COMMENTAIRE SUR LES RÉVÉLATIONS DE LIBÉRATION DU 9 AOÛT 2025 SUR LA MOSQUÉE DE PARIS

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Par Sadek Sellam
Historien, spécialiste de l’islam en France
  
Les révélations faites dans Libération du 9 août 2025 concernant le recteur de la mosquée de Paris, Chems Eddine Hafiz, et son directeur général, «  Chems-eddine Hafiz,  l’ambassadeur secret d’Alger à Paris ») ont certainement semé le trouble dans le grand public, du moins chez ceux qui s’intéressent aux questions concernant l’islam en France. D’autant que les communicants de la mosquée sont plutôt avares en informations sur le fonctionnement de celles-ci et n’apprécient guère, c’est le moins qu’on puisse dire, ceux qui cherchent à dévoiler la face cachée de l’institution, en particulier depuis le 11 janvier 2020, date de l’arrivée du recteur actuel.

La communication, qui est la priorité de ce dernier, fait appel à des collaborateurs extérieurs, qui ne sont pas tous des bénévoles, pour proposer aux grands médias un « islamiquement correct » où il cherche à incarner ce que certains appellent « l’islam républicain » en cherchant à convaincre de sa capacité d’éradiquer les radicalismes et de former des « imams républicains » français. Les contacts de sa page Facebook ont en mémoire sa singulière promesse de faire « un tour de France », avec ses « équipes », et de concert avec le « Samu social », pour identifier tous ceux qui feraient un obstacle à l’émergence de « l’Islam de France » dont il se veut le champion.
Ces déclarations de ce genre ont naturellement séduit les politiques et les médias, et lui ont ouvert les colonnes du Figaro et du Monde.

Les révélations du magazine L’Opinion sur « l’affairisme de la mosquée » (Certification halal : la petite cuisine de la Grande Mosquée de Paris – 20/01/2025) ont semé le doute, mais sans écorner sérieusement l’image du recteur. Mais voilà que Libération lui consacre quatre pages avec sa photo à la Une, le présentant comme un « ambassadeur secret », maniant toutes les formes des langages multiples. Le quotidien évoque également son « directeur général », qui dit être « arrivé en France en 1992 pour combattre le GIA », avant de devenir un agent double qui cite d’ailleurs le nom du chef du renseignement français pour lequel il aurait par la suite travaillé[1]. La journaliste de Libération n’a pourtant pas cherché à savoir pourquoi ce grand policier, passé à la tête de la DGSE, n’a pas levé le petit doigt quand les premières demandes de naturalisation de son informateur-réel ou supposé-furent rejetées. C’est dire si ses déclarations méritent d’être dûment vérifiées et recoupées, notamment auprès d’un ancien inspecteur des anciens Renseignements généraux qui l’avait gardé à vue pendant dix jours. [2]

On sait maintenant qu’un « GIA » a été démantelé en France en 1997. Nombreux sont ses membres, qui furent libérés après la délocalisation du tribunal de Paris, et affirment avoir connu cet ex-caporal chef qui avoue avoir collaboré par la suite avec la DGSI. Certains donnent des détails sur les conditions de leur recrutement. On comprend mieux les raisons de l’arrivée du futur secrétaire général de la Mosquée de Paris et même les difficultés rencontrées dans l’accomplissement tardif de sa mission. Mais il faut suivre régulièrement l’actualité algérienne pour le savoir, ce qui n’est pas le cas de la journaliste qui n’a peut-être pas la curiosité qu’avait la grande journaliste José Garçon…
En dévoilant une partie infime de leur passé, les deux « putschistes » de la mosquée, ainsi que les désigne Libération, ont cherché à livrer des aspects positifs à leur action, qui pourraient leur rapporter quelques circonstances atténuantes. C’est ainsi qu’ils s’attribuent un rôle totalement imaginaire dans la libération des otages au Liban en…1988, soit du temps où le cheikh Abbas était recteur, et dix ans avant leur arrivée à la mosquée ! C’est un en réalité un « paroissien » de la mosquée, sollicité par un membre du cabinet du ministre des affaires étrangères, qui a facilité la reprise des contacts avec les ravisseurs[3].  La bienveillante journaliste de Libération a négligé de relever cette incohérence, comme elle a cru sur parole le recteur qui a fait mine de « révéler » le montant de son salaire mensuel en exhibant sa fiche de paie[4].
Du recteur, Libération rappelle l’ancienneté de sa relation avec Nicolas Sarkozy, rencontré quand celui-ci était ministre de l’Intérieur qui faisait flèche de tout bois pour les besoins de sa campagne permanente en vue de l’élection présidentielle de 2007. Quand l’avocat de la Société des habous a été décoré de la Légion d’honneur par le ministre de l’Intérieur, le Journal officiel a précisé que c’est pour « services militaires »(sic).
 
