une menace de « trouble à l’ordre public ».

Aujourd’hui, ce sont les ouvrages musulmans qui sont visés. Les maisons d’éditions musulmanes voient leurs avoirs gelés ou leurs comptas bancaires fermés, ce qui est probablement la façon la plus sournoises et hypocrite de signer leur arrêt de mort.
Le Ministère de l‘intérieur a ainsi fusillé les éditions Sarrasins, Ribat, Tawhid, Selsabil, Nawa, Methodiya. Et ce n’est qu’un début. Les prétextes invoqués sont, comme d’habitude, à pleurer de bêtise : incitation au séparatisme, glorification du jihad, des thèmes récurrents dont on aurait bien la peine de trouver la moindre trace de réalité dans les livres publiés par ces éditeurs.

Cette campagne de « chasse aux sorcières » que Mac Carthy n’aurait pas reniée s’est aussi illustrée par la dissolution du CCIF, l’association de lutte contre l’islamophobie, remplacée par une association aux ordres du ministère, et par les ruptures de contrats des établissements d’enseignement musulmans, alors qu’en même temps, l’école catholique non mixte du milliardaire d’extrême-droite Pierre-Édouard Stérin reçoit son agrément.

Les musulmans sont devenus les boucs émissaires d’un État en perdition. Ce n’est pas une bonne nouvelle. L’Histoire nous apprend que ce genre de stratégie a toujours conduit à la violence et à la ruine. Est-ce donc à cela que souhaitent nous conduire les dirigeants que nous avions élus sur des promesses d’écoute, de justice et de paix ?

Jean-Michel Brun

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