LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS S’ENLISE DANS L’OBSESSION ANTI-ALGÉRIENNE

Bruno Retailleau


 
Le gouvernement français, par la voix du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau invoque, pour justifier les restrictions imposées aux voyageurs algériens, y compris les diplomates, le refus d’Alger d’accueillir les ressortissants algériens visés par une OQTF (obligation de quitter le territoire français)  En effet, seuls 4% des demandes sont acceptées par l’Algérie. Or cette proportion est encore inférieure en Tunisie et surtout au Maroc, pays avec lequel Emmanuel Macron redouble d’efforts pour resserrer les liens, au point de reconnaître la marocanité du Sahara Occidental, alors que l’ONU réclame un référendum dans cette région.

Les tensions entre les deux pays se manifestent également par la demande de la France de libérer l’écrivain Bouallem Sansal auquel elle a accordé la nationalité, et qui est choyé par le gouvernement et les personnalités de la droite française parce qu’il multiplie, dans ses livres, les attaques contre son pays d’origine, contre l’islam, et affirme regretter le temps de la colonisation. Un bon algérien en quelque sorte. Quand à la qualité littéraire de ses ouvrages, chacun jugera s’il les lit. Mais de là à le qualifier de « Voltaire des temps modernes », selon les termes de Michel Onfray… On se rappellera simplement qu’avant sa participation controversée au fameux forum de Davos en 1997, ce scientifique de formation n’avait jamais écrit une ligne.


A première vue, cette politique à l’égard de l’Algérie peut paraître tout à fait incohérente, eu égard notamment à notre histoire commune.
Elle peut toutefois s’expliquer par le fait que Bruno Retaileau est représentatif des nostalgiques de l’Algérie française, ceux qui n’ont jamais admis que l’Algérie devienne indépendante. Ils considèrent, contre toute évidence que la colonisation a été « une bénédiction », comme le disait Eric Zemmour. C’est ainsi que le gouvernement essaie de faire obstacle par tous les moyens aux révélations concernant les massacres commis pendant la colonisation et pendant la guerre d’Algérie. Il y a quelques jours, Jean-Michel Aphatie a dû quitter la station de radio RTL pour avoir affirmé qu’il y avait eu en Algérie des centaines d’Oradour-sur-Glane, ce qui est pourtant parfaitement exact, et que les nazis s’étaient inspiré de ce qu’avaient fait l’armée française. Cette semaine, un documentaire sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée française pendant la guerre de libération été déprogrammé. Cela a d’ailleurs fait tellement de bruit que désormais, tout le monde sait ce que l’État voulait cacher ! En tous cas, on cherche à éviter à tout prix un débat sur la repentance. Il n’est pas concevable pour une partie de l’intelligentzia française, d’admettre que le pays qui se veut le champion des droits de l’homme ait pu commettre des crimes contre l’humanité. La mission civilisatrice de la France est un mythe qui a la vie dure, y compris en ce qui concerne  les territoires français d’outre-mer, où les autorités françaises censurent les voix qui évoquent une situation de néo-colonisation dans ces territoires.


Cette nostalgie s’accompagne d’une haine des arabes et des musulmans en général, qui font l’objet de brimades incessantes : les écoles musulmanes sont fermées les unes après les autres, des mosquées sont également fermées. Le gouvernement français vient d’interdire le port du foulard dans les compétitions sportives, et Bruno Retailleau a refusé, ce qui était pourtant une tradition, de participer à un iftar à la mosquée de Paris, alors qu’il s’affiche sans hésiter aux dîners du CRIF. Pour le gouvernement de François Bayrou, l’ensemble des musulmans est assimilé aux mouvements terroristes. Le 26 mars prochain, Retailleau, qui accusait en janvier l’Algérie « d’offenser » la France, tient la vedette, aux côtés de Manuel Valls, d’une grande conférence à Paris sur « l’islamisme », qui est en réalité une réunion d’islamophobes patentés comme Florence BergeauBlacker, Thibault de Montbrial, Julien Dray ou Zohra Bitan.
Michel Onfray, le « philosophe médiatique », passé de l’extrême gauche à l’extrême droite, a déclaré, le 8 mars sur CNews : « C’est inacceptable de laisser croire que Poutine est l’ennemi le plus dangereux pour la France et ne pas dire qu’il y a un ennemi qui nous dit lui-même qu’il est notre ennemi [et qu’on] ne veut pas l’entendre : l’Algérie». Le front anti-arabe est en marche…


Par ailleurs le président français et son gouvernement, ouvertement pro-Netanyahou, reprochent à l’Algérie de ne pas avoir reconnu l’État d’Israël et de défendre les Palestiniens, ce qui semble être une raison suffisante pour être considérée comme une ennemie de la France.


Quelles pourraient être les conséquences de cette politique ? Elles sont nombreuses et graves. D’une part l’Algérie peut décider, en représailles, de fermer le robinet du gaz, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques pour la France, qui refuse le gaz russe. Ensuite, les autres pays du Maghreb vont finir par être lassés des propos islamophobes de la France, et peuvent s’inquiéter du fait qu’elle peut d’un jour à l’autre trahir sa propre parole, comme elle est en train de faire à propos des accords de 1968, et considérer que la France est un pays auquel on ne peut pas faire confiance.
Enfin les musulmans français, qui représentent environ 10% de la population française, et peut-être plus, finiront par en avoir assez d’être ainsi maltraités, ce qui peut être une grave menace pour l’unité nationale. A l’inverse, on peut craindre que la folie de l’islamophobie française ne fasse qu’un jour, on passe de la discrimination à la persécution.

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