Des révélations qui interpellent France 2 et l’aumônerie militaire musulmane
 
Ces services rendus, qui ne sont pas seulement d’ordre électoral, valurent à l’avocat d’être mis à la tête de « Vivre l’Islam », que certaines mauvaises langues ont appelé « Vivre de l’Islam », l’association créée en 1998 au ministère de l’Intérieur pour produire l’émission « islamique » à la place de « Connaître l’Islam », qui fut écartée pour des raisons assez rocambolesques.
Normalement, la direction de France 2 devrait tirer des révélations de Libération les conséquences qu’exigent l’autonomie du service public et le retour de l’émission « islamique » à sa vocation première : entretenir les convictions et améliorer les connaissances de l’Islam familial.
Comment une chaîne de service public pourra-t-elle continuer à diffuser une émission produite sous la houlette d’un recteur que l’actuelle crise franco-algérienne a fait basculer entièrement du côté d’un clan algérien? Si France 2 ne tient pas compte des révélations de Libération, personne ne croirait plus aux professions de foi laïcistes et aux injonctions de parler d’ « Islam DE France », avec une quasi-interdiction de dire « islam EN France ».
Retailleau avait déjà rappelé qu’ « un lieu de culte n’est pas une ambassade ». A cause de ce truisme, et après le refus du ministre de l’Intérieur de participer aux réunions de la mosquée, le recteur et son adjoint se plaignent d’être traités comme des « bougnoules ». Cette touchante chicaya fragilise sérieusement le discours qu’ils tiennent depuis 2020 aux personnels de l’ambassade et des consulats pour se faire passer pour de redoutables « influenceurs » algériens en France.
Certes, Libération fait mieux que l’Express qui, dans son long dossier sur les « services algériens en France », a passé sous silence le rôle peu religieux de la mosquée dans ce domaine depuis 1992. Mais la journaliste ne va pas toujours jusqu’au bout de ses questionnements.
Libération révèle néanmoins que le recteur avait été l’avocat forfaitaire de 12 institutions algériennes en France dont 6 consulats. Cela fait de l’avocat décoré par Sarkozy la meilleures incarnation des « islams consulaires ». Cela ne l’empêche pas de prescrire la rupture avec « l’Islam consulaire », à chaque réunion à la mosquée. La plus problématique de ces réunions reste l’Iftar électoral de 2022 qui aurait été, selon le recteur, ordonné par le président Tebboune, désireux de voler au secours du candidat Macron.
Les révélations de Libération interpellent également l’Etat Major des armées qui avait reçu plusieurs saisines au sujet des difficultés créées à l’Aumônerie militaire musulmane par les pressions des « influenceurs de  la mosquée de Paris ».
La Mosquée de Paris vient de doter la mosquée d’une chaîne Youtube où il fait intervenir des universitaires et intellectuels, dont certains n’hésitent pas à tresser des louanges au recteur, comme le très médiatique politiste Gilles Kepel qui fit partie d’une éphémère « Commission pour l’adaptation du discours religieux », où ne siégeait aucun musulman. On prête au recteur l’intention sinon d’imposer une khotba (prêche) unique, qui aurait été rédigée selon des critères sécuritaires, du moins de créer une sorte de police des prêches.
Ces projets sont d’autant plus inquiétants que dans ses « Souvenirs » Kepel tresse des lauriers à l’auteur du « Coran des historiens », le très controversé Amir Moezzi, qu’il oppose à la traduction exégétique de Jacques Berque (à qui l’islam en France doit l’émission islamique). Kepel est par ailleurs un membre influent du Conseil scientifique de « l’Institut français d’Islamologie » qui, tout en restant à l’état embryonnaire, et avant même de mettre d’accord les militants du tout-sécuritaires et les partisans des études islamologiques fondamentales, propose de former des « imams républicains » français. L’apologie du « Coran des historiens » fait redouter les conséquences fâcheuses d’une obligation pour les élèves-imams sunnites de lire un livre qui reprend une vieille polémique chiite, enrobée dans un jargon plus ou moins scientifique[5].
Le recteur était visiblement influencé par la publicité pour le « Coran des historiens » quand il a réuni une commission qu’il a chargée de préparer une nouvelle traduction du Coran, au motif qu’il lui est « impossible d’offrir le Coran aux pouvoirs publics dans son état actuel !!! »
Cette demande a été contestée par l’imam-khattib de la mosquée lui-même, pourtant habitué à une obéissance absolue.  
 
