TRUMP, POUTINE, L’EUROPE,  ET LES AUTRES…


 Humiliation


Une image a circulé cette semaine sur les réseaux sociaux, montrant les dirigeants européens, assis en rang d’oignon, la tête baissée, dans l’attente d’être reçus par Trump. Cette image pose deux problèmes. Le premier, c’est qu’elle est fausse, et a été générée par IA, dans le but d’illustrer l’humiliation qu’auraient subie les européens lors du sommet Trump-Zelensky-Poutine à Washington,  face au tout-puissant Trump
La deuxième, c’est qu’il n’était pas nécessaire de créer artificiellement une image pour démontrer que les dirigeants européens étaient réduits, au mieux au rôle d’observateurs, au pire à celui de figurants. Les photos et les films, bien réels ceux-là, montrant Emmanuel Macron, Ursula Von Leyen, et les autres dirigeants européens écoutant sagement le président Trump assis à son bureau, ou encore cette étonnante « table ronde » au cours de laquelle Trump choisissait l’ordre dans lequel les intervenants étaient autorisés à s’exprimer pendant quelques minutes, suffisent à montrer le camouflet infligé à l’Europe par le président américain.
Comme lors de la précédente rencontre entre Trump et les chefs d’État azerbaïdjanais et arménien en vue d’établir la paix dans le Caucase, l’Europe est ouvertement exclue des négociations, alors que l’influence stratégique de celle-ci est martelée – en vain – par les leaders européens.
 
L’Europe : de la mouche du coche au dindon de la farce


Certes, à l’issue de la rencontre de Washington, Emmanuel Macron, qui cherche à se positionner comme la figure de proue de la diplomatie européenne, a appelé, à l’issue de la réunion, à la plus grande fermeté vis-à-vis de la Russie, convaincu sans doute que son opinion avait réellement le pouvoir de changer le cours de l’histoire.
Distribuant les bons et mauvais points, comme s’il avait autorité pour le faire, le président français a déclaré : « J’ai les plus grands doutes sur la volonté de paix de Vladimir Poutine », et demandé à Washington d’« augmenter les sanctions » contre Moscou si les négociations de paix sur l’Ukraine venaient à échouer.
Emmanuel Macron se voit également comme l’arbitre de la sécurité de l’Ukraine après les accords de paix. « J’ai pu revenir cet après-midi sur le contenu de ces garanties de sécurité qui sont une armée ukrainienne robuste, qui puisse résister à toute tentative d’attaque et qui la dissuade, et donc pas de limitations en nombre, en capacité, en armement », a-t-il déclaré à la presse au sortir de la conférence.
 
Donald Trump a parfaitement entendu la requête des Européens, et même au-delà de leurs espérances : Il apportera, le cas échéant un soutien aérien, mais en excluant tout envoi de soldats américains. Celle-ci est aimablement confiée aux Européens, puisqu’ils semblent s’être portés volontaires. « Ils sont prêts à envoyer des troupes sur le terrain », a assuré le président américain lors d’une interview accordée à Fox News.
En réalité, non seulement les Européens restent spectateurs de ce qui se passe en Ukraine, mais sont en quelque sorte les dindons de la farce. « Il a été acté aujourd’hui que nous allons travailler avec les États-Unis sur le contenu des garanties de sécurité et les coopérations que les uns et les autres sont prêts à apporter » a déclaré le président français. « Travailler », cela signifie en réalité acheter des armes aux américains pour les envoyer ensuite en Ukraine. C’est donc l’Europe qui va faire les frais de cette paix, au meilleur profit de l’économie américaine.
Donald Trump a en effet confirmé que les européens devraient acheter pour 100 milliards de dollars d’armes américaines pour les transférer ensuite à Kiev. Déjà, les européens ont dépensé, pour le soutien à l’Ukraine,  72 milliards d’euros pour la période 2022-2024, alors que les États-Unis ont en dépensé, pour la même période 57,4 milliards.
Par ailleurs, en bon commerçant qu’il est, ces armes déjà payés au prix fort, parfois quinze fois plus cher que le prix payé par l’armée américaine, seront taxées de10% supplémentaires qui serviront, selon le secrétaire au Trésor Scott Bessent, à financer la protection américaine de l’espace aérien de l’Ukraine.
Par ailleurs, la sécurité de l’Ukraine garantie par l’Europe devrait passer par un système similaire à l’article 5 de l’OTAN. Et il n’est pas certain que la Russie accepte un tel dispositif, ni la présence de soldats étrangers à ses frontières. Inversement, les Européens y réfléchiront à deux fois avant de risquer une confrontation directe avec les  Russes.
En définitive, ce sont Donald Trump et Vladimir Poutine qui continueront à tirer les ficelles du conflit ukrainien. Les négociations se font entre eux, sans que ni Volodymyr Zelenski ni les leaders européens n’aient leur mot à dire.


