DÉVELOPPEMENT RAPIDE DU KARABAKH : BAKOU ET EREVAN TOUT PRÈS DE LA PAIX

Par Anastasia Lavrina
Présentatrice TV, analyste politique, chercheuse

La fin de la « zone grise » au Karabakh

Treize mois se sont écoulés depuis que les forces armées azerbaïdjanaises ont mené une opération antiterroriste d’une journée au Karabakh, aboutissant au rétablissement de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays. Pendant de nombreuses années, l’Arménie a maintenu une « zone grise » au Karabakh, universellement reconnu comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, plaçant sous occupation près de 20 % du pays voisin. Les forces pro-arméniennes ont invoqué le droit à l’autodétermination et l’existence de la « République du Haut-Karabakh » autoproclamée ; cependant, aucun État membre de l’ONU, y compris l’Arménie, ne l’a reconnue. Quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies de 1993 exigeant le retrait des troupes arméniennes des territoires occupés sont restées lettre morte. Le conflit a été résolu lors de la deuxième guerre du Karabakh à l’automne 2020, lorsque l’armée azerbaïdjanaise a libéré une partie importante de son territoire, y compris la ville stratégique de Choucha.

Le régime séparatiste autoproclamé de Khankendi (Rebaptisé « Stapanakert » par les séparatistes arméniens – du nom d’un militant bolchevik arménien – pendant l’occpation. NDLR) a continué d’exister jusqu’en septembre 2023, tentant de déstabiliser la paix fragile. Sous couvert d’aide humanitaire de l’Arménie, des armes et des munitions ont été introduites en contrebande au Karabakh. Les séparatistes ont utilisé le territoire à des fins politiques et criminelles, notamment pour établir des plantations de drogue et des activités minières illégales. Les Azerbaïdjanais de souche qui ont été contraints de quitter le Karabakh pendant la première guerre du Karabakh n’ont pas pu retourner dans leur pays d’origine pendant près de trois décennies.

Les événements des 19 et 20 septembre 2023 ont modifié le paysage géopolitique de la région : le régime séparatiste a annoncé son auto-liquidation. Les dirigeants des séparatistes, responsables de nombreux crimes sur un territoire étranger, ont été tenus pénalement responsables. Cet événement est devenu un élément important dans la formation du processus de paix dans la région.

La renaissance du Karabakh : des projets à grande échelle

Avec le retour des Azerbaïdjanais au Karabakh, la terre elle-même a repris vie. Le son des rires des enfants remplit les rues tandis que les familles, longtemps séparées de leur patrie, commencent à revenir dans leurs maisons nouvellement reconstruites. Les enfants vont de nouveau à l’école, tandis que les adultes se souviennent avec tendresse des moments perdus.

Pendant l’occupation, des dizaines de monuments architecturaux en Azerbaïdjan ont été détruits, notamment des mosquées, des églises albanaises et même des temples orthodoxes. Les forces d’occupation arméniennes ont rasé des villes entières. Aghdam a été surnommée « Hiroshima du Caucase » en raison de l’ampleur des dégâts. Depuis la restauration du contrôle sur ces régions, la renaissance du Karabakh est devenue une priorité de la politique de l’État azerbaïdjanais.

Le gouvernement reconnaît l’importance du développement des infrastructures régionales et de la mise en œuvre du programme « Grand retour » pour les personnes déplacées. De nombreux projets de transport pourraient faire partie du projet « corridor central », reliant l’Asie centrale à l’Europe via l’Azerbaïdjan, la Turquie et éventuellement l’Arménie, si cette dernière respecte ses engagements concernant l’ouverture du corridor du Zanguezour. Jusqu’à présent, 19 milliards de manats ont été alloués à la restauration des régions, et les projections suggèrent que les dépenses dépasseront 14 milliards de manats entre 2025 et 2028.

Des monuments culturels et religieux sont en cours de reconstruction au Karabakh et dans l’est du Zanguezour. Par exemple, la récente restauration de l’église historique Gazanchi à Choucha a été achevée. Après l’occupation de la ville en 1992, le dôme de l’église a été retiré et ses clochers ont été dépouillés de leurs caractéristiques traditionnelles, remplacées par celles de l’église arménienne. Les Arméniens ont modifié le dôme rond traditionnel en une forme conique, la rebaptisant Église apostolique arménienne. L’Azerbaïdjan a restauré le bâtiment dans son aspect d’origine.

En outre, Bakou investit dans le développement de sources d’énergie renouvelables au Karabakh et dans l’est du Zanguezour. A Zangilan, un « village intelligent » appelé Aghaly a été construit, où d’anciens déplacés sont déjà rentrés. La transformation des territoires libérés en une zone d’énergie propre devient un objectif clé des plans ambitieux du gouvernement pour le développement d’énergies alternatives. Par décret présidentiel, toute la région du Karabakh a été désignée zone d’énergie verte, et des discussions sont déjà en cours concernant l’exportation d’électricité produite à partir de sources renouvelables, marquant le début d’une nouvelle ère dans la stratégie énergétique de l’Azerbaïdjan.

L’Azerbaïdjan se prépare pour la COP29 : la diaspora arménienne au centre des préoccupations

Du 11 au 22 novembre, l’Azerbaïdjan accueillera l’une des conférences climatiques les plus importantes – la COP29. Cet événement servira de moment charnière pour la coopération mondiale dans la lutte contre le changement climatique, l’établissement de nouveaux engagements, le soutien aux nations vulnérables et la sensibilisation du public à l’importance du développement durable.

Il convient de noter que l’Arménie a retiré sa candidature à l’organisation de la COP29 en faveur de l’Azerbaïdjan, qui a invité tous les pays, y compris l’Arménie, à participer à la conférence. De nombreux pays voient là un signe positif en vue de parvenir à un accord de paix tant attendu entre les deux pays. Cependant, cette position n’est pas universellement soutenue, notamment au sein de la diaspora arménienne des pays occidentaux, qui s’oppose à la paix dans le Caucase du Sud. Une tendance négative à l’encontre de l’Azerbaïdjan est évidente sur les réseaux sociaux et dans certains médias occidentaux, souvent avec une connotation politique. Par exemple, le Washington Post a publié des accusations contre l’Azerbaïdjan à l’approche de la COP29. L’Azerbaïdjan, qui a libéré ses territoires de l’occupation étrangère, mis fin au séparatisme illégal et investi des milliards dans des projets mondiaux tout en étant le premier à proposer un accord de paix avec l’Arménie, est accusé de « s’être emparé du Haut-Karabakh et d’avoir expulsé la population arménienne de leurs foyers ». Ces accusations reflètent un mépris éhonté de la vérité, fortement influencé par les intérêts financiers de la diaspora arménienne.

Comment l’Azerbaïdjan va-t-il réagir ? Avec dignité. Le pays a préparé tout le nécessaire pour un événement climatique de grande envergure. Des dizaines de milliers d’invités, dont des experts et des responsables gouvernementaux, se réuniront bientôt à Bakou. En fin de compte, ce qui compte, c’est le point de vue des pays de la région, car l’accord de paix ne nécessitera que deux signatures – celle de l’Azerbaïdjan et celle de l’Arménie.

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