Une inquiétante commission pour l’adaptation du discours religieux
 
La commission pour l’adaptation du discours religieux visait surtout l’obtention de financements du Fonds Marianne en utilisant ce thème comme slogan, de même que Sifaoui avait invoqué la lutte contre « l’intégrisme »  dans les stades pour obtenir de fortes sommes. Mais cette commission est entrée en hibernation depuis l’audition de Sifaoui par la commission sénatoriale à qui il a révélé qu’il est un « consultant du ministère de l’Intérieur », sur recommandation, semble-t-il de son ami le recteur. Les deux éradicateurs cherchent à « vendre » en France le modèle algérien de lutte anti-islamiste qui s’est soldé par 250.000 morts !
Depuis son engagement en faveur de la politique israélienne d’extermination à Gaza (qui lui rappelle et la « pacification » coloniale et l’éradication des années 90), Sifaoui est devenu la cible des télévisions algériennes. L’une d’elles lui a consacré récemment une émission où un ancien journaliste algérien, qui connaît bien la face cachée du recteur aussi bien que celle de l’Ecole algérienne de Paris, a révélé en direct que Sifaoui est toujours rémunéré par la mosquée. Cela valut à l’animateur de l’émission d’être rappelé à l’ordre en haut lieu où le recteur a encore des protecteurs qui ont lâché son ami Sifaoui à cause de ses soutiens à Sansal et à… Nétanyahou.
Le recteur bénéficie hélas de la bienveillance de l’historien Benjamin Stora qu’il cherche à intéresser à la post-mémoire familiale. Il rappelle en effet qu’il a un frère « chahid » (martyr) et une sœur qui aurait été « tissal » (agent de liaison) de la Zone autonome d’Alger[6].  Le recteur a également pu devenir membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer dont fait partie Jacques Frémeaux, qui est aussi membre de la Commission officielle d’historiens de l’Algérie. Le recteur a invoqué une vague référence à Paul Bourdarie, le fondateur de cette Académie qui avait assisté le comtiste islamisé, Christian Cherfils dans la conception du projet d’ « Institut » à la mosquée, qui n’aura jamais vu le jour.
Frémeaux, qui est l’auteur d’un bon ouvrage sur « la France et l’Islam », aurait pu éclairer le président de l’ASOM, qui semble avoir accepté la candidature du recteur, sans consulter les autres membres. Mais le livre de Frémeaux, qui remonte à 1789, ne traite pas assez de l’histoire du temps présent de l’Islam et renseigne très peu sur la vraie histoire de la mosquée de Paris. L’admission du recteur à l’ASOM rappelle l’histoire coloniale et se compare à la décoration de l’illettré  bachagha Lakhdar Brahimi, qui a eu les Palmes académiques (qu’on donne aux enseignants en fin de carrière) et que Naegelen a désigné à la tête de la commission de l’Assemblée algérienne chargé de « l’Education, de la Culture et de…la Jeunesse » !
Si la politique mémorielle n’avait pas échoué pour d’autres raisons, l’ébruitement de la caution, apportée, directement ou indirectement, au recteur par deux membres de la commission officielle d’historiens chargée de la mémoire lui aurait fait perdre une partie de sa crédibilité.     
Le recteur a été dans le collimateur de Libération pour sa non participation à la marche contre l’antisémitisme, comme l’indique l’éditorial du 9 août. Mais une étude complète des cinq années et demi passées par le recteur à la tête de la mosquée devrait tenir compte des mécontentements, non médiatisés, des musulmans dont il se veut le « représentant ».
Une telle étude ne devrait pas se contenter du jugement sommaire d’un politiste complaisant d’Aix qui fait du recteur une simple « victime collatérale de la crise des relations franco-algériennes »[7].