Les clés de l’accord de paix ne dépendent en effet que du bon vouloir des deux super-puissances.
En premier lieu, le casus belli initial : la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Celle-ci a été rejetée catégoriquement par le président américain.
L’autre question est celle des territoires. Selon le président français, la question des concessions territoriales éventuelles de l’Ukraine à l’égard de la Russie n’a pas « du tout » été abordée lors des discussions à la Maison-Blanche. Tout simplement parce qu’elle est du ressort exclusif des deux grandes puissances capables d’imposer leurs choix, et que par conséquent le problème ne sera pas discuté en présence des européens. Les négociations se poursuivent donc en ce moment entre les présidents américains et russe.
Finalement, les relations Europe-États-Unis semble revenues au point où elles étaient à l’époque d’Henry Kissinger qui se demandait, en 1970 : « L’Europe ? Quel numéro de téléphone ? »
 
Et pendant ce temps-là le nettoyage ethnique continue à Gaza…
 
Pendant que les Européens sont occupés à jouer les figurants en Ukraine et au Caucase, ils ne voient pas – ou si peu – ce qui se passe au Proche-Orient.
Alors que l’ONU vient de déclarer l’état de famine à Gaza, Netanyahu parle d’un « mensonge éhonté », et menace de détruire totalement Gaza. La fureur des Européens à l’égard de la Russie se transforme en murmures de protestation quand il s’agit d’Israël. On place en détention un directeur de parc de loisirs parce qu’il en a refusé l’entrée à un groupe d’israéliens, mais on laisse tranquillement Netanyahu refusée l’entrée à Gaza des aides humanitaires, et des journalistes. Aucune sanction européenne n’est appliquée à Israël pour le génocide des Palestiniens.
L’antisémitisme est instrumentalisé, manipulé, travesti par le gouvernement israélien, qui accuse notamment l’Australie d’antisémitisme pour avoir annoncé sa reconnaissance de l’État palestinien. Ce à quoi le ministre des Affaires intérieures australien Tony Burke a justement rétorqué : « La force ne se mesure pas au nombre de personnes que vous pouvez faire exploser ou d’enfants que vous pouvez laisser affamés ».
Mais le mouton européen continue à craindre de fâcher le lion israélien.
 Fin juin, au cours d’un déjeuner qui s’est déroulé dans la plus grande discrétion, téléphones portables éteints, les 27 dirigeants de l’UE ont examiné les huit pages d’un rapport énumérant les violations des droits de l’homme commises par Israël, notamment le blocus de l’aide humanitaire, les frappes militaires contre les hôpitaux et les déplacements forcés de la population palestinienne. Déjà, en mai, une majorité de 17 pays avait demandé la révision de l’accord conclu entre l’Union et Israël à propos de la guerre contre Gaza. Mais les dirigeants européens se sont finalement contentés de se déclarer, par la voix de leur représentant Kaja Kallas, « sensibles à la situation des Palestiniens » et de proposer simplement de « poursuivre les discussions sur le suivi, en tenant compte de l’évolution de la situation sur le terrain ».
L’intervention du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui a « défendu l’idée que l’UE doit suspendre l’accord d’association entre l’Europe et Israël, en tant que mesure proportionnelle à la catastrophe humanitaire (…) en Palestine », en ajoutant que  « d’un point de vue politique et moral, nous avons l’obligation, le devoir moral de sauver des vies à Gaza », n’a pas suffi à mobiliser les Européens, pas plus que les pressions exercées par l’Irlande et la Slovénie. Le irlandais Micheál Martin a déclaré à la fin du déjeuner que le « degré de carnage et de destruction » ainsi que « la mort et les blessures des enfants » à Gaza nécessitaient des réponses humanitaires et politiques « fortes » de la part de l’UE, et qu’il était « incompréhensible » que l’Europe ne parvienne pas à trouver un moyen de « faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à cette guerre à Gaza ».
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, appelait dans le même temps sur X à un « arrêt complet » de l’aide humanitaire à Gaza.
On rappelle que l’intervention israélienne à Gaza a fait jusqu’à présent plus de 56 000 morts et plus de 131 000 blessés parmi les Palestiniens, non pas seulement selon le Hamas, comme l’affirment certains medias européens, français notamment, mais l’ensemble des ONG présentes sur place.
Qu’est-ce qui donne à Benyamin Netanyahu, une telle immunité ? « C’est une bonne question », comme diraient les experts-en-tout qui fleurissent sur les plateaux de nos chaînes d’info continue…


Jean-Michel Brun

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