Les chroniqueurs religieux qui continueraient l’enquête amorcée par Libération auraient à tenir compte des nombreux reproches, rarement médiatisés, qu’adressent les musulmans au recteur depuis 2020. La plus grave date de la réédition par Charlie-Hebdo des caricatures du Prophète. Le recteur crut bon de défendre une liberté absolue d’expression. Mais il lui a été reproché d’avoir passé sous silence le respect des croyances. C’est à ce titre qu’a été mise sur les réseaux sociaux la déclaration dans laquelle Jacques Chirac a rappelé, au nom de la laïcité, aux défenseurs de la liberté d’expression le respect de la sensibilité des croyants. Le Haut Conseil Islamique d’Alger a tendu la perche au recteur débutant pour qu’il fasse oublier sa bévue. Il a été invité à prendre la parole à un colloque organisé pour la défense du Prophète. Mais il a préféré éteindre son téléphone pour éviter les critiques des théologiens attachés à la mémoire du Prophète. Il lui aurait pourtant été possible de faire amende honorable, ce qui lui aurait valu l’estime des fidèles déçus, mais qui espéraient une adaptation de sa conduite à ses nouvelles fonctions. Au lieu de cela, il a opté pour une course éperdue pour la médiatisation, en oubliant que « trop de communication tue la communication ».
 
Un livre qui passe à côté de son objectif

 
Le recteur vient de publier un nouveau livre, « Défaire les ombres », où il s’en prend à juste titre, et peut-être certains diront-ils « enfin », à l’islamophobie française. Hélas, il consacre la moitié de son ouvrage à se justifier, ce qui est, comme on le sait, une forme d’aveu.
Ila probablement cherché répondre aux articles inspirés par des membres de la Société des habous sur la réunion du 11 janvier 2020, qui ont convaincu définitivement les lecteurs qu’un putsch a bel et bien était fomenté pour pousser Dalil Boubakeur à la sortie. Ce livre est publié par une petite maison d’édition tenue par un chiite du Hezbollah libanais, qui avait été condamné pour piratage et non versement des droits d’auteur. Cela montre que les éditeurs plus importants (et habitués sans doute à la prose comme celle de Sifaoui) ne supportent plus les répétitions de lieux communs. Dans Libération, l’auteur apparemment prolifique se flatte d’avoir mis en garde Sarkozy, en le tutoyant, contre l’admission des « Frères musulmans » (de l’UOIF – aujourd’hui Musulmans de France) au CFCM. Savait-il ce ce qu’il faisait quand il s’est fait publier par un éditeur du Hezbollah jugé autrement plus inquiétant que les « fréristes », à un moment où ces derniers sont diabolisés dans le rapport qui tracent les contours d’un nouvel « l’islamiquement correct » ? Alors que des politistes modérément sécuritaires créditent les « fréristes » d’une volonté d’adaptation à la laïcité, le recteur leur préfère un militant du Hezbollah, que diabolisent les chroniqueurs (pourtant courtisés par le recteur), lesquels accusent l’Iran et ses satellites de tous les maux.

Un bon bilan des années du recteur à la tête de la mosquée devrait tenir compte aussi de sa stratégie, peu connue des chroniqueurs religieux, en direction de l’Algérie. Les attributions douanières octroyées par un conseiller présidentiel et l’inconditionnel ministre des « affaires » religieuses furent contestées par un courageux député de l’immigration. Ce député était encouragé par le refus des hauts fonctionnaires du ministère des affaires religieuses de légitimer par une « fetwa » l’autorisation de prélever des taxes sur les importations (viande, mais aussi yaourt, chocolat,…) en provenance des 27 pays de l’Union européenne. Pour tous ces contrôles, le recteur dit n’avoir que…deux contrôleurs ! Il en est résulté une perte de prestige suivie de méfiance qui rendit difficiles les audiences filmées dans les ministères d’Alger ou à la Présidence.
 
Engouement soudain du recteur pour les Oulama algériens

Pour y remédier il eut un intérêt soudain pour l’histoire des Oulama algériens, et fit organiser des colloques sur Abdelhamid Ben Badis et, surtout, sur Bachir Brahimi. Il a utilisé un éditeur de la banlieue parisienne qui avait été mis en rapport avec Taleb. Il a mis à contribution ce converti de bonne foi pour essayer de se faire interviewer dans la presse des Oulama (Baçaïr en arabe, et le Jeune Musulman en français). Tout cela était destiné à complaire à Ahmed Taleb, dont on sait l’attachement à la mémoire de son père et à qui il a demandé rendez-vous, sachant que le président Tebboune lui avait rendu visite. Mais Taleb, si ouvert et si disposé à dialoguer, refusa tout net de le recevoir. Le recteur, qui ne peut se passer de selfies avec quelque officiel de France, d’Algérie ou d’Arabie saoudite, a dû attendre d’autres occasions  pour se faire recevoir à la Présidence après l’intercession de conseillers apparemment intéressés par les taxes douanières, sur lesquelles Retailleau a demandé une enquête, et qui valent à la Société des habous des plaintes, dont celle de Xavier Bellamy[8].
En définitive, les révélations interpellent tous ceux qui n’ont que le mot de laïcité à la bouche et firent preuve d’indulgence pour ce drôle de responsable « religieux ». France 2 et l’aumônerie militaire musulmane sont les plus concernées par les quelques révélations de Libération.
 
Le FORIF gagnerait à connaître les échecs dont le recteur est co-responsable
Les membres du FORIF (Forum de l’Islam de France), créé pour succéder au CFCM, dont le recteur voulait être président une semaine après le putsch du 11 janvier 2020,  ont également leur mot à dire. Ils gagneraient à avoir un avis autorisé sur les échecs passés de l’organisation l’Islam quand ils seront reçus par le président Macron en septembre. Nul doute que les révélations de Libération, ajoutées à ce que les membres du FORIF savent déjà sur les responsabilités de l’avocat de la Société des habous dans la paralysie de la FOIF (Fondation des Œuvres de l’islam en France, créée par Dominique de Villepin), les y aideront. L’actuel recteur était le vice-président-rival du président de la FOIF, Dalil Boubakeur. Il a dissuadé un autre vice-président, Béchari, de rattacher l’émission « islamique » à la Commission du premier CFCM chargée des médias, en lui promettant la présidence de la FOIF, qui les intéressait particulièrement depuis que Dassault lui fit un don de 2 ou 3 millions d’euros.
Plus récemment, selon des membres du CFCM, le projet de FOI (Fonds des Œuvres de l’Islam) proposé par Bernard Cazeneuve pour s’occuper du financement du culte, n’a pas abouti à cause de l’actuel recteur qui convoitait la présidence de la FIF (Fondation de l’Islam de France), chargée de la culture islamique.  Il s’est effectivement porté candidat, mais il a été battu par Ghaleb Bencheikh dans un scrutin à bulletins secrets. Cela a valu à ce dernier d’être écarté de la présentation de l’émission « islamique » au motif qu’il serait impossible de cumuler. Le rancunier recteur a écarté également Mohamed Mebtoul de la réalisation de l’émission, ce qui vaut un nouveau procès à France 2[9].
Le recteur ne se sent pas aujourd’hui concerné par la prétendue interdiction de cumuler avec la présidence de « Vivre (de) l’islam », comme l’appelle Didier Leschi qui a eu droit à de méchantes attaques inspirées par la mosquée. L’interdiction de cumuler ne s’applique pas non plus au journaliste de France 24 qui a été mis à la place de Mebtoul en raison de sa parenté avec un général. La présidente de France Média Monde, groupe dont fait partie France 24, devrait être interpellée également à la suite des révélations de Libération. S’ils sont bien informés, les membres du CORIF ne tarderont pas à découvrir les responsabilités de la mosquée de Paris dans les échecs à répétition des tentatives d’organisation de l’Islam.
Enfin, on est sûr qu’en avouant ses activités d’agent double, le secrétaire général Mohammed Louanoughi brûle tous ses vaisseaux avec l’Algérie, où il avait été gardé à vue aussi longtemps que par les Renseignements généraux français. A Alger, l’article de Libération a provoqué des enquêtes sur les deux acolytes de la mosquée. L’une d’elle a porté sur une très récente visite aux Emirats du recteur, de l’ex-collaborateur de Chalghoumi et d’un imam, sans doute chargé de de traduire pour le recteur.
Selon une révélation de l’actuel présentateur de l’émission « islamique », il est déjà arrivé à l’actuel recteur de faire des tournées dans le Golfe quand il voulait créer une chaîne satellitaire avec le dernier producteur-réalisateur de l’émission « islamique », qui n’hésita pas à interviewer Ali Haroun et des généraux, qu’il connaît de longue date. Cela n’a pas choqué les partisans de de « l’islam de France », qui interdisent qu’on dise « Islam en France ». Mais, en raison notamment de leur méconnaissance de l’arabe, aucun des projets n’a abouti. Si le projet de télévision pouvait être approuvé à Alger par des décideurs irrités par la chaîne El Djazira, la dernière demande de financement aux Emirats risquerait de priver le recteur des rares soutiens qui lui restaient.
Bien qu’intéressé par les financements, d’où qu’ils viennent, Louanoughi s’est bien gardé de faire partie du voyage visiblement destiné à trouver une alternative aux financements d’Alger. Ce faisant, il compromet le recteur qui risquerait de perdre le soutien d’une partie de l’entourage présidentiel pour qui une visite aux Emirats, avec escale à Ryadh, est plus grave qu’un voyage à Tel-Aviv.
Cela étant, tout dépendra aussi de la résistance à Paris à la tentation de mettre fin au contrôle de la mosquée par un « islam consulaire », pour la confier à un autre.
Quiconque croit vraiment à « l’islam de France » confierait la mosquée aux musulmans de Paris, comme le recommandait Malek Bennabi, qui connaissait bien ce lieu depuis le début des années 30.

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[1] Les premiers communiqués signés par le « GIA »  datent de début 1994. Quand la confusion est devenue générale, ceux qui voulaient voir clair parlaient des « GIA », au pluriel.
[2] Cet inspecteur s’est trouvé chargé de la sécurité de la mosquée avec un contrat qui fait rêver ceux qui se contentent de leur salaire. Puis, « l’inspecteur des imams » (qui avait commencé comme garde du corps de Dalil Boubakeur) a attribué près de la moitié des recettes halal de la mosquée à une inspectrice du même service. Il a rendu ce genre de service à ces deux policiers plus qu’a leur chef dont il cite le nom dans Libération.     
[3] Didier Destremau, décédé récemment, était un diplomate arabisant qui était chargé du Proche-Orient et de l’Islam en France dans le cabinet de Bernard-Reymond, ministre des affaires étrangères dans le gouvernement de Jacques Chirac entre 1986 et 1988. Dans ses rencontres avec le cheikh Abbas, il lui recommandé d’admettre dans la Société des habous des représentants des autres courants de l’Islam en France. Au lieu de cela, les actuels membres de cette association ont été choisis sur des critères beaucoup moins rigoureux.
[4] Selon les medias algériens, le recteur percevrait en espèces un montant équivalent au virement mensuel à son compte bancaire. Ce salaire paraît astronomique si on le compare à ceux que verse l’Etat en zone concordataire. Les prêtres, les pasteurs et les rabbins perçoivent ce que gagne un instituteur de l’école publique. Un évêque a un salaire équivalent à celui d’un directeur d’école primaire publique. Il est par conséquent légitime de se demander pourquoi un recteur de la Mosquée de Paris gagne beaucoup plus qu’un ambassadeur et le quintuple de ce qui est versé à un évêque qui a soutenu une thèse de droit canon à Rome. 
[5] L’auteur du « Coran des historiens» enseigne le Chiisme à l’EPHE, à qui fut confiée une éphémère formation des aumôniers militaires musulmans à qui il prescrit d’ « oublier que le Coran est une révélation quand vous entrez ici !!! ». La formation a tourné court après cette singulière prescription a des cadres religieux qui dirigent la prière. . On devine les troubles que causeraient dans les mosquées toute citation empruntée au « Coran des historiens ». .
[6] A une question sur ses « compétences » théologiques, le recteur a répondu qu’il a un frère « chahid  » et une sœur « tissal » (dans le journal arabophone d’Alger, El Khabar). Des journalistes algérois n’ont pas pu vérifier la véracité de cette réponse hors sujet. On suppose que le frère « chahid » aurait été victime de la Bleuite transmise par le colonel Amirouche à l’ALB de l’Algérois (wilaya 4 et Zone autonome d’Alger, dont aucun membre ne souvient de la sœur « tissal »).)  
[7] Ce politiste avait déjà participé à la rédaction de la « Charte » par laquelle Dalil Boubakeur s’est dit président d’un « Conseil Représentatif de l’Islam en France » juste après la présentation de ce texte à Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur du gouvernement Balladur.
[8] Au moment où il multipliait les professions de foi laïcistes et les promesses d’imposer la séparation du politique et du religieux, le recteur avait mis sur sa page Facebook un selfie avec le chef du renseignement de l’ambassade saoudienne à Paris. Cela sonnait comme une menace de recourir aux financements des pays du Golfe…IL confirmait aussi qu’il est plus à l’aise avec les officiers de renseignement qu’avec les théologiens.
[9] Mebtoul est licencié en sociologie, a un diplôme en cinéma , a été le réalisateur de l’émission Mosaïques de FR3 et conseiller artistique de l’émission islamique à partir de 1990. Il a été membre du Comité directeur du Parti Socialiste dont il a démissionné par refus de la « logique de guerre » contre l’Irak. Il connaît les questions de l’immigration et de l’intégration et a acquis de solides connaissances sur l’Islam. Le recteur a décidé de se passer de ses compétences et lui a préfèré un journaliste de France 24 qui a un général dans sa famille…

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